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REGENCY STYLE

Le terme Regency, qui correspond, au sens strict, à la période 1811-1820 (époque de la régence du prince de Galles, le futur George IV, régent au nom de son père George III), recouvre en fait une période beaucoup plus longue, allant environ de 1790 à 1830. Le nom qu'on lui donne parfois d'« Empire anglais » situe mieux ce style par rapport à ceux des autres pays, mais ce rapprochement est uniquement chronologique. Le Regency se présente en effet comme une synthèse typiquement anglaise, synthèse des traditions nationales incarnées par Chippendale dans la seconde moitié du xviiie siècle et du retour à l'antique, synthèse des courants littéraires, exotiques ou gothiques, et du sentiment bourgeois attaché au confort intérieur et au mobilier solide. Ces influences fort diverses montrent la variété et la richesse de cette période. Le régent donne un certain ton. Avide d'originalité, il recherche toutes les nouveautés : les intérieurs chinois qu'il demande pour Carlton House ou pour son pavillon de Brighton, ses achats importants de mobilier français en sont des exemples. Le goût pour le mobilier français, les décors chinois ou de style gothique se retrouve chez certains aristocrates. C'est dans la haute société également, en particulier chez ces amateurs éclairés qu'étaient les dilettanti que l'on trouve des pièces qui sont de véritables reconstitutions archéologiques. Le grand promoteur du mobilier néo-classique en Angleterre reste le riche amateur Thomas Hope qui dans son album Household Furniture and Interior Decoration (1807) publie des modèles d'inspiration nettement égyptienne ou grecque.

Ces différents courants ont permis la création d'ensembles d'une grande qualité, mais ceux-ci sont restés l'apanage d'une certaine classe sociale. Le goût général de l'Angleterre du début du xixe siècle se retrouve beaucoup plus dans les très nombreux recueils à l'usage des ébénistes qui, après le succès prodigieux de l'ouvrage de Chippendale, The Gentleman and Cabinet Maker's Director, fleurissent à cette époque. Depuis les plus célèbres, ceux de Sheraton, le Cabinet Maker's and Upholsterer's Drawing Book (1791), suivi par le Dictionary (1803) puis l'Encyclopaedia (1804), en passant par les Designs for Household Furniture de George Smith (1808) jusqu'au Practical Cabinet Maker de Nicholson (1826-1827), pour n'en citer que quelques-uns, leurs planches, très précises, permettent aux clients aussi bien qu'aux fabricants de meubles de faire leur choix. Dans l'ensemble, on constate que le goût anglais se porte toujours vers le bois naturel, l'acajou principalement, avec un emploi plus fréquent du palissandre. Les formes élégantes, graciles presque, s'alourdissent peu à peu. Les éléments antiquisants, chèvrefeuille, palmette, chapiteau en feuille de lotus, lion, sphinges, rapprochent certains modèles du style Empire français. Les incrustations de métal ou d'ébène, qui prennent une importance de plus en plus grande, trahissent l'influence des meubles français de Boulle. Ces incrustations, la qualité des matières, en particulier le poli de l'acajou, adoucissent l'aspect un peu raide et souvent trop architectural des formes. Ce style reste néanmoins caractérisé par une recherche du solennel, du monumental, qui se traduit aussi bien dans les types de meubles, consoles, armoires de bibliothèque, bureaux, grands canapés que dans les tissus, draperies rouges ou vert foncé, qui accentuent encore l'aspect pompeux des décors Regency.

— Colombe SAMOYAULT-VERLET

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur au Musée national du château de Fontainebleau, professeur à l'École du Louvre

Classification

Pour citer cet article

Colombe SAMOYAULT-VERLET. REGENCY STYLE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • NÉO-CLASSICISME, arts

    • Écrit par Mario PRAZ, Daniel RABREAU
    • 8 074 mots
    • 13 médias
    ...formes non classiques, ornements à la Van Dyck, guimpes du xvie siècle, fraises élisabéthaines. C'est surtout en Angleterre, pendant la période Regency qui correspond plus ou moins à l'Empire, qu'on trouve une contamination de styles qui n'est pas sans agrément. Les ensembles avaient souvent de...