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VIVALDI ANTONIO (1678-1741)

Antonio Vivaldi - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Antonio Vivaldi

Vivaldi a exercé une influence capitale sur l'évolution de la musique préclassique. Il a imposé, sinon inventé de toutes pièces, la forme du concerto de soliste, contribué puissamment à l'élaboration de la symphonie, donné au théâtre et à l'Église des œuvres dont on commence seulement à mesurer l'importance. Son retour à la lumière est un des phénomènes les plus curieux et les plus troublants de l'histoire musicale des temps modernes. De son vivant, célèbre, admiré de l'Europe entière, il était tombé brusquement, à l'extrême fin de sa vie, dans un oubli si profond que sa mort passa inaperçue et que pendant un siècle son nom disparut, même dans sa patrie, des histoires et recueils biographiques. Il dut sa résurrection à celle de Bach, au milieu du xixe siècle, lorsqu'en inventoriant les manuscrits du Cantor on retrouva les copies et transcriptions qu'il avait faites d'originaux vivaldiens restés jusqu'alors ensevelis sous la poussière des bibliothèques. Longtemps mésestimée, l'originalité créatrice de Vivaldi fut révélée au début du xxe siècle par les travaux d'Arnold Schering, de Marc Pincherle, de l'Accademia Chigiana et d'Olga Rudge, puis, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, par la colossale édition intégrale de la musique instrumentale par l'Istituto italiano Antonio Vivaldi dans la révision de Malipiero. Le tricentenaire de sa naissance donna une impulsion nouvelle aux recherches sur Vivaldi, dont la musique d'Église et le répertoire lyrique (cantates et opéras) sont désormais systématiquement explorés, en vue de l'édition critique entreprise chez l'éditeur milanais Ricordi.

Professeur et compositeur

Antonio Lucio Vivaldi est né à Venise le 4 mars 1678, fils de Giovanni Battista Vivaldi, violoniste de la chapelle ducale de San Marco. Les premiers rudiments de son art lui furent probablement donnés par son père. Orienté vers une carrière ecclésiastique, il fut ordonné prêtre en 1703, mais renonça à célébrer la messe dès 1705 sans quitter l'Église pour autant, en raison d'une stretezza di petto (étroitesse de poitrine), que l'on peut raisonnablement assimiler à un asthme, selon les symptômes évoqués par Vivaldi soi-même dans une lettre de 1737. Dès lors, il partagea son activité essentiellement musicale entre la composition, la direction et l'enseignement d'une part, et une carrière lyrique d'opériste, de chef d'orchestre et d'imprésario d'autre part. C'est au séminaire musical de la Pietà que Vivaldi professa. C'était un des quatre fameux « hôpitaux » de Venise pour jeunes filles abandonnées, où l'on sélectionnait les plus douées pour la musique, sous la direction des meilleurs maîtres. Vivaldi assuma pendant des périodes plus ou moins longues les fonctions de maître de violon, de viole all'inglese, de compositeur et de chef pour l'orchestre de l'institution, sans oublier les interrègnes comme maître de chœur, pendant lesquels il occupa la place laissée vacante par le départ des titulaires successifs.

Il mena parallèlement une carrière de virtuose, applaudi dans l'Europe entière, goûta la vie de musicien de cour à Mantoue (1718-1720), mais se passionna surtout pour le théâtre d' opéra. Il aura pour la scène investi des sommes gigantesques, travaillé dans des conditions difficiles avec des menaces de censure, des soucis d'organisation et des procès, pour défendre une œuvre lyrique dont on commence tout juste à mesurer la portée.

Il mourut à Vienne le 17 juillet 1741, à soixante-trois ans, après un départ de Venise l'année précédente. Abandonné par ses protecteurs bohémiens, sa misère était totale.

Il laissait une œuvre énorme : près de six cent cinquante compositions instrumentales, plus de cinquante opéras,[...]

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Pour citer cet article

Marc PINCHERLE et Roger-Claude TRAVERS. VIVALDI ANTONIO (1678-1741) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Antonio Vivaldi - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Antonio Vivaldi

Autres références

  • L'ESTRO ARMONICO (A. Vivaldi)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 276 mots
    • 1 média

    À la fin du xviie siècle, Arcangelo Corelli fixe la forme du concerto grosso, dans lequel un petit ensemble de solistes, le concertino, s'oppose à la masse de l'orchestre. Le concerto de soliste va naître de ce concerto grosso par réduction de l'effectif du concertino. S'il n'en est...

  • BAROQUE

    • Écrit par Claude-Gilbert DUBOIS, Pierre-Paul LACAS, Victor-Lucien TAPIÉ
    • 20 831 mots
    • 23 médias
    ...distinguant trois périodes : le premier baroque, le baroque médian, le dernier baroque. Une étude plus approfondie nécessiterait une analyse des spécificités nationales de ces traits communs. Monteverdi n'est pas Lully, Purcell se distingue de François Couperin, Delalande ne sonne pas commeVivaldi.
  • BASSON

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 992 mots
    • 6 médias
    Antonio Vivaldi (1678-1741) est l'un des premiers compositeurs à l'utiliser comme instrument soliste. Depuis l'époque classique, on le retrouve dans toutes les formations orchestrales, qu'il soit mentionné ou pas.
  • CONCERTO

    • Écrit par Ida GOTKOVSKY
    • 1 179 mots
    Le concerto de soliste est né tout naturellement du concerto grosso en réduisant le concertino à un seul instrument. Antonio Vivaldi ne fut sans doute pas le premier à écrire des concertos de soliste, mais il n'en apparaît pas moins comme le véritable fondateur. C'est avec lui que le concerto prend...
  • CONCERTO POUR VIOLON ET ORCHESTRE (J. Brahms)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 308 mots
    • 1 média

    Le concerto de soliste naît en Italie à la toute fin du xviie siècle, lorsque Giuseppe Torelli publie les six Concerti a quattro de son opus 5 (Bologne, 1692) et, surtout, les douze Concerti musicali a quattro opus 6 (Augsbourg, 1698). Au début du xviiie siècle, dès L'estro armonico...

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Voir aussi