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ACCONCI VITO (1940-2017)

L’aménagement de l’espace urbain

Presque toutes les vidéos d'Acconci traitent, sous diverses formes, de l'enfermement des individus, de l'anormalité et des lubies privées, mais aussi des désirs sociaux et politiques, où chaque spectateur peut reconnaître une part de lui-même. À cet égard, les textes aux contenus percutants proférés par Acconci dans les vidéos sont fondamentaux pour établir une communication entre l'œuvre et le spectateur, le sujet et l'objet, l'art et la vie. La relation intersubjective qui manquait entre les corps, entre les gestes, entre les paroles prendra une autre voie au début des années 1980, époque à laquelle il délaisse la vidéo après la réalisation de The Red Tapes (1976), dans laquelle il propose un commentaire de son travail antérieur. Acconci comprit que cette forme frontale qu'est la vidéo était porteuse de libertés, car l'on pouvait faire voler en éclats les normes sociales en utilisant les mêmes paramètres.

Prisonnier de ce contexte américain qui était capable de produire sa propre contre-culture, et d'où, en dernière instance, l'individu sortait toujours vainqueur au détriment du projet social, Acconci s'est alors tourné vers une réflexion sur l'espace public et a fabriqué des objets, des installations, du mobilier urbain, des maquettes de projets architecturaux (parfois réalisés, comme ce projet pour le réaménagement de l'avenue des Narcisses à Chenôve, dans la banlieue de Dijon en 1998). Il fonde ainsi en 1988 Acconci Studio, conçu comme une cellule de travail réunissant des architectes et des artistes, et correspondant aux exigences du dialogue et de l'échange entre individus au sein d'une société. Dans ce cadre, il réalise l’enveloppe externe du vieil immeuble et l’environnement intérieur du magasin United Bamboo à Daikanyama, Tōkyō (2003), et propose un nouveau concept de présentation des livres sur plusieurs plans transparents orientés en différentes directions pour la librairie de l’Armory Show, New York, en 2007.

Vito Acconci meurt à Brooklyn, le 28 avril 2017.

— Jacinto LAGEIRA

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Écrit par

  • : professeur en esthétique à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, critique d'art

Classification

Pour citer cet article

Jacinto LAGEIRA. ACCONCI VITO (1940-2017) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BODY ART

    • Écrit par Anne TRONCHE
    • 4 586 mots
    • 1 média
    Venu de la poésie,Vito Acconci définit, à partir de 1969, son corps comme lieu sur lequel il peut intervenir méthodiquement. La répétition épuisante du même geste, l'enregistrement des variations du rythme biologique au cours d'un effort physique, la mesure de l'intensité de la douleur provoquée par...
  • HAPPENING

    • Écrit par François PLUCHART
    • 4 079 mots
    ...à une fête ou de faire se révéler des instincts, fussent-ils les plus nobles, mais de faire prendre conscience des déterminismes sociaux. À cet égard, Vito Acconci, qui a été le premier créateur de l'art corporel aux États-Unis, a déclaré dans un entretien publié dans le deuxième numéro de la revue ...
  • SONNABEND ILEANA (1914-2007)

    • Écrit par Bénédicte RAMADE
    • 963 mots

    Ileana Schapiro est née le 28 octobre 1914 à Bucarest dans une famille roumaine très aisée. Le parcours de celle dont le nom fut étroitement lié à la diffusion du pop art croise celui d'un des plus grands galeristes new-yorkais, le Triestin Leo Castelli, alors employé des assurances en...

Voir aussi