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BLAKEY ART (1919-1990)

Les légendes se bousculent autour du nom d'Art Blakey. L'une dit que ce serait grâce au jazz qu'il aurait quitté son travail de mineur. Une autre affirme que, pianiste très médiocre, il ne serait venu à la batterie que sous la menace d'un gangster mélomane ! Une autre encore soutient qu'il aurait consacré deux ans de sa vie à étudier au Nigeria la richesse des rythmes ouest-africains. Toutes ces légendes sont bien entendu invérifiables, du fait de l'ombre qui masque les débuts de tous les jazzmen noirs de cette génération. Mais on ne prête qu'aux riches.

Des Messengers aux Jazz Messengers

Art Blakey – qui adoptera à la fin des années 1940 le nom islamique de Abdullah ibn Buhaina, d'où découle le sobriquet « Bu » – naît à Pittsburgh (Pennsylvanie) le 11 octobre 1919. Pianiste accompli dès l'adolescence, il se tourne rapidement vers la batterie, adoptant un style frénétique dans la lignée de Chick Webb, de Sid Catlett ou de Ray Bauduc. Il accompagne Mary Lou Williams et appartient à l'orchestre de Fletcher Henderson du début de 1943 au début de 1944. Il rejoint ensuite le big band de Billy Eckstine (1944-1947), où il côtoie les tenants du modernisme, parmi lesquels Dizzy Gillespie, Miles Davis, Dexter Gordon, Tommy Potter et Fats Navarro. C’est en décembre 1947 qu'apparaît pour la première fois le nom de Messengers, pour qualifier un octette avec lequel il enregistre pour Blue Note.

Dès ces années 1940, Art Blakey s'affirme comme l'un des principaux artisans du mouvement bop. Il participe aux enregistrements historiques que Thelonious Monk réalise pour Blue Note en octobre et novembre 1947 (en sextette, en trio et en quintette), et se produit au sein des quintettes de Fats Navarro et de Dexter Gordon (décembre 1947). En 1948 et 1949, il séjourne en Afrique, probablement pendant plus d'un an, s'imprègne de la culture islamique et adopte le nom de Abdullah ibn Buhaina.

Il tient la batterie au sein du quartette de Buddy DeFranco en 1952 et 1953. Il grave beaucoup de disques à cette époque, avec notamment Charlie Parker (en quintette, 1950), Dizzy Gillespie (en sextette et en septette, où il côtoie John Coltrane en 1951), Miles Davis (en sextette, 1951, 1953). En 1953, Art Blakey, le pianiste Horace Silver, le saxophone ténor Hank Mobley et le trompettiste Kenny Dorham mettent sur pied une coopérative, qui est la première entité à porter le nom de Jazz Messengers. Le 31 octobre 1953, un quintette nommé Horace Silver And The Jazz Messengers (Kenny Dorham, Lou Donaldson au saxophone alto, Horace Silver, Gene Ramey à la contrebasse et Art Blakey) se produit au Birdland de New York. Le 21 février 1954, un Art Blakey Quintet (dans lequel Clifford Brown a remplacé Dorham et Curly Russell a succédé à Ramey) enregistre pour Blue Note au Birdland : Blakey a exigé d’être enregistré « live », tant est intense sa communication avec le public ; il en résulte le célèbre album A Night At Birdland With Art Blakey Quintet. Dès l'automne de 1954, les Jazz Messengers trouvent leur équilibre avec une première équipe stable qui regroupe, autour d'Art Blakey, Kenny Dorham, Hank Mobley et Doug Watkins. Donald Byrd remplacera Dorham à la fin de 1955. Après le départ d'Horace Silver en 1956, Blakey prend la direction des Jazz Messengers. Désormais, le grand batteur ne fera que de rares excursions – auprès de Monk, de Milt Jackson ou de Jimmy Smith, notamment – hors d'une formation à laquelle il va consacrer toute sa vie artistique.

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Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Pierre BRETON. BLAKEY ART (1919-1990) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JAZZ

    • Écrit par Philippe CARLES, Jean-Louis CHAUTEMPS, Universalis, Michel-Claude JALARD, Eugène LLEDO
    • 10 992 mots
    • 25 médias
    D'anciens boppers parviennent au premier plan : le batteur Art Blakey avec ses Jazz Messengers (Moanin’), le bassiste Charlie Mingus, dont le groupe s'ouvre à une liberté collective qui prépare l'avant-garde (Fables of Faubus), le pianiste Thelonious Monk, dont le jeu abrupt mettra longtemps...
  • MORGAN LEE (1938-1972)

    • Écrit par Universalis
    • 406 mots

    Trompettiste de jazz et parolier américain, né le 10 juillet 1938, à Philadelphie, mort le 19 février 1972, à New York, Lee Morgan fut le virtuose le plus expressif du bop sur son instrument et l'un des interprètes les plus populaires de ce courant musical.

    Enfant prodige passé professionnel...

Voir aussi