Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BENE CARMELO (1937-2002)

Le travail de la voix

De retour à la scène en 1974, Carmelo Bene investit les grands théâtres italiens – jusqu'à la Scala ou l'Accademia di Santa Cecilia à Rome. Chaque thème shakespearien – Roméo et Juliette (Paris, 1977), Richard III (1977), Othello (1979) ou Macbeth (Paris, 1983), Macbeth Horror suite (Paris, 1996) – est relu, et Bene n'en garde qu'un motif à peine perceptible, le revalorisant par une réécriture personnelle qui exalte ses qualités d'acteur en osant une constante mise en détresse du corps et de la voix. À partir des années 1980, il est le plus souvent seul sur scène. Après avoir éliminé de ses dramaturgies ce qui restait encore des fonctions de l'acteur, il accorde une place de plus en plus importante à la masse musicale et aux possibilités d'interprétation vocale. C'est au cours de ces années qu'il théorise le concept de « machine actoriale », qui lui permet de mener à bien ses recherches sur la multiplicité des puissances créatrices. C'est dans ce même sens qu'il va utiliser, de manière inégalée, les techniques d'amplification et de modification du son. Aussi bien Gilles Deleuze que Pierre Klossowski, en France, ont souligné le travail de la voix et du corps accompli par Carmelo Bene, qui a su donner aussi une nouvelle réalité à la lecture des poètes. Avec ses « concerts » autour de Dante (Paris, 1996), Leopardi, Campana, il achève un travail qui avait commencé avec Quatre diverses manières de mourir en vers (1980), une création pour la télévision italienne où il donnait voix à quatre poètes tragiques russes : Blok, Essenine, Maïakovski et Pasternak.

— Jean-Paul MANGANARO

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul MANGANARO. BENE CARMELO (1937-2002) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MACBETH HORROR SUITE (C. Bene)

    • Écrit par Jean-Paul MANGANARO
    • 1 531 mots

    L'acteur et metteur en scène italien Carmelo Bene, invité par le Théâtre de l'Odéon, le Festival d'automne et le Centre international de dramaturgie, ouvrait la saison 1996 du Théâtre et celle du Festival avec une dramatisation humoristique dont le Macbeth de Shakespeare constituait...

  • ÉROTISME

    • Écrit par Frédérique DEVAUX, René MILHAU, Jean-Jacques PAUVERT, Mario PRAZ, Jean SÉMOLUÉ
    • 19 774 mots
    • 7 médias
    Les films baroques de l'Italien Carmelo Bene entrelacent kitch et érotisme, et revisitent les mythes (Don Giovanni, 1970 ; Salomé, 1972 ; Un Hamlet de moins, 1974). Ses recherches font écho à celles de Federico Fellini et de Marco Ferreri qui formulent tous deux, en 1976, les possibles limites de...
  • ITALIE - Langue et littérature

    • Écrit par Dominique FERNANDEZ, Angélique LEVI, Davide LUGLIO, Jean-Paul MANGANARO
    • 28 412 mots
    • 20 médias
    ...recherches sur le théâtre et à la manière même de « faire du théâtre ». Et c'est plutôt vers cette avant-garde et ses expériences – dont les représentants les plus marquants sont Carmelo Bene et Dario Fo – qu'il faudra regarder pour trouver les véritables événements marquants de la scène italienne.

Voir aussi