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ALPHABET

L'invention de l'alphabet

On peut encore simplifier l'écriture en décomposant la syllabe en consonne et voyelle : on a alors un alphabet composé de lettres (entre 20 et 50). Mais c'est là une opération bien abstraite et, en fait, la simplification ultime de l'écriture ne devait être réalisée que par un peuple parlant une langue du groupe sémitique, où les consonnes forment à elles seules le cadre inaltérable des racines à partir desquelles on forme les mots de même famille. Cette structure suggère une solution imparfaite : n'écrire que les consonnes. L'écriture égyptienne possédait bien des signes phonétiques transcrivant des consonnes isolées, mais les scribes de la vallée du Nil n'avaient jamais songé à se servir uniquement de ces signes-consonnes pour écrire. On doit l'intervention de l'alphabet à des marchands syriens, indifférents aux beautés littéraires des vieux systèmes d'écriture et soucieux d'abord de la rédaction rapide de leurs contrats. Mais en dépit de la subtilité acquise au contact d'étrangers de tous pays, il leur faudra une bonne partie du IIe millénaire avant notre ère pour mettre au point leur système.

Certaines tentatives empruntent leurs signes aux écritures égyptiennes : inscriptions protosinaïtiques (dans la mine de turquoises de Serabit el-Khadem, dans le sud du Sinaï), textes pseudo-hiéroglyphiques de Byblos. Mais leur date est incertaine (entre le xixe et le xive s.) et on ne s'entend pas sur leur déchiffrement. Par contre, on lit fort bien les alphabets ougaritiques (xive-xiiie s.), qui sont composés de signes cunéiformes transcrivant des consonnes : le plus employé a trente signes et s'écrit de gauche à droite comme le cunéiforme de Mésopotamie ; un autre, de 22 à 28 signes, s'écrit de droite à gauche, comme plus tard le phénicien et les écritures qui lui seront apparentées. Élaborés à Ougarit, le grand port cosmopolite, ces alphabets ont été utilisés également dans différentes localités de Palestine. Conçus pour être tracés sur des tablettes d'argile, ces alphabets cunéiformes céderont la place à des systèmes de signes linéaires (d'un tracé plus simple et géométrique) que l'on peut plus facilement graver sur la pierre ou sur le métal, tracer au pinceau sur des ostraka (fragments de pierre ou tessons) ou sur des papyrus.

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Écrit par

  • : maître assistant à l'université de Paris-Sorbonne
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Gilbert LAFFORGUE. ALPHABET [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Stèle de Néfertiabet - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Stèle de Néfertiabet

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture - crédits : Encyclopædia Universalis France

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture

Stèle de Mésha,&nbsp;<b>IX<sup>e</sup></b>&nbsp;s. av. J.-C. - crédits : Z. Radovan/ www.BibleLandPictures/ AKG images

Stèle de Mésha, IXe s. av. J.-C.

Autres références

  • AŚOKA ou AÇOKA (IIIe s. av. J.-C.)

    • Écrit par Marie-Simone RENOU
    • 2 805 mots
    ...Inscriptions ne seront déchiffrées qu'à partir de 1837, quand un fonctionnaire de l'administration civile de Bénarès, James Prinsep, découvrira la clé d'un alphabet jusque-là mystérieux. Car ce texte n'était rédigé ni en pāli ni en sanskrit, mais en māgadhī, langue prakrite de type oriental, sans doute apparentée...
  • BRAILLE

    • Écrit par Françoise MAGNA
    • 7 024 mots
    • 3 médias
    ...(écriture coupée, écriture nocturne...), dont le principe se retrouve dans le système qu'il conçoit ultérieurement et dont s'inspirera Louis Braille. Charles Barbier dispose les 25 lettres de l'alphabet français (la lettre w n'existait alors pas en français) en cinq colonnes de cinq lignes chacune, et...
  • BRULY BOUABRÉ FRÉDÉRIC (vers 1923-2014)

    • Écrit par André MAGNIN
    • 1 189 mots

    Frédéric Bruly Bouabré est né vers 1923 à Zéprégühé, petit village de la Côte d'Ivoire (alors une colonie de l'Afrique-Occidentale française) ; il vit et travaille à Abidjan. Comme le dit Bouabré, en Afrique, quand un homme est né, on se contente de savoir qu'il est né, on ne...

  • CORÉE - Littérature

    • Écrit par Ogg LI, Marc ORANGE, Martine PROST
    • 9 648 mots
    En revanche, l'invention de l'alphabet coréen, en 1443, que l'on attribue au roi Sejong (règne : 1418-1450), marqua le début d'un renouveau de la littérature coréenne. Le premier essai en han'gŭl, nom donné à ce nouveau système d'écriture phonétique, fut tenté, sur l'ordre du...
  • Afficher les 19 références

Voir aussi