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MINES, Antiquité gréco-romaine

L'art des mines

À l'art des mines, dont le but est de tirer des gîtes métallifères les minerais convoités, succèdent obligatoirement les processus métallurgiques, grâce auxquels les métaux sont extraits des minerais.

Dans l'art des mines, les techniques d'exploitation superficielle, utilisées en particulier pour la mise en valeur des dépôts alluviaux, se distinguent de celles qui sont mises en œuvre dans les mines souterraines.

Les techniques minières souterraines

Bien des méthodes utilisées dans les mines préhistoriques subsistent aux époques classiques. Mais les façons de considérer les gisements, la nature de l'outillage et, à l'époque romaine, les débuts de la mécanisation des mines vont faire évoluer considérablement les techniques et accroître leur efficacité.

Prospection

Les techniques de prospection sont faites d'une somme de constatations empiriques reposant sur l'observation. Pline en a recensé certaines dans les livres XXXIII et XXXIV de son Histoire naturelle : présence du fer signalée par la couleur rouille des affleurements, de la cassitérite (minerai d'étain) par le poids et la couleur noire des graviers, de l'or par son éclat dans les sables des rivières ; relation des roches encaissantes, des contacts, des failles avec la minéralisation ; conscience qu'un filon est rarement isolé, d'où l'étymologie de metalla rapportée par le Naturaliste (Histoire naturelle, XXXIII, 96) : un filon suivant l'autre (met' alla). Enfin, sous-jacent dans les passages que Strabon ou Pline consacrent aux metalla, le précepte selon lequel les mines sont dans les montagnes ne peut lui aussi que résulter de la pratique du terrain. Désormais s'ajoutent à ces signes les « vieux travaux » datant de l'Âge du bronze ou d'autres périodes, dont les traces constituaient d'excellents guides pour les prospecteurs romains. Ces derniers ont été efficaces : dans la Sierra Morena, par exemple, rares sont les filons affleurants qui leur ont échappé.

Les mineurs ont aussi appris à apprécier l'allure et la spécificité des gîtes métallifères : des filons minéralisés en sulfures divers (galène, chalcopyrite), qui s'enfoncent avec plus ou moins d'inclinaison (pendage) dans le sol, aux gîtes stratiformes d'origine sédimentaire, en général horizontaux ou subhorizontaux, sans oublier les amas alluviaux, qui, pour l'étain et pour l'or, ont constitué à l'époque romaine des gisements privilégiés.

On a longtemps continué à pénétrer dans les gîtes métallifères par les affleurements, d'où les tranchées flanquées de déblais qui caractérisent aussi bien les aurières gauloises du Limousin que les mines romaines de cuivre ou de plomb-argent de la Sierra Morena. En revanche, l'exploitation des minerais de fer présents dans les affleurements des filons sulfurés (« chapeaux de fer » minéralisés en oxydes de fer provenant de l'altération superficielle des sulfures) ou dans des couches sédimentaires (pisolites) n'a pas nécessité des travaux aussi profonds que l'exploitation des sulfures de plomb ou de cuivre : elle est toujours restée en surface ou proche de la surface.

Au Laurion, l'observation des roches (calcaire et schiste) au contact desquelles se trouvaient les minéralisations stratiformes (trois contacts horizontaux superposés) a conduit les mineurs, peut-être au début du ve siècle, à la découverte du troisième contact, totalement invisible, mais le plus riche, pour l'exploitation duquel de nombreux puits verticaux, profonds parfois de plus de 100 mètres, ont été creusés. Cette découverte constitue un miracle d'intuition et de raisonnement, dont on s'étonne aujourd'hui encore à juste titre. On retrouve la même technique dans les mines romaines de la sierra de Carthagène, mais ici les mineurs étaient davantage[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite d'archéologie, université de Toulouse-Le Mirail

Classification

Pour citer cet article

Claude DOMERGUE. MINES, Antiquité gréco-romaine [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Monde gréco-romain, géographie minière - crédits : Encyclopædia Universalis France

Monde gréco-romain, géographie minière

Autres références

  • LAURION MINES DU

    • Écrit par André DAUBARD
    • 218 mots

    Le Laurion est une région montagneuse du sud-est de l'Attique, célèbre dans l'Antiquité pour ses mines de plomb argentifère. L'exploitation remonte, peut-être, aux alentours de ~ 1000.

    En ~ 483, les Athéniens utilisèrent le filon pour financer la construction d'une grande flotte...

Voir aussi