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TOUTÂNKHAMON (XIVe s. av. J.-C.)

Gynécomastie, syndromes, pathologie et paludisme

Depuis la mise au jour de la momie, les spéculations sont nombreuses sur les maladies génétiques du jeune pharaon, notamment le syndrome de Marfan à l'origine de poitrines hypertrophiées (gynécomastie) suggérées par de nombreux reliefs, statuettes et autres sculptures d'Akhenaton et de Toutânkhamon montrant une apparence androgyne. Une telle poitrine n'a pu être décelée, car Toutânkhamon a perdu la majeure partie de la sienne et KV55 est un squelette momifié dont le bassin (fragmenté) ne semble pas présenter de traits féminins après tomographie, mais tout de même une petite taille et un aspect gracile d'après une inspection macroscopique et radiographique. Une des caractéristiques du syndrome de Marfan est la dolichocéphalie (crâne allongé). À l'exception de Youya, aucune des momies de la lignée de Toutânkhamon n'en présente de signe. Au contraire, Toutânkhamon et Akhenaton ont des crânes plutôt courts. Les représentations androgynes d'Akhenaton, et dans une moindre mesure de Toutânkhamon, sont plutôt liées à un style artistique qu'à une réalité physique.

Avant cette étude, de nombreuses radiographies de Toutânkhamon avaient été réalisées mais, en 2005, de nouvelles images obtenues à l'aide d'un scanner, qui avaient permis une reconstitution du visage du jeune pharaon, ont également révélé une fracture à la jambe gauche. Les nouveaux examens effectués par Hawass et son équipe indiquent clairement de multiples malformations aux pieds, lesquelles suggèrent que Toutânkhamon pouvait boiter et devait se déplacer en utilisant des cannes. Le fait qu'Howard Carter ait trouvé plus de cent trente cannes et bâtons portant des traces d'usure dans la tombe du pharaon, associé aux représentations montrant le pharaon assis dans des situations où il aurait dû se trouver debout (comme la chasse), semblent aller dans ce sens.

Le travail d'Hawass et de ses collaborateurs a également permis de mettre en évidence des traces de paludisme chez Toutânkhamon, Youya et possiblement chez Touya. Il est très difficile d'estimer la sévérité de l'infection, mais Toutânkhamon et Youya semblent avoir subi au moins deux infections successives. L'âge du décès pour Touya et Youya, aux alentours de cinquante ans, pourrait indiquer une infection tardive, une immunité partielle ou autre résistance face au parasite.

De nombreux éléments découverts dans la tombe du jeune mais fragile pharaon auraient pu constituer un traitement médical naturel servant à soulager les douleurs et la fièvre (huile, fruits de Cocculus, méricarpes de coriandre, baies de Juniperus, raisin, datte) provoquées par le paludisme et la nécrose des os. Les causes du décès de Toutânkhamon, qui avait besoin de cannes pour se déplacer, semblent donc dues à la combinaison de plusieurs pathologies associées à diverses inflammations.

— Véronique BARRIEL

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Écrit par

  • : maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle, Paris

Classification

Pour citer cet article

Véronique BARRIEL. TOUTÂNKHAMON (XIVe s. av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • VALLÉE DES ROIS

    • Écrit par Jean LECLANT
    • 932 mots
    • 8 médias

    À partir de la XVIIIe dynastie, le lieu de sépulture des pharaons se trouve séparé de leur lieu de culte ; celui-ci prend place désormais dans les « temples de millions d'années », une expression apparue dans les textes égyptiens dès la fin du Moyen Empire pour désigner un type de sanctuaire...

Voir aussi