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CAREW THOMAS (1595-1639)

Fils de sir Matthew Carew, juriste éminent, qui siégea à la Haute Cour de justice (Chancery), ce poète « cavalier », après des études à Merton College (Oxford), voyagea sur le continent en qualité de secrétaire de sir Dudley Carleton, ambassadeur à Venise, puis à La Haye. Il servit également lord Herbert of Cherbury (1583-1648), ambassadeur en France (1619-1624), lui-même poète « métaphysique » (comme son frère cadet George Herbert, 1593-1633, auteur de poèmes religieux d'une haute tenue). Thomas Carew reçut la faveur de Charles Ier, qui lui donna un poste à la Cour ; il y devint l'un des wits les plus brillants. Il fut l'ami de tous les poètes du temps, parmi lesquels sir John Suckling (1609-1642), Aurelian Townshend (1601-1643), Ben Jonson, qu'il admirait beaucoup, Donne, pour qui il écrivit une élégie pénétrante, sir William Davenant (1606-1668), le dramaturge qui devait relancer le théâtre après la Restauration avec Thomas Killigrew (1612-1683)... (Van Dyck fit le « portrait » de Killigrew et de Carew sur la même toile en 1638. L'œuvre se trouve dans la collection royale à Windsor.)

Carew se rendit assez vite célèbre par ses poèmes, qui circulaient abondamment en manuscrit, notamment par des vers de circonstance très libres, dont A Rapture, poème de jeunesse qui chante, non sans ironie, les extases amoureuses. Il composa, avec Inigo Jones, le grand décorateur italien en faveur à la Cour, un « masque » somptueux Coelum Britannicum (1633) qui peut rivaliser avec ceux de Ben Jonson. Un autre de ses poèmes est très célèbre, c'est la chanson :

Ask me no more where Jove bestowes

When June is past, the fading rose

For in your beauties orient deep

These flowers, as in their causes, sleep.

(Ne me demande plus où Jupiter dépose / Après le mois de juin la rose qui se fane / Car dans l'orient profond de votre beauté / Ces fleurs, comme dans leur essence, dorment).

On voit le conceit (la pointe). Carew appartient, en effet, à l'école des poètes métaphysiques et son style a parfois la vigueur de celui de Donne. Son élégie sur la mort de ce poète (1640) contient, sous une forme laudative, le jugement le plus pénétrant qui soit. Carew ne doit pas être considéré comme un poète mineur. Ses poèmes, souvent osés, sont riches en subtilité et en jeux intellectuels éloignés de toute mièvrerie.

— Henri FLUCHÈRE

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Écrit par

  • : doyen honoraire de la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence

Classification

Pour citer cet article

Henri FLUCHÈRE. CAREW THOMAS (1595-1639) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CAVALIERS POÈTES

    • Écrit par Louis BONNEROT
    • 432 mots

    Par une distinction sociale et politique plutôt que littéraire, on nomme poètes cavaliers, au milieu du xviie siècle, les poètes profanes, antipuritains, qui ont appartenu au parti royaliste. Successeurs de Ben Jonson, ils tirent de lui des exemples de sobriété et de régularité qui préparent...

  • MÉTAPHYSIQUES POÈTES

    • Écrit par Robert ELLRODT
    • 3 064 mots
    • 1 média
    ...Southwell, le classique Ben Jonson, le correct Edmund Waller, le roué de la Restauration, Rochester, ainsi que tous les «   cavaliers », fils de Ben mais sujets du « monarque de l'esprit », Donne : Thomas Carew, John Suckling, Richard Lovelace et la multitude des poètes de cour.

Voir aussi