Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

THÉÂTRES DU MONDE Le théâtre turc

L'ortaoyunu

L 'ortaoyunu, qui fut révélé en 1834, existait assurément avant cette date. Il est interprété par des comédiens, mais reste très proche du théâtre d'ombres par son caractère satirique, son goût de l'imitation et de l'improvisation. Les acteurs avaient un jeu mécanique et clownesque, ce qui n'excluait pas une extrême sobriété, puisqu'ils rejetaient l'utilisation d'accessoires superflus, préférant créer l'objet et la matière par le geste mimé. Tout le comique reposait, en réalité, sur les quiproquos et calembours des héros burlesques : Pişekâr et Kavuklu, qui provoquaient le rire complice du public. Le lieu scénique de l'ortaoyunu, une enceinte ovoïdale délimitée par des poteaux et des fils, renfermait toute l'originalité du spectacle. Théâtre urbain comme le karagöz et semblable à celui-ci par sa structure mobile, l'ortaoyunu n'avait pas la même prédisposition pour la satire sociale et l'obscène et penchait vers des sujets pris dans l'actualité et la vie quotidienne d'Istanbul.

Les deux spectacles coexistèrent de façon parallèle ; ils se différenciaient tous deux du meddah qui tendait au psychologisme dans ses procédés. Le karagöz et l'ortaoyunu ne donnaient pas l'illusion de la réalité et interdisaient de prime abord au spectateur toute possibilité d'identification ; les acteurs de l'ortaoyunu étaient conscients d'être des représentations humaines fictives et stylisées.

L'ortaoyunu tout comme le karagöz, par leurs innovations, la modernité de leurs méthodes et de leurs pratiques, témoignent de leur actualité. Il est d'autant plus regrettable qu'ils aient disparu en même temps que les autres formes traditionnelles de théâtre, seuls témoignages de la culture et de l'art dramatique des Turcs.

— Gayé PETEK-SALOM

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Gayé PETEK-SALOM. THÉÂTRES DU MONDE - Le théâtre turc [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Littératures

    • Écrit par , et
    • 16 566 mots
    • 2 médias
    Au théâtre, sans doute plus anciennement implanté qu'en Afrique francophone, J. P. Clark exprime un sentiment tragique de l'absurde, tandis que Wole Soyinka mêle anglais et pidgin, tradition dramatique yoruba et techniques scéniques occidentales pour évoquer, par un symbolisme nuancé, le conflit de...
  • BIRMANIE (MYANMAR)

    • Écrit par , , , , et
    • 31 961 mots
    • 18 médias
    En prose, les genres se multiplient, notamment dans le domaine du théâtre ; le drame populaire, qui existait depuis longtemps, est maintenant écrit : c'est le pya'zaq ; les auteurs sortent de l'anonymat et parfois atteignent la célébrité. En même temps, le drame de cour connaît un très...
  • CARAÏBES - Littératures

    • Écrit par , , et
    • 15 575 mots
    • 4 médias
    ...Pourtant la situation linguistique d'Haïti reste commandée par l'analphabétisme massif : 10 p. 100 seulement des Haïtiens peuvent maîtriser le français. Les écrivains ont cherché à conquérir un public en donnant au créole un rôle plus important, notamment au théâtre. Ce théâtre en créole adapte des chefs-d'œuvre...
  • CHINOISE (CIVILISATION) - Symbolisme traditionnel et religions populaires

    • Écrit par et
    • 7 060 mots
    • 2 médias
    ...sans oublier les encyclopédies journalières et les almanachs. Les œuvres d'imagination sont le roman (lu ou entendu de la bouche des conteurs) et le théâtre, ce dernier surtout. Toutes les œuvres romanesques ou théâtrales n'ont pas, bien entendu, un rapport direct avec la religion, mais les plus goûtées,...
  • Afficher les 17 références