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ALBIGEOIS (CROISADE CONTRE LES)

Les derniers soubresauts hérétiques. Montségur (1230-1244)

Inquisition - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Inquisition

À partir de 1229, la lutte de l'Église contre les hérétiques prit la forme de l' Inquisition, organisée par le pape Grégoire IX en 1233 et confiée aux ordres mendiants – et surtout aux dominicains. Elle se heurta à une résistance clandestine. Il y eut pourtant des violences dans les villes, à Narbonne (1233-1235), à Cordes (1233), à Albi (1234), et surtout à Toulouse d'où les dominicains furent expulsés en novembre 1235. Les victoires de Saint Louis sur les Anglais à Taillebourg et à Saintes persuadèrent le comte, qui avait repris la lutte, de faire la paix avec le roi (1242). Désormais et jusqu'à sa mort, il lui resta soumis et persécuta à son tour les hérétiques.

Un millier de cathares s'étaient réfugiés dans le château de Montségur, vaste forteresse sur un piton dans le comté de Foix. Montségur résista près d'un an, du 13 mai 1243 au 14 mars 1244. Les deux cents hommes et femmes qui y étaient restés et qui refusèrent d'abjurer le catharisme furent brûlés le 16 mars 1244. Cet épisode militaire local marque traditionnellement la fin de la résistance armée des cathares. Une auréole légendaire continue d'entourer cet épilogue héroïque et tragique de la croisade contre les albigeois.

La croisade contre les albigeois soulève interrogations et passions. Les origines de la croisade, les caractères de la lutte et la personnalité de certains protagonistes – Raimond VI surtout – les raisons de la défaite finale des Méridionaux, l'importance des conséquences du conflit pour l'Église, pour le Languedoc et l'unité française, restent sujets à contestations et même à affrontements scientifiques, idéologiques, sentimentaux.

Les origines de la croisade mettent en cause l'importance de l'hérésie d'une part, les motifs des croisés de l'autre. Il semble qu'il ne faille ni exagérer ni minimiser le nombre et l'influence des hérétiques en Languedoc. Par-delà la force de leurs convictions et le caractère radical de leur opposition à l'Église, les hérétiques furent dangereux pour leurs ennemis parce que l'hérésie avait cristallisé les mécontentements politiques et sociaux. Mais l'analyse, qui n'a pas été sérieusement tentée, de la participation des différentes catégories sociales à l'hérésie et à la lutte contre les croisés – qui ne fut pas toujours le fait des seuls hérétiques – est délicate. Une partie importante de l'aristocratie laïque – par haine de l'Église et par souci de ne pas se couper de ses sujets, et en particulier de la bourgeoisie urbaine – ainsi que des clercs gagnés à la doctrine hérétique ou indignés par le comportement du haut clergé, des bourgeois nouveaux riches surtout et des artisans urbains ou ruraux, parmi lesquels les contemporains mettent en vedette les tisserands, ont fourni à la résistance à la croisade des contingents notables.

L'hostilité aux « étrangers », aux « Français », qui semble ne s'être développée qu'au fur et à mesure de la conquête, a souvent uni dans la lutte des populations hétérogènes. La participation à la résistance des couches inférieures de la société urbaine et rurale paraît avoir été faible. Petits artisans, manœuvres, paysans endettés à l'égard de la bourgeoisie souvent hérétique ou opprimés par des seigneurs alliés à ces hérétiques ont même, semble-t-il, assez bien accueilli les croisés, puis l'administration royale. Les succès obtenus, pendant un temps, à Toulouse par le farouche évêque Foulque de Marseille ne s'expliquent probablement pas seulement par ses méthodes terroristes. Sa milice, la Confrérie blanche, constituée de militants orthodoxes et dirigée autant contre les usuriers que contre les cathares, a surtout recruté ses membres dans le petit peuple encadré par certains représentants de la vieille[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Jacques LE GOFF. ALBIGEOIS (CROISADE CONTRE LES) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Cathares expulsés de Carcassonne, 1209 - crédits : British Library/ AKG-images

Cathares expulsés de Carcassonne, 1209

Inquisition - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Inquisition

Autres références

  • CARCASSONNE

    • Écrit par Régis KEERLE, Laurent VIALA
    • 946 mots
    • 4 médias

    La ville de Carcassonne, chef-lieu de l'Aude, rayonne bien au-delà de sa région. Témoignage monumental de son passé médiéval, la Cité (la ville haute) a été inscrite en 1997 par l'U.N.E.S.C.O. au Patrimoine mondial de l'humanité, un an après le canal du Midi qui traverse la commune. Devenue pièce maîtresse...

  • CATHARES

    • Écrit par Christine THOUZELLIER
    • 6 763 mots
    • 2 médias
    ...Languedoc comme en Lombardie ; envois de commissions apostoliques ; efforts de dissuasion. Tout cela aboutit en Languedoc à l'entreprise de la croisade albigeoise, qui, victorieuse par les armes, recouvre en fait un échec religieux. Pour triompher des cathares, Rome crée l' Inquisition, avec l'aide des...
  • DOMINICAINS

    • Écrit par André DUVAL
    • 3 390 mots
    • 3 médias
    L'initiative du fondateur s'appuie sur une expérience de prédication, inaugurée neuf ans plus tôt, en pays albigeois. Traversant le midi de la France, l'évêque castillan d'Osma et le sous-prieur de son chapitre, Dominique de Caleruega, s'étaient joints en effet en 1206 au groupe d'abbés ...
  • DOMINIQUE saint (1170 env.-1221)

    • Écrit par Sebastian BULLOUGH
    • 826 mots

    Fondateur de l'ordre des Frères prêcheurs (Dominicains), Domingo de Guzmán est né vers 1170 à Caleruega (Castille), dans une famille noble. Il étudie la théologie à Palencia. Vers 1196, il entre comme chanoine dans le chapitre du diocèse d'Osma, dont il devient le sous-prieur quelques années plus tard....

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Voir aussi