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BIODIVERSITÉ

Les menaces pesant sur la biodiversité

L’altération d’un certain nombre de contributions de la nature au bien-être des populations humaines est en grande partie due au fait que la biodiversité connaît un déclin sans précédent. Celui-ci se situe à tous les niveaux : nombre d’espèces, taille des populations pour une espèce donnée et diversité génétique au sein même des populations. On estime que la vitesse d’extinction des espèces est actuellement cent à mille fois supérieure à ce qu’elle a pu être au cours des dix derniers millions d’années. Mais il est encore plus frappant de constater que le nombre d’individus des populations de certains groupes taxonomiques a chuté d’un ordre de grandeur bien plus important que le nombre d’espèces. De nombreuses études alertent en particulier sur l’effondrement de populations dans des groupes taxonomiques entiers. Il faut citer en particulier le déclin des insectes (pas seulement des pollinisateurs) observé dans le monde entier avec une réduction de la taille de populations qui peut atteindre 75 %, même dans des zones protégées. Cette baisse des populations d’insectes a entraîné celle des populations d’oiseaux, que ce soit en Europe (–57 %), en Amérique ou en Asie. Le milieu marin est lui aussi fortement touché avec la disparition de près de la moitié des coraux et la perte de près de 40 % des populations de poissons. Cette érosion de la biodiversité se retrouve également chez les espèces domestiquées par l’homme du fait de l’uniformisation des pratiques de culture et d’élevage liées à la révolution agricole des années 1950, de l’arrivée des machines agricoles et de l’utilisation intensive des engrais inorganiques et des pesticides, ce qui a engendré la perte de nombreuses variétés et races anciennes. Désormais, vingt espèces de plantes assurent à elles seules 90 % des apports caloriques de la population mondiale. Ces pertes de la biodiversité à tous les niveaux d’organisation altèrent les services rendus par la nature aux populations humaines, notamment parce qu’elles affaiblissent la résilience des écosystèmes face à des perturbations telles que les événements climatiques extrêmes, les ravageurs et les maladies, les incendies…

Déforestation en Amazonie - crédits : Avalon/ Universal Images Group/ Getty Images

Déforestation en Amazonie

Les causes de ces pertes de biodiversité sont attribuées par ordre d’importance : à la destruction des habitats naturels notamment pour l’urbanisation et l’agriculture ; aux prélèvements directs par la pêche, la chasse, la cueillette ; au changement climatique ; à la pollution et aux invasions biologiques. Elles sont toutes liées, directement ou plus indirectement, aux activités humaines. Leur part relative varie cependant d’un milieu à l’autre. Les prélèvements directs (pêche) sont par exemple, la première cause de l’effondrement de la biodiversité dans le milieu marin, alors que c’est la destruction des habitats naturels pour le milieu terrestre. Si le changement climatique constitue désormais la troisième cause de cette crise de la biodiversité, les projections issues des modèles numériques indiquent qu’il en deviendra la principale d’ici la fin du xxie siècle. Au-delà de la nécessité impérieuse de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique à 2 0C, il est également impératif de réduire très fortement les autres pressions que les populations humaines font subir au reste du monde vivant. On ne pourra pas soustraire les espèces au changement climatique, mais il est possible de les aider à s’adapter, dans certaines limites, en diminuant la pollution et la destruction de leurs habitats naturels.

Dépérissement forestier - crédits : Ollo/ Getty Images

Dépérissement forestier

Pêche intensive - crédits : Jacques Pavlovsky/ Sygma/ Getty Images

Pêche intensive

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Écrit par

  • : directrice de recherche au CNRS, centre d'écologie fonctionnelle et évolutive, Montpellier
  • : directrice de recherche de classe exceptionnelle CNRS, Laboratoire d'écologie alpine, Grenoble

Classification

Pour citer cet article

Isabelle CHUINE et Sandra LAVOREL. BIODIVERSITÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Une représentation des pinsons de Darwin - crédits : Encyclopædia Universalis France

Une représentation des pinsons de Darwin

Courbes de réponse de performances physiologiques d’organismes à la température - crédits : Encyclopædia Universalis France

Courbes de réponse de performances physiologiques d’organismes à la température

Productivité des forêts - crédits : Encyclopædia Universalis France

Productivité des forêts

Autres références

  • BIODIVERSITÉ URBAINE

    • Écrit par Philippe CLERGEAU
    • 2 378 mots

    Sous le poids d'un désir citadin de plus en plus fort de nature dans la ville et d'un hygiénisme constant, la ville a évolué très rapidement, en un siècle, pour proposer aujourd'hui des parcs plus « naturels » et demain des corridors écologiques. Certaines espèces disparaissent sous les effets de l'urbanisation,...

  • COP 15 SUR LA BIODIVERSITÉ

    • Écrit par Denis COUVET, Hélène SOUBELET
    • 2 863 mots
    • 3 médias

    La quinzième conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (dite COP 15 – Conference of the Parties), initialement prévue en 2020 en Chine (dans la ville de Kunming) et reportée à plusieurs reprises en raison de la pandémie de Covid-19, s’est finalement tenue au palais des...

  • AGENCE FRANÇAISE POUR LA BIODIVERSITÉ

    • Écrit par Denis COUVET
    • 1 558 mots
    • 1 média
    La biodiversité se caractérise d’abord par sa diversité biologique, qui comprend la diversité des espèces (animales, végétales et microbiennes), de leurs interactions, la diversité des gènes et celle des écosystèmes. Mais la biodiversité englobe aussi les fonctions écologiques nécessaires au fonctionnement...
  • AGRICULTURE BIOLOGIQUE

    • Écrit par Céline CRESSON, Claire LAMINE, Servane PENVERN
    • 7 882 mots
    • 6 médias
    ...application en 2021, on note l’émergence ou le renforcement de notions comme celles de services environnementaux ou écosystémiques, reconnaissant ainsi la biodiversité non pas seulement comme une composante à préserver mais aussi comme un facteur de production utile à l’agriculture biologique. Sont également...
  • AGRICULTURE URBAINE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET, Xavier LAUREAU
    • 6 273 mots
    • 8 médias
    ...n’était pas le cas. Dans ce pacte, il est précisé, entre autres, que les villes ont un rôle crucial à jouer dans la promotion de systèmes alimentaires sains et durables, dans le développement des relations entre citadins et ruraux ainsi que dans la protection de l’environnement et de la biodiversité.
  • AMAZONIE

    • Écrit par Martine DROULERS
    • 3 273 mots
    • 6 médias
    Avec 15 à 20 p. 100 du total des espèces de la terre, l'Amérique du Sud tropicale est une des régions de la planète les plus riches en biodiversité, notamment pour la flore. Six pays amazoniens figurent parmi les douze pays les plus riches en diversité biologique. La Colombie est au premier rang mondial...
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Voir aussi