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BLÜCHER VASSILI KONSTANTINOVITCH (1890-1938)

Issu d'un milieu de paysans, Blücher, qui exerce de multiples petits métiers, est emprisonné de 1910 à 1913, vraisemblablement pour incitation à la grève.

La Grande Guerre en fait un officier mobilisé dans l'armée du front sud-ouest. Hospitalisé entre 1915 et 1916, il reprend bientôt du service comme volontaire et commande un détachement de gardes rouges dans la région de l'Oural. Faisant preuve d'une grande valeur militaire, il combat les troupes contre-révolutionnaires russes et tchécoslovaques et devient commandant adjoint dans la IIIe armée, qui défend Viatka.

La révolution bolchevique, aux prises avec les troupes blanches et étrangères, assure à Blücher un rôle des plus importants : il sert dans le district militaire sibérien (1921-1922), fait partie du ministère de la Guerre, devient commandant en chef du district de l'Orient et dirige le secteur fortifié de Petrograd (actuellement Leningrad). Il est, dès lors, devenu un héros de la guerre civile.

La révolution chinoise, inspirée par Sun Yat-sen, va conférer à Blücher une importance nouvelle hors des frontières de l'Union soviétique, au sein de l'Internationale communiste (Komintern) : à la requête du gouvernement révolutionnaire de Canton, qui veut se forger une armée nationale puissante capable de vaincre les seigneurs de la guerre féodalistes, l'Union soviétique dépêche auprès de Sun Yat-sen une quarantaine de conseillers militaires dont Blücher est le chef (oct. 1924).

Au cours de cette mission, Blücher rencontre Tchiang Kai-chek et Liao Zhongkai, les leaders prédominants du Guomindang, avec lesquels il fonde la célèbre Académie militaire de Whampoa, qui va former les cadets de la future armée révolutionnaire. En 1925, il interrompt son séjour en Chine pour se faire hospitaliser en Union soviétique (il a reçu dix-huit blessures lors de la guerre civile), puis retourne à Canton en mai 1926.

Aussi populaire en Chine que dans son propre pays, Blücher organise la jeune armée du Guomindang, préside à son entraînement et participe personnellement à des opérations militaires. Il est ainsi l'un des principaux artisans des premiers succès de la révolution chinoise : la défaite, en 1924, des factions contre-révolutionnaires cantonaises, les « tigres de papier », et, en 1926-1927, la glorieuse « expédition du Nord » — « Beifa » —, lancée contre les satrapes du nord de la Chine.

Dans cette période mouvementée de l'histoire de la révolution chinoise où Staline joue un rôle retors, l'envoyé du Komintern fait figure de théoricien militaire et politique, doublant ainsi les fonctions de Mikhaïl Borodine (Grouzenberg). En plus de ses écrits de stratégie et de tactique, Blücher analyse la situation prévalant en Chine, examinant les diverses forces en présence (seigneurs de la guerre, compradores, bourgeoisie nationaliste, Guomindang), étudiant les conditions de la prise du pouvoir par les révolutionnaires, pressentant la neutralité contrainte de la Grande-Bretagne pour fixer les objectifs du Guomindang. Son intervention en matière de stratégie et de logistique, parachevée par des succès tactiques, donne beaucoup de poids à l'Union soviétique en Extrême-Orient.

Cependant, l'alliance entre le Parti communiste chinois et le Guomindang préconisée par Moscou ne tarde pas à se détériorer : Tchiang Kai-chek lance un coup de semonce en mars 1926 qui va déboucher, en avril 1927, sur une sanglante terreur blanche (commune de Canton) au cours de laquelle le Parti communiste chinois s'enterre dans la clandestinité, tandis que les envoyés du Komintern sont obligés de s'enfuir en Union soviétique.

De retour en Union soviétique, Blücher accède à diverses fonctions importantes (membre du Tribunal suprême qui condamne le maréchal Toukhatchevski en 1937, membre du Præsidium), auréolé d'un prestige immense[...]

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Michel HOANG. BLÜCHER VASSILI KONSTANTINOVITCH (1890-1938) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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