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UNION EUROPÉENNE (HISTOIRE DE L')

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Débats et controverses autour de la construction européenne 

Depuis les années 1950, la construction européenne s’est inévitablement trouvée, et se trouve encore, au centre de nombreux débats et controverses qui sont constitutifs de son histoire.

L’identité européenne

Existe-t-il une identité européenne ? Pour les fédéralistes, cela ne fait aucun doute : l’Europe partage un passé commun (l’Occident médiéval, la Renaissance, les Lumières et surtout les expériences destructrices des guerres…) et s’exprime à travers des valeurs qui lui sont propres. À la différence d’autres pays occidentaux, comme les États-Unis, ceux de l’Union européenne sont organisés autour de centres urbains à taille humaine. Ils interdisent partout la peine de mort, protègent généralement le droit à l’avortement et sont assez profondément sécularisés. L’Union est guidée par la conviction que les conflits peuvent être réglés par le droit, plus que par la confrontation. Mais ces éléments suffisent-ils à créer une nouvelle identité à la mesure des identités nationales ? En d’autres termes : peut-on mourir pour l’Europe ? Le sentiment d’appartenance à l’Union peut-il justifier le sacrifice suprême ? Tel n’est pas le cas aujourd’hui. Lorsque, à partir de 2014 et plus encore depuis 2022, les Ukrainiens affirment se battre pour l’Europe, ils combattent effectivement pour des valeurs communes aux autres Européens (la démocratie libérale, une société séculière respectueuse des femmes, etc.), mais avant tout pour exprimer leur identité nationale.

Institutionnellement, c’est en 1973, dans la déclaration de Copenhague, que la Communauté européenne ébauche une première définition de l’identité européenne assez générale, en insistant sur les principes de la démocratie libérale. En 1993, les critères d’adhésion à l’UE, dits « de Copenhague », adoptés lors du Conseil tenu dans la capitale danoise, formalisent les éléments essentiels de l’identité européenne. Ils sont de trois natures : les critères politiques, qui s’articulent autour des principes de la démocratie libérale (démocratie politique, primauté du droit, droits de l’homme, respect des minorités) ; les critères économiques (existence d’une économie de marché viable) ; l’acceptation de l’acquis communautaire. D’un point de vue plus symbolique, la Communauté a adopté au milieu des années 1980 ses trois emblèmes : le drapeau aux douze étoiles (le même que celui du Conseil de l’Europe), la fête de l’Europe du 9 mai et un hymne (L’Ode à la joie, de Beethoven, œuvre d’inspiration pacifiste).

La diversité du continent influe sur la relation qu’entretiennent les différents États membres à l’identité européenne. Les pays qui ont fait partie des Communautés européennes depuis les lendemains de la déclaration Schuman se sont en partie identifiés à l’Europe carolingienne, l’Europe des Six correspondant à peu près au territoire de l’empire de Charlemagne. Sans prétendre établir un lien généalogique avec celui-ci, la référence permettait de se référer à une sorte d’ancêtre symbolique commun. Le prix Charlemagne, décerné par la ville d’Aix-la-Chapelle depuis 1949 à des personnalités ayant œuvré pour la construction européenne, perpétue ce souvenir. La France, très attachée à ce format d’une Europe à Six qui maximisait son influence, s’est fréquemment montrée réticente aux élargissements, repoussant le Royaume-Uni dans les années 1960, retardant l’adhésion de l’Espagne – pour cause de concurrence agricole – dans les années 1980, puis celle des pays d’Europe centrale – de peur d’une dilution de l’Union – dans les années 1990-2000 (Lequesne, 2008). Au contraire, l’attachement à la construction européenne du Royaume-Uni – qui refusa l’offre de Schuman en 1950 et l’entrée dans la CEE en 1957, alors qu’il avait été associé par les Six aux négociations de 1955 – a toujours[...]

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Écrit par

  • : professeur d’histoire à Sorbonne Université, chaire d'histoire de l'Europe

Classification

Pour citer cet article

Laurent WARLOUZET. UNION EUROPÉENNE (HISTOIRE DE L') [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 16/04/2024

Médias

La Société des Nations - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La Société des Nations

Robert Schuman - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Robert Schuman

Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, 1978 - crédits : Bettmann/ Getty Images

Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, 1978

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