AUTOMOBILE SPORT
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Au mois de mai 1903, lorsque Gabriel atteint Bordeaux, vainqueur à 105 km/h sur Mors de la première étape du Paris-Madrid, il ne peut savoir que cinq morts et de nombreux blessés — pilotes, mécaniciens, foule inconsciente — viennent de signer la condamnation de cette forme de compétition : l'épreuve, interdite par le ministère de l'Intérieur, ne repartira pas de la capitale girondine. Cela faisait neuf années — à compter du Paris-Rouen créé en 1894 — que les courses automobiles se développaient, du Paris-Bordeaux-Paris 1895 (1er, Émile Levassor, sur Panhard, 24,681 km/h) au Paris-Berlin 1901 (1er, Fournier, sur Mors, 61,73 km/h), et au Paris-Vienne 1902 (1er, Marcel Renault sur sa petite 3,7 l, 72 km/h). L'Automobile-Club de France (A.C.F.), créé le 5 novembre 1895 par le comte de Dion, le baron de Zuylen et Paul Meyan, journaliste, avait joué un grand rôle dans ces organisations qui passionnèrent très vite un public tout acquis à la vitesse et au risque.
Le Français Louis Renault (1877-1944) arrive à Bordeaux, terme de la première étape de la course Paris-Madrid, en 1903. Il y apprend que les accidents, au cours de cette première étape, ont fait cinq morts, dont son frère Marcel. La course est annulée.
Crédits : Hulton Archive/ Getty Images
Les courses en circuit, permettant progressivement la mise en place d'entrées payantes pour les spectateurs, vont désormais supplanter les courses de ville à ville sur route. La coupe Gordon-Bennett — du nom du fameux journaliste américain qui l'a conçue et dotée — oppose des sélections nationales de constructeurs (de 1900 à 1905) et reste l'apanage de la France. Le premier grand prix de l'A.C.F. disputé au Mans, les 26 et 27 juin 1906, et qui revient au Hongrois d'origine François Szisz sur sa 100 CV Renault (101,328 km/h), va faire école.
Une Bugatti, pilotée par R. Bowes, en 1933, lors d'une course à Brooklands (Grande-Bretagne), sur le premier autodrome construit (1906).
Crédits : Hulton Getty
Depuis lors, la compétition automobile n'a jamais cessé de fasciner les hommes amoureux des bolides, images idéales de voitures qu'eux-mêmes utilisent dans leur vie quotidienne. Quelles que soient les catastrophes et les disparitions tragiques, comme celle d'Ayrton Senna en 1994, le jeu des « princes du tumulte » — pour reprendre le titre d'un beau roman de Pierre Fisson — s'est poursuivi, contribuant à l'incessant progrès technique dont bénéficie à la longue le véhicule de M. Tout-le-Monde.
Ayrton Senna au volant de sa McLaren au départ du Grand Prix du Brésil en 1992. Sa mort, lors du Grand Prix de Saint-Marin, le 1ermai 1994, provoquera une onde de choc dans le monde de la formule 1 et au-delà, en raison du charisme du champion.
Crédits : Pascal Rondeau/ Allsport/ Getty
Au sommet de la hiérarchie se situe la formule 1, dont le premier champion fut couronné en 1950 (l'Italien Farina sur Alfa-Romeo). Alain Prost, quatre fois champion du monde (1985, 1986, 1989, 1993), est le digne successeur de l'Argentin Juan Manuel Fangio (cinq fois champion entre 1951 et 1957), des Britanniques Jim Clark et Jackie Stewart ou, pour remonter plus loin dans le temps, du légendaire petit Italien Tazio Nuvolari.
Le pilote français Alain Prost, quadruple champion du monde de formule 1, devant une autre figure emblématique de l'automobile : le cheval cabré de la Scuderia Ferrari, en 1990. Mais il échouera pour le titre au volant de la voiture rouge.
Crédits : Pascal Rondeau/ Allsport/ Getty
Vainqueur du Grand Prix de Grande-Bretagne le 14 juillet 1956 à Silverstone, le pilote automobile argentin Juan Manuel Fangio présente le trophée qui lui a été remis. Cette année-là, au volant d'une Ferrari-Lancia, il s'impose également lors des Grands Prix d'Argentine et d'Allemagne et...
Crédits : Express/ Hulton Archive/ Getty Images
Grand prix automobile de Monaco, 1957
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Crédits : Pathé
Le pilote de formule 1 écossais Jackie Stewart, trois fois champion du monde.
Crédits : Victor Blackman/ Daily Express/ Hulton Archive/ Getty Images
Les Américains, poursuivant dans ce domaine particulier une politique naturellement autarcique, ne s'intéressent guère à ce type d'engin. Ils ont leurs propres critères, et les 500 miles d'Indianapolis, courus sur un anneau de vitesse, constituent pour eux l'épreuve phare. Jim Clark et sa Lotus, chère au constructeur Colin Chapman, aura été l'un des rares, en 1965, à s'imposer aussi bien à Indianapolis que dans le championnat des formules 1. Celles-ci atteignent de nos jours quelque 350 km/h en ligne droite, mais la lutte des constructeurs — dont Enzo Ferrari aura longtemps été la figure de proue, comme le fut entre les deux guerres Ettore Bugatti avec ses élégantes voitures bleues sorties des usines alsaciennes de Molsheim — oblige constamment à de nouvelles recherches techniques en même temps qu'elle réclame des soutiens financiers de plus en plus considérables, car les circuits de formule 1 sont d'abord de formidables laboratoires.
Le pilote britannique Jim Clark (1936-1968), champion du monde de formule 1, en 1963 et 1965, sur Lotus. Il trouve la mort sur le circuit d'Hockenheim, en Allemagne, en 1968.
Crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images
Un coupé sport Bugatti, moteur 3 litres, avec sa célèbre calandre en fer à cheval, en 1935.
Crédits : Topical Press Agency/ Getty Images
Il existe également un championnat du monde d'endurance, pour lequel ne compte d'ailleurs pas l'organisation la plus ancienne du genre, les Vingt-Quatre-Heures du Mans, épreuve créée dès 1923 (avec le succès d'André Lagache et de René Léonard sur Chenard et Walker) et dont le Belge Jacky Ickx, avec six victoires, devient le spécialiste le plus huppé.
Les grandes courses routières, telles que la Panaméricaine, ou les célébrissimes Mille Miglia, poursuivies jusqu'en 1957, ont cédé la place aux rallyes qui, à l'image de celui de Monte-Carlo, inauguré en 1911, consistèrent longtemps en des parcours de régularité destinés à éprouver les qualités foncières des voitures. Ils se sont peu à peu transformés en des épreuves de sprint reliées par des parcours de transition. Ils possèdent également maintenant leur championnat mondial, fréquent apanage des pilotes nordiques.
Quel que soit leu [...]
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Écrit par :
- Jean DURRY : écrivain, directeur du Musée du sport français, membre de l'Académie internationale olympique
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Pour citer l’article
Jean DURRY, « AUTOMOBILE SPORT », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 22 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/sport-automobile/