Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TROYANOS TATIANA (1938-1993)

Considérée comme l'une des grandes mezzo-sopranos de la seconde moitié du xxe siècle, Tatiana Troyanos a surtout marqué le rôle de Carmen.

Elle voit le jour à New York, le 12 septembre 1938, d'un père d'origine grecque et d'une mère allemande. Elle reçoit sa formation à la Juilliard School of Music de New York, où elle travaille avec Hans Heinz. En 1963, elle débute au New York City Opera dans Hippolyta du Songe d'une nuit d'été de Britten et y chante régulièrement pendant deux ans (Carmen, Chérubin, Marina dans Boris Godounov, Jocaste dans Œdipus Rex). Puis Rolf Liebermann l'engage à l'Opéra de Hambourg, dont elle devient l'une des têtes d'affiche pendant les dix ans où elle appartient à la troupe (1965-1975). Son premier rôle est celui de Preziosilla (La Force du destin), en 1965. Un an plus tard, elle débute au festival d'Aix-en-Provence dans le Compositeur (Ariane à Naxos de Richard Strauss). En 1967, elle triomphe à l'Opéra de Montréal, à l'occasion de l'Exposition universelle. L'année suivante, elle incarne la Marguerite de Berlioz (La Damnation de Faust) à l'Opéra de Marseille. En 1969, elle est invitée à l'Opéra de Munich dans Carmen. Elle participe à la création des Diables de Loudun de Penderecki à Hambourg (1969), en tenant le rôle de Jeanne la prieure. Sur cette scène, elle chante des rôles aussi divers que Dorabella (Così fan tutte), la Vieille Gouvernante d'Albert Herring de Britten, Vénus (Tannhäuser), Amnéris (Aïda), Marguerite (La Damnation de Faust de Berlioz). En 1969, elle débute au Covent Garden de Londres et au festival de Salzbourg dans Le Chevalier à la rose (Octavian) ; puis, en 1971, c'est le Lyric Opera de Chicago, dans Werther (Charlotte), et l'Opéra de Washington, dans Ariodante de Haendel (inauguration du Kennedy Center) ; en 1976, le Metropolitan Opera de New York (Octavian) ; en 1977, l'Opéra de Paris (Octavian) et la Scala de Milan dans La Norma (Adalgisa). À Salzbourg, elle chante également Chérubin et Sextus (La Clémence de Titus), au Covent Garden Carmen et le Compositeur ; à Paris, elle est Charlotte en 1984. La même année, elle crée le rôle-titre de Monna Vanna de Rachmaninov à Saratoga (version de concert). Au Met, où elle donne près de deux cents représentations jusqu'au début des années 1990, elle chante la plupart des rôles de son immense répertoire : Carmen, Santuzza, Amnéris, Eboli, Poppée, Vénus, la comtesse Geschwitz (Lulu), Orlovsky (La Chauve-Souris), Cassandre (Les Troyens, 1983), Brangäne (Tristan et Isolde, 1984), Kundry (Parsifal), Giulietta (Les Contes d'Hoffmann, 1987), Dorabella (1990)... Parvenue au sommet de sa carrière, elle est atteinte d'un cancer et meurt à New York, le 21 août 1993.

Chanteuse au style très souple, Tatiana Troyanos s'adaptait à tous les répertoires, de Monteverdi et Purcell à la musique contemporaine. Sa voix se doublait d'une remarquable présence scénique, tant sur le plan dramatique (sa Carmen restera gravée dans bien des mémoires) que sur celui de la composition (les rôles de travestis lui convenaient à merveille). Elle a relativement peu enregistré, mais a tout de même fixé pour la postérité, en 1976, une version de Carmen, dirigée par Georg Solti, qui compte parmi les références.

— Alain PÂRIS

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. TROYANOS TATIANA (1938-1993) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi