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AUTOMOBILISME

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Promotion du tourisme et de la compétition

Mieux encore que le train, l'automobile facilitait l'accès à des régions, des lieux, des paysages demeurés jusque-là hors de portée. Paris accueillit en décembre 1905, au Grand-Palais, le premier congrès international de tourisme et de circulation automobile. Ce fut l'occasion pour le monde de l'automobile de faire un examen approfondi de l'intérêt et des moyens du développement du tourisme automobile, notamment à l'échelle internationale. Sans pour autant être encore un guide touristique au sens actuel du mot, le fameux guide Michelin, véritable « vade-mecum de l'automobiliste » selon la présentation de ses auteurs, servait ces desseins depuis 1900. Tiré à près de 50 000 exemplaires dès 1901, conçu pour le chauffeur et le voyageur automobiliste, il comportait des indications sur les possibilités de ravitaillement, de réparation pour son automobile, de logement, de restauration et de communication. Il fut d'abord « offert gracieusement » à ses riches clients : il s'agissait pour la firme de Clermont-Ferrand de faire œuvre tout à la fois de publicité et de mécénat, comme pour les cartes et les bornes routières par la suite. Dix ans après son apparition, la vocation internationale du « petit livre rouge » de la révolution automobile était bien assise. Son édition de 1912 révélait que les « Michelin » comptaient déjà six versions – France, îles Britanniques, Allemagne, Espagne et Portugal, Pays du soleil (Algérie, Tunisie, Égypte, Italie du Sud, Corse, Riviera), Alpes et Rhin (Italie du Nord, Suisse, Dolomites, Tyrol ; Bavière et Wurtemberg-Sud, Bords du Rhin, Hollande, Belgique). Des éditions anglaise et française, espagnole, allemande étaient disponibles selon les destinations. Avant la motorisation de masse et l'institution des congés payés qui permettront les pratiques de tourisme populaire, l'automobilisation du monde occidental était ainsi bel et bien engagée.

Du fait de leurs succès et de leur écho publicitaire savamment orchestrés, les deux expéditions automobiles menées par André Citroën, la Croisière noire à travers l'Afrique en 1924 et la Croisière jaune en Asie en 1931, ont éclipsé les toutes premières tentatives de circulation autour du monde. À ce titre, la course Pékin-Paris organisée par le journal Le Matin en 1907 demeure le premier raid automobile intercontinental de l'histoire. Avec ce type d'aventure, dont se réclament encore sans modestie les rallyes-raids sportifs contemporains du style Paris-Dakar (apparu en 1978), commençait le balisage de la planète et un notable recul de l'exotisme. Étrangère nulle part, l'automobile s'adapta sur toutes les routes dignes de ce nom, que des services d'ingénierie dédiés entreprirent sur-le-champ de rationaliser et d'adapter à ses exigences. En 1908, à Paris encore, se tint le premier congrès mondial de la route dont les conclusions prônèrent une normalisation et finalement une domestication universelle de l'espace par l'adoption de revêtements standards et des premiers panneaux routiers reconnus.

Aux côtés du tourisme et de la mission d'exploration, le monde de la compétition sportive constitue une autre dimension essentielle de l’univers automobilistique, en familiarisant dès l'origine le public avec une foule de caractéristiques techniques, exaltées par d'authentiques exploits humains. Figure princeps de cette nouvelle mythologie, Émile Levassor, vainqueur le 13 juin 1895 de la première course automobile, a droit à un véritable triomphe ! Il avait piloté quarante-huit heures durant sa biplace Panhard-Levassor no 5 à près de 24 km/h de moyenne, sur le trajet Paris-Bordeaux-Paris. Loin de n'avoir été qu'une vaine distraction pour fous du volant, les courses automobiles ont constitué un élément[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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Pour citer cet article

Mathieu FLONNEAU. AUTOMOBILISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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