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HÉRALDIQUE

L'héraldique traditionnelle

Le mot « héraldique » fut longtemps un adjectif avant de devenir, vers le milieu du xixe siècle, un substantif. Le terme est dérivé du mot héraut. À l'origine, le héraut est un fonctionnaire au service d'un prince ou d'un seigneur : il a pour fonction de porter les messages, de déclarer les guerres, d'annoncer les tournois. Peu à peu, il se spécialise dans ce dernier domaine et lors des tournois, un peu à la manière de nos reporters sportifs, il décrit pour les spectateurs les principaux faits d'armes des participants. Cela le conduit à approfondir ses connaissances en matière d'armoiries, car il n'y a que celles-ci qui permettent de distinguer les différents tournoyeurs, rendus méconnaissables par leur équipement militaire. Aux xive et xve siècles, les hérauts sont ainsi devenus de véritables spécialistes en armoiries : ils en codifient définitivement les règles et le dessin ; ils parcourent l'Occident afin de les recenser ; ils élaborent des recueils qui leur servent d'aide-mémoire et où ils peignent toutes celles qu'ils ont rencontrées. Ces recueils, auxquels on donne le nom d'armoriaux, comptent parmi les plus beaux manuscrits que le Moyen Âge nous ait laissés. Sur le mot héraut, on forme donc, au xve siècle, l'adjectif héraldique, qualifiant tout ce dont s'occupent les hérauts, principalement les armoiries.

Une armoirie révèle deux aspects de la personne qui en fait l'usage : son identité et sa personnalité. C'est à l'identité que s'intéresse l'héraldique traditionnelle et c'est sur elle que repose toute l'aide que cette science a jusqu'à présent apportée aux historiens et aux archéologues. Nous allons en parler brièvement. Mais, comme nous le montrerons ensuite, c'est surtout la personnalité qui devrait attirer les études à venir et faire définitivement sortir l'héraldique du cadre étroit de l'histoire généalogique et nobiliaire.

Code social, le blason, par le jeu de ses règles de composition, situe l'individu dans un groupe et ce groupe dans la société. Qui sait déchiffrer des armoiries peut souvent y lire la place d'un personnage au sein d'une famille, ses alliances matrimoniales, ses fonctions et son statut social ou professionnel ; il peut aussi y lire, parfois, la position d'une famille au sein d'un lignage, ses origines, l'histoire de ses alliances et de ses parentés, les rapports des différents lignages entre eux, l'histoire des fiefs, des principautés, des royaumes, des États. En effet, au sein d'une même famille, un seul individu (du moins en théorie), l'aîné de la branche aînée, porte les armes familiales pleines, c'est-à-dire entières. Les autres, tous les autres (par exemple les fils du vivant du père, ou bien les puînés du vivant de l'aîné) n'y ont pas droit et doivent introduire dans l'écu une légère modification. Cette modification s'appelle une brisure. Ce peut être un changement de couleur, l'addition ou la suppression d'une petite figure, un changement de disposition, etc. Les armoiries se transmettant héréditairement, il peut arriver après plusieurs générations et brisures successives que les armes des branches cadettes ne ressemblent plus guère aux armes de la branche aînée. Parfois, au contraire, c'est la ressemblance entre les armoiries de deux familles apparemment non parentes qui permet de reconnaître qu'elles sont issues d'un ancêtre commun. En outre, de son vivant, un individu peut faire subir à ses armoiries familiales, héritées de son père, un certain nombre d'autres modifications. Il peut, par exemple, associer à ses armes paternelles celles de sa mère si celles-ci lui semblent particulièrement honorifiques. Il peut également combiner ses armes familiales avec les armes d'un [...]

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Écrit par

  • : archiviste paléographe, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Michel PASTOUREAU. HÉRALDIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABEILLES IMPÉRIALES

    • Écrit par Hervé PINOTEAU
    • 433 mots

    Mouches et cigales font partie du mobilier funéraire mérovingien ; dans la civilisation de la steppe, la cigale est symbole de résurrection du fait de ses métamorphoses et, selon Édouard Salin : « La cigale mérovingienne évoque l'idée d'immortalité et elle est, plus ou moins indirectement, un...

  • AIGLE IMPÉRIALE

    • Écrit par Hervé PINOTEAU
    • 542 mots

    Oiseau de Zeus puis de Jupiter, patron de Rome, l'aigle fut employé par les Barbares qui le considéraient comme le symbole de l'Être suprême (Édouard Salin). Des indices prouvent que Charlemagne l'employa au sommet du mât de ses navires (denier de Quentovic, après 804) et en mit...

  • ARMES, héraldique

    • Écrit par Hervé PINOTEAU
    • 1 012 mots

    Le droit aux armes (composition dans un écu) et aux armoiries (l'écu plus ses ornements extérieurs) s'est progressivement dégagé au cours des siècles dans les diverses nations de l'Occident chrétien, mais de façon, parfois assez dissemblables. Prises par les chevaliers qui les arboraient sur écus...

  • ARMORIAL

    • Écrit par Hervé PINOTEAU
    • 725 mots

    Collection d'armes (composition dans un écu) ou d'armoiries (l'écu et ses ornements extérieurs), l'armorial est composé de descriptions ou de représentations ou encore des deux à la fois, avec l'avantage de préciser des détails ou des figures difficiles, mais avec la possibilité de disparités entre...

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Voir aussi