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HOFFMANN ERNST THEODOR AMADEUS (1776-1822)

Le musicien

L'activité musicale de Hoffmann, compositeur et critique musical qui s'était adjugé le prénom d'Amadeus en hommage à Mozart, mérite mieux qu'une mention courante en marge de sa création littéraire. Exceptionnellement doué pour les arts, il accepte, en 1808, après des études de droit, une situation de chef d'orchestre au Théâtre national de Bamberg, et y reste avec des fortunes diverses jusqu'en 1813 : c'est de ces années que datent la plupart de ses compositions les plus intéressantes. Il est ensuite chef de l'orchestre de la troupe Seconda à Leipzig et à Dresde (1813-1814). Ayant repris sa première profession, il est nommé juge à la cour d'appel puis membre du Conseil supérieur d'appel à Berlin.

Son œuvre la plus marquante est, sans aucun doute l'opéra féérique Undine (1813-1814), dont la première représentation au Théâtre royal de Berlin le 3 août 1816, soit cinq ans avant celle du Freischütz de Weber, est à la fois un sommet de son existence et une date importante du romantisme musical naissant. Comme auteur de « nouvelles musicales », il n'a jamais été surpassé : il faut citer, en tout cas, Le Chevalier Gluck (Ritter Gluck, 1809) et Don Juan (1813), et surtout le personnage du maître de chapelle (guetté par la folie), Kreisler, sorte d'autoportrait destiné à devenir la figure principale du roman Le Chat Murr (1819-1822). Quant à ses critiques, parues ou non dans l'Allgemeine musikalische Zeitung, elles restent exemplaires, en particulier celles consacrées à Beethoven (Cinquième Symphonie, Trios, op. 70) et réunies plus tard sous le titre La Musique instrumentale de Beethoven (Beethovens Instrumentalmusik, 1813). Il s'agit des premiers textes fondamentaux sur ce compositeur (qui en eut lui-même connaissance, mais seulement plusieurs années après). Le terme « romantisme », souvent utilisé par Hoffmann, inclut également pour lui Mozart, et même Haydn, en raison notamment du rôle joué par chacun d'eux dans l'émancipation de la musique instrumentale : ce qui ne l'empêche pas d'aimer passionnément l'opéra, en particulier Don Giovanni. Représentant éminent du courant « fantastique » du début du xixe siècle, il inspirera dans les décennies ultérieures plus d'un artiste, non seulement Offenbach et ses Contes d'Hoffmann, mais aussi et surtout Schumann et ses Kreisleriana, ainsi qu'une bonne partie de l'œuvre de Gustav Mahler.

— Marc VIGNAL

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Pour citer cet article

Michel-François DEMET et Marc VIGNAL. HOFFMANN ERNST THEODOR AMADEUS (1776-1822) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LE CHAT MURR, Ernst Theodor Amadeus Hoffmann - Fiche de lecture

    • Écrit par Christian HELMREICH
    • 869 mots

    Lorsque paraît le second volume du Chat Murr, en décembre 1821, E. T. A. Hoffmann n'a plus que quelques mois à vivre : la maladie l'emporte le 25 juin 1822, avant qu'il ait pu commencer la rédaction du troisième et dernier volume du roman. Cette fin abrupte contraste avec l'extrême vitalité d'un auteur...

  • CLASSIQUE MUSIQUE DITE

    • Écrit par Marc VIGNAL
    • 923 mots
    • 4 médias

    L'expression « musique classique » recouvre, selon les cas, des réalités fort diverses. La musique « classique » peut s'opposer à la musique dite populaire, légère ou de variété, et comprend alors toute la musique savante (ou sérieuse) européenne, des prédécesseurs de Pérotin aux...

  • DON JUAN

    • Écrit par Michel BERVEILLER
    • 5 639 mots
    La plus directement issue de cet opéra est la « fantaisie » du même nom publiée en 1813 par le conteur allemand E.T.A. Hoffmann. Celui-ci, musicien lui-même, a prétendu recevoir de la seule musique le message intime de don Juan. Rêve éveillé d'un spectateur remué en ses tréfonds par les accents...
  • POLICIER ROMAN

    • Écrit par Claude MESPLÈDE, Jean TULARD
    • 16 394 mots
    • 14 médias
    .... Ce Britannique signa, à partir de 1827, une œuvre en quatre parties, De l’assassinat considéré comme un des Beaux Arts, qu’il acheva en 1854. Mademoiselle de Scudéry, un récit criminel publié en 1818 par E.T.A. Hoffmann, se déroule en 1860 dans un Paris où les crimes d’un tueur en série affolent...

Voir aussi