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STAËL GERMAINE DE (1766-1817)

Portrait de Madame de Staël, F. Gérard - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Madame de Staël, F. Gérard

Germaine de Staël est une des grandes figures littéraires de la période dite préromantique. Son œuvre, dont l'importance fut largement reconnue par ses contemporains, influença plusieurs générations. Puis la valeur et la nouveauté des ouvrages critiques et politiques s'estompèrent ; le style des romans vieillit. La haine de Napoléon, les passions politiques ont fait leur œuvre : il demeure de l'histoire étrange de cette femme qui joua un rôle indéniable en ces temps bouleversés un portrait stéréotypé. Les recherches sur elle et ses amis du Groupe de Coppet vont s'amplifiant depuis les années 1960 et empruntent des voies tout à fait nouvelles.

L'héritage des Lumières

Germaine Necker, baronne de Staël, est la fille du célèbre banquier genevois Necker, dernier grand ministre de Louis XVI. Sa mère tint à Paris l'ultime salon littéraire du siècle ; née dans cette ville, la jeune fille grandit en conversant avec les derniers Encyclopédistes, avec les célébrités littéraires, avec les représentants de l'aristocratie et de la politique. Protestante, elle épouse en 1786 le baron de Staël-Holstein, ambassadeur de Suède, mariage mal assorti qui jettera Mme de Staël à la poursuite d'un insaisissable bonheur : Narbonne, Ribbing, Barante et d'autres, Rocca, le mari de la dernière heure, jalonnent cette vie douloureuse, et Benjamin Constant, le plus longuement aimé, saura le mieux lui infliger la torture de l'impossible union.

En 1788, elle publie son premier ouvrage, des Lettres sur J.-J. Rousseau, vibrant éloge du philosophe, où se dessine une attitude critique nouvelle : on ne juge plus d'après des critères extérieurs à l'œuvre et au lecteur, mais par la sympathie, en un double mouvement d'identification et de distanciation.

Le salon de Germaine de Staël devient un centre de la vie parisienne et se politise à mesure qu'approchent les années décisives. Elle se jette avec passion dans la politique. Toute sa vie elle tentera de faire triompher la démocratie dont l'Angleterre offre le modèle. Mais, en août 1792, le groupe libéral dont elle est l'âme est vaincu ; elle se réfugie en Suisse et retourne à la littérature. Elle publie, en 1795, un recueil de nouvelles, précédé d'un Essai sur les fictions que traduira Gœthe. En 1796, paraît De l'influence des passions sur le bonheur, étude pessimiste des souffrances que les passions engendrent ; seule consolation : l'étude qui fait progresser la pensée.

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, conservateur à la Bibliothèque nationale de France, Paris

Classification

Pour citer cet article

Simone BALAYÉ. STAËL GERMAINE DE (1766-1817) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Portrait de Madame de Staël, F. Gérard - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Madame de Staël, F. Gérard

Autres références

  • DE L'ALLEMAGNE, Madame de Staël - Fiche de lecture

    • Écrit par Anouchka VASAK
    • 968 mots
    • 1 média

    La rencontre de Germaine de Staël (1766-1817) avec l'Allemagne est autant le fruit d'un choix esthétique que de circonstances politiques. Ce choix esthétique, elle le formule ainsi dès 1802 : « L'esprit humain qui semble voyager d'un pays à l'autre est à présent en Allemagne. » Mais l'Allemagne est...

  • GERMAINE DE STAËL, DEUX CENTS ANS APRÈS

    • Écrit par Laura BROCCARDO
    • 1 404 mots

    L’année 2017 commémore le bicentenaire de la mort de Germaine de Staël. Le dynamisme de la recherche est soutenu par la Société des études staëliennes, fondée en 1929 et présidée depuis 2015 par Stéphanie Genand, et par sa revue scientifique, les Cahiers staëliens. Le numéro commémoratif...

  • ROMANTISME

    • Écrit par Henri PEYRE, Henri ZERNER
    • 22 170 mots
    • 24 médias
    ...opposa le terme à « classique », et A. W. von Schlegel fit de même à propos de la Phèdre d'Euripide préférée à celle de Racine (1807). Mme de Staël assimila dans De l'Allemagne(1810) la poésie romantique à celle « qui tient de quelque manière aux traditions chevaleresques » et elle compliqua...
  • CONSTANT BENJAMIN (1767-1830)

    • Écrit par Étienne HOFMANN
    • 2 073 mots
    • 1 média

    Appartenant par sa formation à l'époque des Lumières, par sa carrière au xixe siècle, Benjamin Constant est l'un des représentants les plus illustres et les plus controversés de cette période charnière. Témoin privilégié des bouleversements révolutionnaires, il tenta très tôt de les inscrire...

  • FOYERS DE CULTURE

    • Écrit par Gilbert GADOFFRE
    • 9 695 mots
    • 5 médias
    ...plus de cour, plus de salons, plus d'Église. Comment l'âme pourrait-elle survivre au corps ? C'est une réflexion sur cet état de fait qui a inspiré à Mme de Staël un livre perspicace : De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (Paris, 1800). Dans ces pages écrites...
  • FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIIIe s.

    • Écrit par Pierre FRANTZ
    • 7 583 mots
    • 5 médias
    ...désignait au xviiie siècle des écrits d’érudition critique, jusqu’à ce que Louis Sébastien Mercier (De la littérature et des littérateurs) et Germaine de Staël (De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions) lui donnent une acception qui se rapproche de ce que nous...
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Voir aussi