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MEINHOF ULRIKE (1934-1976)

Le 9 mai 1976 à sept heures et demie du matin, Ulrike Meinhof fut trouvée pendue aux barreaux de sa cellule, dans la prison de Stuttgart-Stammheim. Après Holger Meins, décédé des suites d'une grève de la faim, et Katharina Hammerschmidt, victime d'un cancer, elle était la troisième personne du groupe Baader-Meinhof à mourir en prison.

Née à Oldenburg, en Basse-Saxe, dans une famille de professeurs, orpheline à quinze ans, Ulrike Meinhof est prise en charge par une amie, Renate Riemeck, professeur, connue pour ses sympathies gauchistes. Pacifiste convaincue, elle milite alors dans le mouvement qui fait campagne contre l'armement atomique. Excellente étudiante, Ulrike Meinhof fait la connaissance de Rainer Roehl, éditeur du Studentenkurier, prédécesseur de Konkret, publication érotico-gauchiste. Deux filles naissent du mariage avec Roehl. Collaboratrice de Konkret, Ulrike Meinhof se distingue par une plume brillante et acerbe qui fait d'elle une des intellectuelles les plus en vue de sa génération. Après sept ans de mariage, elle divorce et s'établit à Berlin où elle écrit des scénarios de films de télévision.

Très sensible à la contestation estudiantine des années 1960, profondément marquée par l'attentat de Pâques 1968 contre le principal animateur de celle-ci, Rudi Dutschke, et ayant pris conscience du rôle de l'impérialisme américain à travers la guerre du Vietnam, Ulrike Meinhof abandonne la contestation de salon pour le terrorisme.

Après avoir condamné leur recours à la violence, elle rejoint Andreas Baader et Gudrun Ensslin, des anarchistes qui prônent la résistance armée et la guérilla urbaine. Le 14 mai 1970, au cours d'une action de commando, elle fait évader Baader d'une prison de Berlin-Ouest ce qui lui vaudra, en novembre 1974, une peine de prison de huit années. Elle est désormais considérée comme la tête pensante du groupe Baader-Meinhof.

Arrestation d'Ulrike Meinhof, 1972 - crédits : Keystone/ Getty Images

Arrestation d'Ulrike Meinhof, 1972

Formés dans les camps palestiniens, les membres de la Fraction Armée rouge reviennent clandestinement en R.F.A. pour y commettre toute une série de vols et d'attentats. Pendant près de dix-huit mois, ils échappent à toutes les polices. Arrêtée à Hanovre le 15 juin 1972, peu après d'autres membres importants du groupe, Ulrike Meinhof est accusée (avec Baader, Ensslin et Jan Carl Raspe) de cinq meurtres, de cinquante tentatives de meurtre, de plusieurs attaques de banque, d'attentats à l'explosif et d'appartenance à une association de malfaiteurs. Le procès de Stuttgart s'ouvre le 28 mai 1975.

Ulrike Meinhof, opérée d'une tumeur du cerveau en 1962, supporte mal les conditions extrêmement dures de sa détention (privation sensorielle, isolement, vexations). Épuisée par une longue grève de la faim, sans doute en désaccord avec les autres détenus sur la façon d'assurer sa défense, désespérant de l'issue de son combat, elle écrivait : « Qui ne meurt pas est enterré vivant, dans les prisons, les maisons de rééducation, dans les trous des cités satellites, dans le sinistre béton des tours résidentielles. » Ses avocats mirent en doute la thèse du suicide, pourtant confirmée par les résultats de deux autopsies. Ulrike Meinhof fut inhumée le 15 mai 1976 dans le cimetière protestant de Berlin-Mariendorf en présence de nombreux jeunes au visage masqué. Sa mort provoqua de violentes réactions dans les milieux de l'extrême gauche allemande.

— Henri MÉNUDIER

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Henri MÉNUDIER. MEINHOF ULRIKE (1934-1976) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Arrestation d'Ulrike Meinhof, 1972 - crédits : Keystone/ Getty Images

Arrestation d'Ulrike Meinhof, 1972

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