SILENCE, musique
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Le silence représente une valeur temporelle qui permet, en musique tonale, de séparer et de différencier des sons afin de mettre en exergue leurs relations (cf. tableau Les valeurs et les silences de l'article notation musicale). Pause ou ponctuation, le silence sera longtemps utilisé comme un des moyens expressifs dont dispose le compositeur, sans pour autant atteindre en importance celle de la dynamique, du timbre, de l'harmonie ou de la mélodie.
Il faudra attendre Claude Debussy pour qu'à l'aube du xxe siècle le silence devienne un paramètre à part entière de la composition musicale. Anton von Webern et Edgar Varèse s'en serviront ensuite avec une conscience accrue. De même John Cage, qui, détournant cette notion dans sa pièce 4'33'' (« donnée » pour la première fois à Woodstock le 29 août 1952, par David Tudor), où le pianiste reste assis face à son instrument sans jouer une seule note durant ce laps de temps, fera ressortir le fait que le silence est toujours pollué par des sons ambiants imprévisibles, dénués de toute intention musicale.
Par la suite, des compositeurs héritiers de cultures non européennes comme les Français Nguyen-Thien Dao (d'origine vietnamienne), Yoshihisa Taïra (d'origine japonaise) ou Ahmed Essyad (d'origine marocaine), ou encore l'Allemand Isang Yun (d'origine coréenne) introduiront dans leurs musiques des silences structurels, aux résonances philosophiques et métaphysiques, qui transcendent la simple valeur temporelle de ce paramètre.
— Alain FÉRON
Écrit par :
- Alain FÉRON : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio
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Pour citer l’article
Alain FÉRON, « SILENCE, musique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 22 janvier 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/silence-musique/