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VIVALDI ANTONIO (1678-1741)

Le musicien sacré

La grandeur de la musique sacrée de Vivaldi ne tient pas à sa portée historique, car elle a peu circulé de son vivant, mais à ses qualités artistiques et à son inspiration élevée. Sans rejoindre, comme chez Bach, la réflexion spéculative, l'expression reste, dans les œuvres les plus marquantes, toujours très personnelle, attachante, et d'une chaleureuse humanité.

Alors que Vivaldi composa concertos et opéras en continuité, la musique sacrée fut élaborée en trois étapes limitées dans le temps. La première correspond pour l'essentiel à des commandes de la Pietà, entre le départ du maestro Francesco Gasparini (avr. 1713) et l'appointement de son successeur, Carlo Pietro Grua (févr. 1719). Certaines constantes stylistiques apparaissent, imposées par la présence de voix uniquement féminines dans le chœur. Les parties de ténors et de basses, destinées par conséquent à des femmes à la tessiture grave, sont souvent doublées par les instruments, pour combler quelque possible défaillance. L'écriture suit une ligne claire pour la voix comme pour l'orchestre, enrichi parfois d'un obligato de hautbois. Le Stabat Mater RV621, l'oratorioJuditha triumphans, les Gloria RV588 et 589, le Magnificat RV610b restent parmi les plus belles réussites de cette période.

Pendant la décennie suivante, entre son retour de Mantoue à Venise et un voyage dans les territoires de l'Empire autrichien en 1729, Vivaldi honore diverses commandes étrangères à la Pietà. Il compose en particulier des psaumes et parties de messe in due cori, avec double chœur et double orchestre, révélateurs d'une maturation stylistique. La texture devient plus complexe, le contrepoint ostentatoire, les parties de basses plus exigeantes, alors que l'orchestre s'enrichit de parties de flûtes et de hautbois obligés. Les chefs-d'œuvre abondent : Kyrie RV587, Dixit Dominus RV594, Beatus vir RV597, Confitebor tibi Domine RV596.

Peu de temps avant de clore sa collaboration avec la Pietà, en 1739, Vivaldi fournit ses ultimes compositions sacrées, où il paie son tribut au culte du solismo et adapte son langage à la manière galante en vogue à Venise. Deux pages majeures sont reprises de compositions antérieures : les versions révisées du Magnificat RV611 et du Beatus vir RV795, qui portent les stigmates d'une significative évolution stylistique.

Dans tous les genres explorés dans la soixantaine d'œuvres sacrées qui nous est parvenue, Vivaldi témoigne de la même spontanéité, de la même sincérité, de la même ardeur, pont tendu entre l'imagination du musicien et la foi du Prete rosso.

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Pour citer cet article

Marc PINCHERLE et Roger-Claude TRAVERS. VIVALDI ANTONIO (1678-1741) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Antonio Vivaldi - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Antonio Vivaldi

Autres références

  • L'ESTRO ARMONICO (A. Vivaldi)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 276 mots
    • 1 média

    À la fin du xviie siècle, Arcangelo Corelli fixe la forme du concerto grosso, dans lequel un petit ensemble de solistes, le concertino, s'oppose à la masse de l'orchestre. Le concerto de soliste va naître de ce concerto grosso par réduction de l'effectif du concertino. S'il n'en est...

  • BAROQUE

    • Écrit par Claude-Gilbert DUBOIS, Pierre-Paul LACAS, Victor-Lucien TAPIÉ
    • 20 831 mots
    • 23 médias
    ...distinguant trois périodes : le premier baroque, le baroque médian, le dernier baroque. Une étude plus approfondie nécessiterait une analyse des spécificités nationales de ces traits communs. Monteverdi n'est pas Lully, Purcell se distingue de François Couperin, Delalande ne sonne pas commeVivaldi.
  • BASSON

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 992 mots
    • 6 médias
    Antonio Vivaldi (1678-1741) est l'un des premiers compositeurs à l'utiliser comme instrument soliste. Depuis l'époque classique, on le retrouve dans toutes les formations orchestrales, qu'il soit mentionné ou pas.
  • CONCERTO

    • Écrit par Ida GOTKOVSKY
    • 1 179 mots
    Le concerto de soliste est né tout naturellement du concerto grosso en réduisant le concertino à un seul instrument. Antonio Vivaldi ne fut sans doute pas le premier à écrire des concertos de soliste, mais il n'en apparaît pas moins comme le véritable fondateur. C'est avec lui que le concerto prend...
  • CONCERTO POUR VIOLON ET ORCHESTRE (J. Brahms)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 308 mots
    • 1 média

    Le concerto de soliste naît en Italie à la toute fin du xviie siècle, lorsque Giuseppe Torelli publie les six Concerti a quattro de son opus 5 (Bologne, 1692) et, surtout, les douze Concerti musicali a quattro opus 6 (Augsbourg, 1698). Au début du xviiie siècle, dès L'estro armonico...

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Voir aussi