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XYLOPHONE

Instrument de percussion comportant une série de tuyaux de bambou ou de pièces de bois semi-cylindriques ou plates, de longueur et d'épaisseur variables, et suspendus au-dessus d'une caisse de résonance (vase, fosse en terre) ou bien soutenus par un cadre ; ces tiges de bois sont frappées par des maillets ou des baguettes de diverses sortes (feutrés, caoutchoutés). Originaire très vraisemblablement d'Indonésie, le xylophone connaît des variantes élémentaires ; deux ou trois pièces de bois posées sur les jambes d'un exécutant ou sur deux barres d'appui, un trou creusé en terre servant de caisse de résonance : telle serait sa forme primitive. À un stade plus complexe, les barres de bois sont attachées à un cadre et souvent munies de résonateurs faisant partie intégrante de l'instrument. Parmi les xylophones les plus élaborés, le gambang indonésien possède des barres fixées à un creuset de bois servant de résonateur ; il couvre une tessiture de trois octaves et demi, voire de quatre octaves. Il fait partie du gamelan. Connu dans les temples javanais de Bārābudur et de Panataran (viiie et xive s.), il donna naissance à des instruments similaires (métallophones), eux aussi très employés dans la musique indonésienne. L'Inde, la Perse et l'Arabie ont ignoré le xylophone. C'est de Birmanie qu'il passa en Chine, au xviiie siècle ; il provenait alors certainement de la péninsule malaise, où subsistent encore, ainsi qu'en Nouvelle-Guinée et à Madagascar, ses formes les plus primitives. Le xylophone, un des principaux instruments de la musique africaine, y existe sous plusieurs formes. Ibn Baṭṭūṭa le mentionne au xive siècle à la cour du Mali. Le balafon comprend des calebasses en guise de résonateurs, correspondant souvent à chacune des quinze à vingt lames de frappe. Il y a parfois un mirliton (membrane qui entre en vibration lors de la percussion) fixé sur la paroi du résonateur, ce qui donne un son légèrement bourdonnant. Beaucoup de xylophones africains rappellent ceux de l'Asie du Sud-Est par leur construction et la façon dont ils sont accordés. Ils furent sans doute introduits en Afrique par des peuples marchands ou migrateurs. Adopté en Amérique latine dès le xvie siècle, sous le nom de marimba(une de ses dénominations africaines) par les Indiens Colorado et Cayapa de l'Équateur, le xylophone y arriva probablement par l'intermédiaire d'esclaves africains. Il est répandu dans tout ce continent. Mentionné pour la première fois en Europe en 1511, il est connu sous le nom de Hölzernes Gelächter (percussion de bois) ou de Strohfiedel (vielle de paille, car ses barres reposaient sur de la paille) ; il resta longtemps un simple instrument populaire, dont les barres s'éloignaient du joueur au lieu de s'étendre de sa gauche à sa droite. Le xylophone est représenté par Holbein et figure dans des scènes de danse macabre. Mersenne en parle et l'attribue aux Turcs. Aux xviie et xviiie siècles, c'est le claquebois, la régale de bois ou l'eschelette. Les carillonneurs flamands et hollandais utilisaient souvent une variante à clavier. Vers 1830, le xylophone connut soudain une grande notoriété grâce aux tournées de concerts en Europe du virtuose judéo-russe Michal Josef Guzikov (1806-1837), qui se servait d'un instrument à quatre rangs chromatiques de douze notes chacun. Le Danois Hans Christian Lumbye (1810-1874) l'utilisa, certainement le premier, dans ses musiques de genre écrites pour le Tivoli de Copenhague, et Saint-Saëns l'introduisit dans l'orchestre symphonique (Danse macabre, 1874). Depuis lors, les musiciens du xxe siècle lui ont offert une place non négligeable. Citons seulement Stravinski, Bartók, Messiaen, Boulez, Chostakovitch... Carl Orff emploie sept xylophones dans son Antigone. Son utilisation dans le jazz reste[...]

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Paul LACAS. XYLOPHONE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Xylophone - crédits : Encyclopædia Universalis France

Xylophone

Xylophone - crédits : Orlando/ Three Lions/ Hulton Archive/ Getty Images

Xylophone

Autres références

  • XYLOPHONE, en bref

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 627 mots
    • 5 médias

    Le xylophone est un instrument à percussion à sons déterminés composé d'une série de lames de bois que l'on frappe avec des mailloches comportant une tête en bois, en caoutchouc ou en matière synthétique. Les lames du xylophone moderne sont disposées sur deux rangs, selon une gamme chromatique, les...

  • INSTRUMENTS DE MUSIQUE - Facture instrumentale

    • Écrit par Daniel MAGNE, Anne PENESCO
    • 6 790 mots
    • 14 médias
    ...une corde, entourée de toile ou de cuir colophané, que l'on tire de bas en haut. Les instruments en bois donnent des sons déterminés. Citons le xylophone, formé d'un nombre variable de lames de bois de palissandre ou de bois de rose placées sur une caisse de résonance et dont l'équivalent, chez...
  • MARIMBA

    • Écrit par Universalis
    • 318 mots

    Sorte de xylophone, dont il existe plusieurs variétés. Marimba est l'un des nombreux noms africains du xylophone et, comme les instruments africains qui portent ce nom possèdent souvent une calebasse accordée en guise de caisse de résonance pour chaque lame de bois, certains ethnomusicologues emploient...

  • MUSICALES (TRADITIONS) - Musique d'Afrique noire

    • Écrit par Charles DUVELLE
    • 9 339 mots
    Certains de ces instruments sont assez largement répandus, d'autres sont relativement localisés : lexylophone par exemple se rencontre en Afrique de l'Ouest, en Afrique centrale et orientale et dans le sud du continent, aussi bien dans les zones forestières que dans les régions de savanes ; en revanche,...
  • PERCUSSION, musique

    • Écrit par Jean GAUTHIER, Sylvio GUALDA, Paul MÉFANO
    • 5 607 mots
    • 11 médias
    Les premiers métallophones ont été introduits en Europe au xviie siècle : le saron (xylophone avec des lames de bois converties en bronze) est à l'origine (Java, Bali) de nos modernes jeux de timbres. Haendel emploie un carillon dans Saül et Mozart un glockenspiel dans La Flûte enchantée...