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1er-30 novembre 2001

Afghanistan - États-Unis. Poursuite de l'offensive militaire en Afghanistan et victoire de l'Alliance du Nord

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Le 1er, tandis que les bombardements américains se poursuivent en Afghanistan, le secrétaire général de l'O.N.U., Kofi Annan, affirme qu'« il n'y a pas de solution militaire au problème afghan et que tout règlement nécessite une large base ethnique ». Washington confirme, de son côté, la poursuite des frappes durant le ramadan, qui débute le 17.

Le 1er également, la chaîne qatarie Al-Jazira reçoit et diffuse un message d'Oussama ben Laden qui s'en prend au régime d'Islamabad et appelle les musulmans pakistanais à défendre l'Afghanistan. Les talibans accueillent plus de 1 200 combattants pachtouns pakistanais qui ont franchi la frontière.

Le 4, les neuf principaux chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne, réunis à Londres, constatent les limites de l'action militaire et appellent au renforcement des moyens diplomatiques et humanitaires en Afghanistan.

Le 6, le président américain George W. Bush tente de remobiliser la coalition antiterroriste internationale en affirmant qu' « aucune nation ne peut être neutre dans ce conflit [...]. Ou bien on est avec nous, ou bien on est contre nous ».

Le 6 également, le président français Jacques Chirac, en visite à Washington, insiste, face à son homologue américain, sur « la nécessité politique de mettre en place les structures d'un État moderne en Afghanistan; l'exigence urgente d'une aide humanitaire [...]; les crises qui [...] risquent d'apporter de l'eau au moulin du terrorisme [...] en particulier au Moyen-Orient ».

Le 9, les troupes de l'Alliance du Nord, l'opposition armée au régime de Kaboul, conduites notamment par le chef de guerre ouzbek Abdul Rachid Dostom, s'emparent sans résistance de Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord du pays abandonnée par les talibans. Le secrétaire d'État américain, Colin Powell, juge « préférable » que les combattants de l'Alliance du Nord, auxquels la population n'est « pas forcément favorable », ne pénètrent pas dans Kaboul.

Le 9 également, la presse pakistanaise publie un entretien avec Oussama ben Laden qui menace d'utiliser des armes chimiques et nucléaires contre les États-Unis si ceux-ci en font usage contre les talibans.

Le 10, dans son allocution devant l'Assemblée générale des Nations unies, le président Bush rappelle les devoirs de l'O.N.U. et des États qui la composent dans la lutte active contre le terrorisme. « Le temps de la sympathie est maintenant passé. Le temps de l'action est venu », affirme-t-il.

Le 12, les forces de l'Alliance du Nord, qui progressent rapidement dans le nord et l'ouest du pays, prennent le contrôle de la ville d'Herat, dans le Nord-Ouest.

Le 13, elles pénètrent sans combattre dans Kaboul, évacué par les talibans. Ces derniers se replient sur leur fief de Kandahar. Une autre poche de résistance talibane s'organise autour de Kunduz, dans le Nord. Les jours suivants, tandis que la vie reprend dans la capitale, les Américains concentrent leurs bombardements sur les réseaux de grottes utilisés comme refuge par les talibans.

Le 13 également, le président Bush signe un décret autorisant le jugement, par des tribunaux militaires, des étrangers soupçonnés d'actes de terrorisme. Dénoncé par les organisations de défense des libertés, le recours à la justice militaire constituerait un fait sans précédent dans le pays depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le 13 toujours, le président russe, Vladimir Poutine, qui effectue sa première visite aux États-Unis, rencontre le président Bush. Les deux hommes publient plusieurs déclarations communes qui illustrent la « nouvelle relation pour le xxie siècle » entre leurs deux pays, notamment dans le cadre de la lutte antiterroriste.

