Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HALLÉVI JUDA (1075 env.-1141)

L'union avec Dieu

La philosophie et les religions aspirent toutes à rapprocher l'homme de Dieu. Pourtant on ne s'attache à Dieu que grâce aux moyens révélés par Dieu lui-même : les préceptes de la loi mosaïque correctement interprétés par la chaîne ininterrompue des docteurs qui se sont succédé depuis Moïse. À l'intérieur même du judaïsme, la secte des Karaïtes, qui préconise la libre exégèse personnelle de la Bible, se morcelle en une multiplicité de groupes et compromet l'efficacité d'un système de règles destiné à faire descendre sur l'homme l'influx divin. La philosophie vénère la Cause première ; mais il ne s'agit là que d'une simple politesse qui ne coûte rien. Le christianisme et l'islam ont voulu imiter le judaïsme ; ils n'en sont que des contrefaçons. Ils raillent l'humiliation et les souffrances des juifs sans s'apercevoir qu'ils exaltent chez le fondateur de leur religion et ses premiers disciples cette humiliation et ces souffrances. Ils prétendent que l'homme est sauvé par la prononciation d'une formule, un credo, qui le hisse du rang des animaux à celui des êtres immortels, que le sujet comprenne ou non ce qu'il dit. Pour le juif, le service de Dieu est un engagement total qui exige des actions pénibles et de grands sacrifices, mais qui lui procure dès ici-bas cette félicité que les autres religions promettent à leurs fidèles dans l'autre monde. Cependant, en dépit des appréciations sévères que Juda Hallévi porte sur le christianisme et l'islam, il n'en pense pas moins qu'ils contribuent à préparer l'avènement du Messie.

Le jugement qui résumerait le mieux la réaction courante des juifs à l'égard de Juda Hallévi semble bien être celui d'un rabbin italien du xvie siècle : « Maïmonide est moitié vérité et moitié erreur ; Juda Hallévi est tout entier vérité. »

— Charles TOUATI

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en théologie, docteur en histoire de la philosophie, docteur d'État ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Charles TOUATI. HALLÉVI JUDA (1075 env.-1141) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • APOLOGÉTIQUE

    • Écrit par Bernard DUPUY
    • 3 535 mots
    Il y eut bientôt une réaction. Dans le Kuzari (1140), Judah Halevi imagina un dialogue entre un chrétien, un musulman et un rabbin en présence du roi des Khazars, qui finit par se convertir au judaïsme ; il fit une critique sévère de la philosophie du kalam et attacha la certitude non pas à la démarche...
  • JUDAÏSME - La religion juive

    • Écrit par Georges VAJDA
    • 6 519 mots
    • 1 média
    Mais ce processus intellectualiste qui se rendait dangereux aux yeux des croyants traditionalistes fut stoppé ; Juda Hallévi (mort vers 1140) le critiqua très durement, en montrant la spécificité de l'expérience religieuse et la situation unique du judaïsme face à la philosophie et face aux religions...
  • TŌRAH

    • Écrit par Roland GOETSCHEL
    • 2 852 mots
    • 3 médias
    ...intellectualiste juif, à Lévi Ibn Gerson, par exemple. Elles se heurtent, cependant, à l'opposition du courant fidéiste dont la plus belle figure fut Juda Hallévi (1085-1140). Pour celui-ci, la Tōrah ne saurait être une sorte de redondance des vérités métaphysiques formulées par les philosophes. La...

Voir aussi