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ABEILLES IMPÉRIALES

Mouches et cigales font partie du mobilier funéraire mérovingien ; dans la civilisation de la steppe, la cigale est symbole de résurrection du fait de ses métamorphoses et, selon Édouard Salin : « La cigale mérovingienne évoque l'idée d'immortalité et elle est, plus ou moins indirectement, un héritage de traditions venues d'Extrême-Orient et apportées par le monde des steppes. » Lors de la découverte de la tombe du roi Childéric Ier (mort en 481) à Tournai, en 1653, on trouva de nombreux bijoux d'or, ornés de grenats, que l'on baptisa « abeilles ». Ce trésor fut donné à l'archiduc gouverneur des Pays-Bas qui l'emporta à Vienne. En 1665, sur la demande de l'électeur-archevêque de Mayence, l'empereur Léopold Ier en fit cadeau à Louis XIV, successeur de Clovis et de son père Childéric Ier ; les épaves de ces objets précieux (beaucoup furent volés et fondus) figurent encore au cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale (Paris). Un érudit du nom de Jean-Jacques Chifflet pensa que l'abeille de Childéric était à l'origine de la fleur de lis, qui en serait dérivée graphiquement, thèse insoutenable mais qui s'imposa en partie (Anastasis Childerici I..., Anvers, 1655 ; Lilium francicum veritate historica..., Anvers, 1658). Louis XII avait utilisé une ruche bourdonnante comme corps de sa devise, mais la Convention nationale repoussa cet emblème pour la République, les abeilles ayant une reine. Dans son désir de remonter aux sources carolingiennes et même mérovingiennes et de « sauter » ainsi par-dessus les Capétiens, Napoléon Ier cherche de nouveaux symboles en 1804. Le Conseil d'État entend Cambacérès et Lacuée proposer les abeilles, « une république qui a un chef », ayant un aiguillon mais produisant du miel, emblème de travail pour Ségur. L'équipe qui crée les armoiries impériales autour de Vivant Denon sème des abeilles d'or de style mérovingien sur le manteau impérial de pourpre ; mais, le dessin ayant un aspect trop archaïque, on préfère l'abandonner au bout de quelques semaines ; une abeille aux ailes bien détachées est adoptée et c'est elle que l'on voit sur les vêtements de l'empereur, de l'impératrice ainsi que sur les tentures de Notre-Dame pour le sacre, remplaçant l'antique semé de fleurs de lis. L'abeille figure dans la symbolique d'État française de 1804 à 1814, durant les Cent-Jours et enfin sous Napoléon III (1852-1870).

— Hervé PINOTEAU

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Écrit par

  • : vice-président de l'Académie internationale d'héraldique

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Pour citer cet article

Hervé PINOTEAU. ABEILLES IMPÉRIALES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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