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VIVALDI ANTONIO (1678-1741)

La musique descriptive

La musique descriptive occupe une large place dans la production instrumentale de Vivaldi. Elle va de la suggestion d'un état d'âme (Inquietudine, Il Riposo, Il Sospetto) à de véritables « musiques à programme », chasses, tempêtes, nuit où circulent des fantômes. Sa plus brillante réussite réside dans les quatre concertos des Saisons, réunis dans l'opus 8 (de 1725) après avoir circulé, manuscrits, dans toute l'Europe. C'est aux Saisons, et plus particulièrement au concerto du Printemps, que Vivaldi a dû une flambée de gloire plus vive encore que celle que la publication de L'Estro armonico avait suscitée quatorze ans plus tôt. Ce qui aujourd'hui nous frappe le plus, en dehors de la saveur des idées et des timbres instrumentaux, c'est la façon qu'a Vivaldi de décrire avec toute la précision dont le xviiie siècle était féru, mais en même temps de faire entrer les scènes et péripéties décrites dans le cadre et selon le plan du concerto : un « sommeil », entre un orage et des danses champêtres, le recueillement au coin du feu, entre deux tempêtes d'hiver, ce n'est rien d'autre que le largo médian, précédé et suivi des deux mouvements vifs. À l'intérieur de chaque mouvement, il en va à peu près de même. Les tutti jouent le rôle traditionnel : gros œuvre de la construction, élément de symétrie et de stabilité ; en même temps, ils expriment la nuance dominante du morceau, insouciante gaieté du printemps, langueur accablante de l'été, etc. Les soli sont à la fois les divertissements modulants, les traits de virtuosité que nous connaissons, et les détails de la description, chants d'oiseaux, murmures des sources, aboiement du chien, marche titubante de l'ivrogne, glissade et chute sur le verglas du voyageur d'hiver.

La musique descriptive avait dans sa conception, ses matériaux, ses procédés d'orchestration, de nombreux points de contact avec la musique de théâtre. Chez Vivaldi, il n'existe pas de séparation nette entre le vocal et l'instrumental. Constamment, les genres s'interpénètrent, se chevauchent, se pillent avec une unité de style caractéristique.

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Pour citer cet article

Marc PINCHERLE et Roger-Claude TRAVERS. VIVALDI ANTONIO (1678-1741) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Antonio Vivaldi - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Antonio Vivaldi

Autres références

  • L'ESTRO ARMONICO (A. Vivaldi)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 276 mots
    • 1 média

    À la fin du xviie siècle, Arcangelo Corelli fixe la forme du concerto grosso, dans lequel un petit ensemble de solistes, le concertino, s'oppose à la masse de l'orchestre. Le concerto de soliste va naître de ce concerto grosso par réduction de l'effectif du concertino. S'il n'en est...

  • BAROQUE

    • Écrit par Claude-Gilbert DUBOIS, Pierre-Paul LACAS, Victor-Lucien TAPIÉ
    • 20 831 mots
    • 23 médias
    ...distinguant trois périodes : le premier baroque, le baroque médian, le dernier baroque. Une étude plus approfondie nécessiterait une analyse des spécificités nationales de ces traits communs. Monteverdi n'est pas Lully, Purcell se distingue de François Couperin, Delalande ne sonne pas commeVivaldi.
  • BASSON

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 992 mots
    • 6 médias
    Antonio Vivaldi (1678-1741) est l'un des premiers compositeurs à l'utiliser comme instrument soliste. Depuis l'époque classique, on le retrouve dans toutes les formations orchestrales, qu'il soit mentionné ou pas.
  • CONCERTO

    • Écrit par Ida GOTKOVSKY
    • 1 179 mots
    Le concerto de soliste est né tout naturellement du concerto grosso en réduisant le concertino à un seul instrument. Antonio Vivaldi ne fut sans doute pas le premier à écrire des concertos de soliste, mais il n'en apparaît pas moins comme le véritable fondateur. C'est avec lui que le concerto prend...
  • CONCERTO POUR VIOLON ET ORCHESTRE (J. Brahms)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 308 mots
    • 1 média

    Le concerto de soliste naît en Italie à la toute fin du xviie siècle, lorsque Giuseppe Torelli publie les six Concerti a quattro de son opus 5 (Bologne, 1692) et, surtout, les douze Concerti musicali a quattro opus 6 (Augsbourg, 1698). Au début du xviiie siècle, dès L'estro armonico...

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Voir aussi