Le 14, alors que les partis religieux pakistanais appellent à venir en aide aux talibans, le président pakistanais, Pervez Moucharraf, prône la démilitarisation de Kaboul et l'envoi dans la capitale afghane d'une force de l'O.N.U. constituée par des pays musulmans.

Le 14 également, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité la résolution 1378 qui prône l'établissement à Kaboul d'un régime de transition « pleinement représentatif du peuple afghan », et propose implicitement l'envoi d'une force internationale dans le pays. Toutefois, dès la prise de Kaboul, l'Alliance du Nord avait rejeté l'envoi d'une force internationale en Afghanistan. Elle fera obstacle au déploiement de forces britanniques à Bagram, au nord de Kaboul, en vue d'encadrer des opérations d'assistance humanitaire. Par ailleurs, l'Ouzbékistan bloquera l'envoi de forces françaises à Mazar-i-Sharif.

Le 14 toujours, les huit membres de l'organisation humanitaire non gouvernementale Shelter Now International – quatre Allemands, deux Américains et deux Australiens –, arrêtés par les talibans en août, sont relâchés près de Ghazni, au sud de Kaboul.

Le 14 encore, les ministres des Affaires étrangères des Quinze, réunis à Bruxelles, conditionnent leur soutien financier à l'Afghanistan à l'installation à Kaboul d'un régime « légitime et multiethnique ».

Le 14 aussi, le représentant de l'O.N.U., l'Algérien Lakhdar Brahimi, obtient l'accord des diverses factions afghanes et de l'ancien roi Zaher Shah en vue de l'organisation, en Allemagne, à la fin du mois, d'une conférence d'entente nationale sur l'avenir du pays et sur ses futures institutions.

Le 21, une cinquième personne meurt de la maladie du charbon aux États-Unis. La veille, les autorités avaient évoqué l'hypothèse d'une origine interne pour ces actes terroristes.

Le 22, les autorités pakistanaises décident la fermeture de l'ambassade des talibans à Islamabad.

Le 25, après deux semaines de négociations émaillées de nombreuses désertions dans les rangs talibans, les troupes du chef tadjik Mohammed Daoud, appuyées par celles du chef ouzbek Abdul Rachid Dostom, entrent dans Kunduz.

Le 25 également, plusieurs centaines de marines commencent à se déployer au sud de Kandahar en vue d'appuyer les forces de l'Alliance du Nord dans leur conquête du fief taliban. Jusqu'à présent, seuls des membres des forces spéciales américaines étaient présents sur le terrain.

Le 25 toujours, des centaines de prisonniers pro-talibans se mutinent dans une prison de Qala-i-Jhanghi, près de Mazar-i-Sharif. Environ 450 combattants étrangers pro-talibans seront tués lors de la répression de ce soulèvement, qui s'achèvera le 28. Un agent de la C.I.A. y est également tué. Il s'agit de la première victime américaine en Afghanistan.

Le 26, le président Bush affirme que l'Irak « devra rendre des comptes » s'il n'autorise pas le retour des inspecteurs de l'O.N.U. chargés de vérifier qu'aucune arme chimique et biologique n'est plus fabriquée dans le pays. Les inspecteurs avaient été renvoyés par Bagdad en décembre 1998.

Le 27, la conférence interafghane entame ses travaux à Bonn. Elle réunit quatre délégations: celle de l'Alliance du Nord; celle de Rome représentant l'ancien roi Zaher Shah; celle de Peshawar, proche du Pakistan; et celle de Chypre, proche de l'Iran. Celles-ci s'accordent sur le principe de la désignation d'un gouvernement et d'un Parlement provisoires.

Le 27 également, le président Moucharraf affirme reconnaître l'Alliance du Nord. Le 30, le président en titre de l'Afghanistan, Burhanuddin Rabbani, se dira « profondément intéressé » par l'ouverture de relations diplomatiques avec Islamabad.

Le 28, les autorités américaines établissent un nouveau bilan des attentats du 11 septembre, qui s'élève à environ 3 700 morts.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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