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THÉRÈSE D'ÁVILA (1515-1582)

Le fait que Thérèse d'Ávila, qui par là se trouve être la première bénéficiaire de ce titre magistral, ait été en 1970 proclamée « docteur de l'Église » souligne la valeur exceptionnelle et toujours actuelle de la spiritualité de cette moniale castillane du xvie siècle. Sa riche personnalité a séduit ceux qui l'ont approchée de son vivant et séduit toujours ceux qui, même n'étant pas chrétiens, ont appris à la connaître par ses écrits, par ses traités et, plus encore, par ses lettres. Elle occupe par ailleurs une place de choix dans la littérature de son pays. Le redressement dogmatique, moral et disciplinaire promu par le concile de Trente, le réveil chez les catholiques, traumatisés par la sécession protestante, d'une religion intérieure fondée sur l'Évangile ont été puissamment secondés par ce que cette femme a su faire partager à ses contemporains de son expérience personnelle de Dieu. À l'époque présente, son message continue de répercuter celui du prophète Élie, père spirituel du Carmel : « Il est vivant, le Seigneur devant qui je me tiens » (I Rois, xvii, 1). La survivance de l'esprit de Thérèse d'Ávila a été assurée par la réforme, en 1562, de l'ordre antique du Carmel, dont la branche thérésienne comptait, à la fin des années 1980, à travers le monde, environ treize mille moniales et trois mille religieux, soucieux d'une fidélité attentive aux idées directrices de leur réformatrice, par-delà ce qui dans sa personnalité ou dans son œuvre n'était que le reflet transitoire d'un pays ou d'une époque.

La réformatrice

Teresa de Ahumada y Cepeda naquit probablement à Gotarrendura ; elle fut baptisée en l'église San Juan d'Ávila. Son père était le fils d'un marchand drapier de Tolède, qui, né dans une famille juive, mais baptisé dans son enfance, passa au judaïsme avant de revenir vers l'an 1500 à la religion catholique. La mère de Teresa appartenait à une famille de petite noblesse castillane.

Nourrie de pieuses lectures et des récits, qui étaient encore dans toutes les mémoires, de la conquête de Grenade, Thérèse voulut, à l'âge de sept ans, gagner le ciel à bon compte en s'enfuyant chez les musulmans – a tierra de Moros – dans l'espoir d'y subir le martyre. Ramenée par son oncle à la maison paternelle, elle se mit alors à rêver, faute de mieux, de la vie religieuse. Mais bientôt, un peu grisée par les succès que lui valait sa riche nature, elle commença à s'adonner aux vanités de son âge. Elle entretint même quelque temps avec l'un de ses cousins une innocente intrigue. Son père la confia alors aux augustines d'Ávila, chez lesquelles elle fut pensionnaire de seize à dix-huit ans. Elle y prit la résolution de se faire religieuse, plus dans le dessein d'assurer son salut personnel que par pur amour de Dieu ou par zèle des âmes. Entre les diverses maisons religieuses d'Ávila, elle choisit le Carmel, où elle avait une parente.

Son père s'opposa à sa vocation et Thérèse dut s'enfuir de la maison paternelle. Elle entra au Carmel de l'Incarnation le 2 novembre 1536 et y prononça ses vœux solennels le 3 novembre 1537 à l'âge de vingt-deux ans et demi.

L'année suivante, elle tomba gravement malade et l'on crut bon de la faire soigner par une empirique de Becedas, à trente lieues d'Ávila. Le voyage et le traitement faillirent lui coûter la vie, mais ce fut pour elle l'occasion de prendre contact avec les écrits du franciscain Francisco de Osuna, qui devaient influencer grandement l'élaboration de sa spiritualité en l'informant sur les premières oraisons passives.

Après une longue convalescence, elle reprend sa vie religieuse sans ferveur excessive, mais elle se « convertit » pendant le carême de 1554 en contemplant une[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, prieur du couvent des Carmes de Paris

Classification

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