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MACÉDOINE ANTIQUE

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Archéologie et arts

Limites de la Macédoine à la fin du V<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Limites de la Macédoine à la fin du Ve siècle

Les discours enflammés de Démosthène contre Philippe II, les récits de l'expédition d'Alexandre en Asie et de la lutte entre Rome et la dynastie des Antigonides ont été longtemps les seules sources de notre connaissance de la Macédoine antique. Elle était donc très insuffisante, ces textes n'éclairant que la seconde moitié de l'histoire de cette région, dont le rapport exact avec l'hellénisme des cités restait controversé. Les recherches archéologiques menées depuis les années 1950 sont en passe de combler cette lacune : leurs résultats, parfois sensationnels, non seulement éclairent le rôle de la région dans la civilisation grecque et la saveur particulière de l'hellénisme qui s'y développe, mais aussi révèlent année après année des œuvres d'art majeures qui renouvellent en partie l'histoire de l'art grec.

Après la première exploration de la région menée par Léon Heuzey et Henri Daumet, au milieu du xixe siècle, des circonstances historiques constamment défavorables – l'occupation turque et la résistance qu'elle a suscitée jusqu'en 1912 ; la Première Guerre mondiale, avec le front d'Orient, de 1916 à 1918 ; l'expulsion des Turcs et la difficile installation des réfugiés grecs d'Asie Mineure après 1922 ; la Seconde Guerre mondiale (1941-1944), immédiatement suivie de la guerre civile (1946-1949) – ont entravé pendant un siècle les recherches archéologiques. La pacification politique de la région, sa prospérité économique croissante, la constitution d'équipes dynamiques autour de personnalités d'envergure à l'Université (Manolis Andronicos, Georges Despinis) et au musée d'Archéologie (Julia Vocotopoulou) de Salonique ont imprimé depuis vingt ans un rythme très vif aux recherches archéologiques ; elles font désormais l'objet d'un colloque annuel dont les actes présentent les premiers résultats.

La Macédoine avant Philippe II

La fouille de la grotte de Pétralona, en Chalcidique, a révélé que l'espèce humaine était présente en Macédoine dès l'époque paléolithique (— 50 000 ans). À l'époque néolithique (depuis 6000 av. J.-C.), divers sites attestent maintenant les rapports de la région avec la grande civilisation de Thessalie (Néa Nicomédia, Servia), mais aussi avec celle de l'est des Balkans (Dikili Tash).

Les peuplades indo-européennes venues d'Asie centrale commencent à se fixer en Macédoine, comme dans le reste de la Grèce, vers 2000 avant J.-C. ; elles y présentent un faciès culturel très proche de celui de la civilisation mycénienne, comme viennent de le révéler des trouvailles encore ponctuelles dans le centre et le sud de la région (Haghios Dimitrios de Piérie, près d'Aianè).

La grande nécropole étudiée par M. Andronicos à Verghina, montre que ce site, qui sera la première capitale du royaume macédonien sous la dynastie des Argéades, est très important dès le xe siècle : sur plus de 100 hectares, plus de trois cents tumulus ont été fouillés. La plupart ont un diamètre de 15 à 20 mètres et une hauteur qui dépasse rarement 1 mètre ; les plus anciens forment des groupes de trois à huit tumulus qui doivent correspondre à une organisation par clans. Chaque tumulus comprend un nombre variable de tombes (de 4 à 15) ; les morts, sans doute de la même famille, sont enterrés à même le sol ; les femmes y sont beaucoup plus nombreuses que les hommes ; ceux-ci ont des armes en fer, celles-là des parures en bronze, notamment de grandes fibules en spirales, ce qui suppose une robe drapée et non cousue, c'est-à-dire un vêtement grec. Les vases rituellement posés à la tête et aux pieds du défunt confirment cette identité de culture : la plupart présentent les cercles concentriques du style protogéométrique grec.

Un autre[...]

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Écrit par

  • : ancien membre de l'École française d'Athènes, professeur émérite d'archéologie grecque à l'université de Paris-X-Nanterre
  • : professeur au Centre universitaire de Vincennes

Classification

Pour citer cet article

Bernard HOLTZMANN et Claude MOSSÉ. MACÉDOINE ANTIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 23/02/2015

Médias

Statère en or de Philippe de Macédoine - crédits :  Bridgeman Images

Statère en or de Philippe de Macédoine

Alexandre le Grand - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Alexandre le Grand

Macédoine antique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Macédoine antique

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par , , , , , , et
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    Alexandre de Macédoine (356-323 av. J.-C.) envahit l'Afghanistan. Après avoir détruit les armées de Darius III, dernier des Achéménides, il entra en Afghanistan par Aria, à la poursuite de Bessus, satrape de Bactriane, qui s'était proclamé empereur et successeur légal de Darius. Le conquérant...
  • ALEXANDRE LE GRAND (356-323 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 6 470 mots
    • 5 médias
    Rappelons que la Macédoine existe avant Alexandre, qui hérita d'un royaume unifié et agrandi par son père Philippe, de même qu'il hérita d'une armée entraînée et d'une flotte de guerre. Le roi des Macédoniens ajoutait en effet aux ressources nationales l'appoint militaire d'alliés ou de sujets, comme...
  • ANTIGONOS MONOPHTALMOS (env. 382-301 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 523 mots

    Monarque hellénistique, né en Macédoine d'une famille princière, Antigonos Monophthalmos (Antigone le Cyclope, ou le Borgne) participe aux campagnes de Philippe II. Au début de la conquête d'Alexandre, il est nommé satrape de Phrygie (~ 333). Au partage de Babylone (~ 323), on...

  • ANTIPATROS ou ANTIPATER (400-319 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 863 mots

    Type du « vieux serviteur fidèle », Antipatros fut sans doute celui sans qui la Macédoine n'aurait jamais accédé au rang de grande puissance, puis d'empire.

    Né vers 400 avant J.-C., il fut en effet l'alter ego de Philippe II qui appréciait en lui peut-être moins le chef militaire que...

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