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22-29 avril 1988

France. Élections troublées en Nouvelle-Calédonie et prise d'otages

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Le 22, quatre gendarmes sont tués et vingt-sept pris en otages à la suite de l'attaque, par des indépendantistes canaques du F.L.N.K.S., de la brigade de Fayaoué sur l'île d'Ouvéa. Ce regain de violence, qui s'étend aussi à d'autres régions, était redouté après la fixation par le gouvernement des élections régionales le même jour que le premier tour de l'élection présidentielle et après la décision des indépendantistes d'appeler au boycottage du scrutin.

Le 24, les élections régionales et présidentielle sont perturbées par de nombreux incidents, surtout sur la côte est du territoire, où plusieurs bureaux de vote ne peuvent ouvrir leurs portes. Le taux moyen d'abstention dépasse 43 p. 100, mais il est bien supérieur dans les régions de peuplement mélanésien : 75,8 p. 100 sur la côte est, 82 p. 100 dans les îles Loyauté. Le R.P.C.R., proche du R.P.R., obtient, avec 64,46 p. 100 des suffrages exprimés, 35 (+ 10) des 48 sièges du Congrès, tandis que le Front national, avec 22,5 p. 100 des voix, en obtient 8 (+ 5). À l'élection présidentielle, Jacques Chirac recueille 74,67 p. 100 des suffrages, contre 4,98 p. 100 à François Mitterrand.

Le 25, Bernard Pons, ministre des D.O.M.-T.O.M., arrive à Nouméa pour tenter de régler la question des otages, dont douze sont effectivement libérés en deux jours. Il porte le débat sur le terrain électoral en accusant le président de la République d'être responsable de la dégradation de la situation, provoquant un tollé des responsables socialistes en métropole.

Le 26, des affrontements entre gendarmes et indépendantistes se poursuivent en plusieurs points du territoire. Une jeune Mélanésienne ainsi qu'un métis sont tués.

Le 27, six gendarmes du G.I.G.N., dont le capitaine Philippe Legorjus qui le commande, un gendarme mélanésien et un magistrat de Nouméa, venus à Ouvéa pour tenter de négocier la libération des otages, sont enlevés à leur tour, et se retrouvent détenus avec les autres otages dans une grotte d'accès difficile.

Le 28, Bernard Pons demande la dissolution du F.L.N.K.S., qui refuse de se désolidariser des preneurs d'otages. Mais Jacques Chirac ne retient pas cette suggestion, en raison de l'hostilité de François Mitterrand.

Le 29, au cours d'un meeting à Lille, le président de la République demande solennellement aux indépendantistes de libérer les otages. Mais, sur le terrain, les négociations sont dans l'impasse, les ravisseurs exigeant la nomination d'un médiateur « pour discuter d'un référendum d'auto-détermination ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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