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BELGIQUE Histoire

Sous le gouvernement autrichien

Le traité d'Utrecht (1713) attribua les Pays-Bas du Sud à l'empereur autrichien Charles VI. Celui-ci se fit représenter par un gouverneur général et, pour l'administration quotidienne, institua la fonction de ministre plénipotentiaire. Le caractère particulier du gouvernement autrichien ne tarda pas à se manifester ; dynamique et féru de réglementation, il ne respectait pas les anciens privilèges : en 1719, François Anneesens, doyen de guilde, fut exécuté à Bruxelles par les Autrichiens. Toutefois, le pays s'adapta vite au nouveau pouvoir. La même année, Charles VI fonda une compagnie ostendaise qui, sous le nom de Compagnie impériale des Indes (Keizerlijke Indische Compagnie), stimulerait le commerce avec l'Extrême-Orient. Mais l'opposition de l'Angleterre et des Provinces-Unies était trop forte et, en dépit du grand succès de cette compagnie (surtout financée grâce à des capitaux anversois), Charles VI dut suspendre ses activités en 1727. Mais le goût de l'aventure et de l'initiative était né. À la mort de Charles VI éclata la guerre de Succession d'Autriche, et sa fille Marie-Thérèse dut attendre la Paix d'Aix-la-Chapelle (1748) pour que soient reconnus ses droits sur les Pays-Bas méridionaux. C'est au cours de la seconde moitié du xviiie siècle qu'on put noter les réalisations les plus remarquables du gouvernement autrichien. Le gouverneur général le plus important fut le populaire Charles de Lorraine, qui arracha Bruxelles à la grisaille de son existence antérieure. C'est surtout le comte de Cobenzl, ministre plénipotentiaire, qui prit une grande part à l'essor de la nouvelle Belgique. Fervent partisan des Lumières, Cobenzl mena une politique économique et culturelle active. Il réforma également les finances et sut affermir la puissance centrale de Bruxelles. La politique des Lumières, de centralisation et de despotisme éclairé, préconisée par l'impératrice, fut continuée après sa mort (1780) avec plus d'énergie et moins de respect encore pour les traditions provinciales et urbaines par son fils Joseph II, qui promulgua notamment un édit de tolérance religieuse (1781), supprima les monastères contemplatifs (1783) et remplaça les séminaires diocésains par un séminaire général installé à Louvain (1786). Il réforma de fond en comble le système administratif et la justice (1787). Par ces remaniements, il froissa beaucoup de susceptibilités et nuisit à de nombreux intérêts au sein de cette société qui avait vécu figée pendant plus de cent cinquante ans. L'opposition mûrissait, ce qui devait aboutir, en 1789, à la révolution brabançonne. Les rebelles chassèrent temporairement les troupes autrichiennes et proclamèrent les États-Belgiques-Unis, sur le modèle américain. C'était une confédération d'États quasiment souverains, le Congrès qui les coiffait ne disposant que d'un minimum de compétences. Un anachronisme, à la fin du xviiie siècle ! L'État était en outre déchiré entre deux factions : les « statistes » traditionalistes, sous la direction de Henri van der Noot, et les « vonckistes » sous la direction de Jean-Baptiste Vonck, leader libéral plus moderne. Les vonckistes, chassés par les statistes, s'étant réfugiés en France, les États-Belgiques-Unis ne purent se maintenir bien longtemps. En 1790, les troupes autrichiennes du nouvel empereur Léopold II étaient à nouveau maîtresses des Pays-Bas méridionaux.

Belgique, XVIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Belgique, XVIIIe siècle

L'affaiblissement des Pays-Bas du Sud au cours du xviie siècle entraîna également, outre des effets conjoncturels, des effets structurels. C'est ainsi que la rigidité du capitalisme commercial fut brisée, ce qui rouvrait la voie aux forces de renouveau. La grande tradition économique de la région favorisa une créativité nouvelle. Les Pays-Bas du Sud[...]

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Écrit par

  • : docteur en droit, licencié en sciences politiques et diplomatiques

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Pour citer cet article

Guido PEETERS. BELGIQUE - Histoire [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Belgique, Antiquité - crédits : Encyclopædia Universalis France

Belgique, Antiquité

Belgique, vers 1300 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Belgique, vers 1300

La Flandre au XVI<sup>e</sup> siècle - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La Flandre au XVIe siècle

Voir aussi