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TUKĀRĀM (1607 env.-env. 1649)

Auteur mystique appartenant, comme Kabîr (xve s.), au mouvement hindou des « saints » (sant) qui se développa dans l'Inde du Nord et de l'Ouest à la fin de ce que l'Occident appelle le Moyen Âge et qui a donné naissance à toute une littérature poétique d'inspiration dévotionnelle (bhakti). Tukārām était un pauvre boutiquier de basse caste (il se targuait lui-même d'être un shūdra, un « homme de la classe des serviteurs »), probablement illettré, ce qui n'implique pas, d'ailleurs, qu'il fût tout à fait ignorant : en Inde, l'enseignement religieux est oral ; et Tukārām montra, à diverses reprises, qu'il était au fait des querelles théologiques de son temps.

Après divers malheurs familiaux et malgré l'opposition véhémente des brahmanes locaux, il se mit à prêcher dans son village, puis dans tout le pays marathe (à l'est de Bombay). Il organisait des kīrtans, c'est-à-dire des réunions où le prédicateur enseigne en invitant la foule des assistants à chanter des cantiques avec lui pour rythmer les diverses articulations de son discours. C'est ainsi sans doute que Tukārām se trouva conduit à composer des chants ou psaumes (abhang) qui sont parmi les plus beaux de la littérature religieuse indienne. Redonnant vie au pèlerinage de Pandharpur, où l'on vénère Vithobā (un avatâra de Vishnu), il composa d'autres cantiques destinés à rythmer la marche des pèlerins, les fidèles de la secte des vārkarīs. Après sa mort, réputée miraculeuse (il aurait été ravi au ciel), ses abhangs sont entrés dans le patrimoine religieux de l'ensemble de l'Inde.

— Jean VARENNE

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III

Classification

Pour citer cet article

Jean VARENNE. TUKĀRĀM (1607 env.-env. 1649) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HINDOUISME

    • Écrit par Anne-Marie ESNOUL
    • 9 148 mots
    • 4 médias
    ...est-il permis de déceler ici une influence musulmane, les contacts avec l'Islam étant fréquents en ces régions. La même remarque s'impose au sujet de Tukāram (1608-1694) qui était, lui aussi, un mystique marathe, écrivant en langue vulgaire. Adversaire du monisme shankarien, il répudia par ailleurs toute...
  • MARATHE LITTÉRATURE

    • Écrit par Ian RAESIDE
    • 2 607 mots
    ...littérature typiquement marathe, comme celle de toutes les autres langues indiennes, reste la poésie religieuse, et le grand poète de cette époque est Tukārām (1608-1694), l'humble boutiquier, dont les abhanga adressés à Viṭṭhala de Pandharpur sont aujourd'hui encore les « hymnes » préférés des...
  • VIṢṆU ou VISHNU ET VICHNOUISME

    • Écrit par Anne-Marie ESNOUL
    • 8 909 mots
    • 2 médias
    Au xviiie siècle, un autre mystique célèbre de la région marathe, Tukaram, marque plutôt un retour vers les formes habituelles de la religion. Toutefois, il témoigne lui aussi d'une sorte d'éloignement par rapport au culte des images ; il admet seulement la représentation de Viṭhoba et de son...

Voir aussi