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MONTPELLIER UNIVERSITÉ DE

Au xiie siècle, c'est à Montpellier et à Salerne que siégeaient les principales écoles de médecine d'Occident. La grande et prospère cité languedocienne entretenait des contacts avec la médecine hébraïque, représentée dans de nombreuses communautés juives du Midi, et une ouverture vers la médecine arabe, notamment par l'Espagne musulmane. En 1181, le comte Guilhem VIII accorda à quiconque le désirait le droit d'ouvrir une école de médecine à Montpellier. Peu à peu, ces écoles s'organisèrent en une corporation. En 1220, le légat pontifical Conrad donna à l'université de médecine de Montpellier ses premiers statuts officiels ; elle était placée sous la juridiction de l'évêque de Maguelone, mais le chancelier devait être pris parmi les docteurs eux-mêmes. Par la suite apparurent des universités d'arts (vers 1240), de droit (vers 1260) et de théologie (1421) ; elles restèrent très inférieures en réputation à l'université de médecine ; néanmoins, l'université de droit, dont les premiers professeurs avaient été formés à Bologne, contribua au succès du droit romain en France, et certains des grands « légistes » du roi, comme Guillaume de Nogaret (1260 ?-1313), en sont issus. L'université de médecine recevait des étudiants de tout l'Occident. Tout étudiant en médecine devait avoir suivi une formation préliminaire en arts ; les études de médecine proprement dites duraient cinq ou six ans. Le pape Clément V en fixa définitivement le programme en 1309 ; l'essentiel était la lecture des principales autorités (Hippocrate, Galien, Avicenne) et des commentaires de certains médecins juifs, arabes et salernitains (Constantin l'Africain). Une place plus grande qu'à Paris était, cependant, faite aux exercices pratiques : pendant l'été, les futurs médecins devaient effectuer des stages à Montpellier ou au-dehors auprès de praticiens ; à partir de 1340, l'université reçut, tous les deux ans puis tous les ans, le cadavre d'un supplicié pour organiser une dissection. Les médecins les plus célèbres du xive siècle, qui soignèrent les princes et les papes, furent presque tous formés à Montpellier car les écoles de Salerne étaient alors tombées en complète décadence. Citons Arnaud de Villeneuve, très versé aussi en alchimie, Bernard de Gordon, Gui de Chauliac, dont la Grande Chirurgie(1367) montre qu'à l'inverse de ses collègues parisiens il ne méprisait ni l'anatomie descriptive ni la pratique chirurgicale. Enfin, l'université de médecine contrôlait, comme ailleurs, l'exercice légal de la médecine et surveillait les corporations de chirurgiens et de barbiers. De 1380 à 1480 environ, l'université de Montpellier semble avoir connu de graves difficultés (concurrence des nouvelles universités ou absence de salaires fixes pour les professeurs ?) ; ses effectifs tombèrent à quelques centaines d'étudiants. Après 1498, elle retrouva vigueur grâce à des subventions royales et sut se montrer accueillante aux humanistes (Rabelais y enseigna). Elle souffrit beaucoup des guerres de religion. Sous Henri IV, elle passa pendant quelques années sous le contrôle des calvinistes qui lui fournirent, en droit et en arts, des professeurs remarquables comme les humanistes Pacius et Isaac Casaubon. Puis vinrent la réaction catholique et le déclin. Les Jésuites mirent la main sur les classes de lettres et de théologie. L'université de médecine resta, cependant, la meilleure de France car elle sut introduire dans son enseignement les disciplines scientifiques modernes (botanique, chimie) et compta au xviiie siècle quelques professeurs illustres comme Bordeu et Barthez. La Révolution supprima l'université de Montpellier en 1792, mais on y rétablit dès 1795 une école de médecine. Cela témoigne de la permanence d'une vocation[...]

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, assistant à l'université de Nancy-II

Classification

Pour citer cet article

Jacques VERGER. MONTPELLIER UNIVERSITÉ DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARNAUD DE VILLENEUVE (1235-1311)

    • Écrit par Jacqueline BROSSOLLET
    • 336 mots

    Le plus célèbre des médecins de l'école de Montpellier, au xiiie siècle. Né en Espagne, d'où son surnom de « Catalan », il étudia à Paris, à Montpellier et à Salerne, puis se fixa à Montpellier d'où il fit de fréquents voyages en Italie, en France et en Espagne pour remplir des missions tant...

  • BARTHEZ PAUL JOSEPH (1734-1806)

    • Écrit par Jacqueline BROSSOLLET
    • 372 mots

    Médecin français, chef de l'école de Montpellier et l'un des fondateurs de la théorie vitaliste qui influença les savants du xixe siècle. Cette théorie eut des admirateurs, dont X. Bichat, mais elle fut violemment critiquée par F. Magendie et Claude Bernard.

    Docteur de la faculté...

  • MONTPELLIER

    • Écrit par Universalis, Jean-Paul VOLLE
    • 1 570 mots
    • 2 médias
    ...marchande, tolérante, ouverte aux étrangers, en particulier aux Juifs, qui forment une importante communauté. Elle compte jusqu'à 40 000 habitants et, depuis la bulle papale de Nicolas IV en 1289, ses écoles sont érigées en Université de droit, médecine et ès arts. On y enseigne aussi la théologie en...
  • MOYEN ÂGE - Les universités médiévales

    • Écrit par Jean FAVIER
    • 2 179 mots
    • 1 média
    ...correspondant à l'enseignement supérieur, sont inégalement établies, et inégales en réputation : ainsi, Paris, célèbre pour les arts et la théologie, n'a pas de faculté de droit civil, cependant que Montpellier brille pour la médecine et le droit civil, et Bologne par ses enseignements juridiques.

Voir aussi