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SÉJOUR DANS LES MONTS FUCHUN (Gu Xiaogang)

Séjour dans les monts Fuchun(Chun jiang shui nuan) fut dévoilé en clôture de la Semaine de la critique du festival de Cannes 2019. Mûri pendant de nombreuses années, ce premier film est à la fois parfaitement atypique et emblématique de la vitalité du cinéma chinois contemporain.

<em>Séjour dans les monts Fuchun</em>, Gu Xiaogang - crédits : Beijing Qu Jing Pictures/ BBQ_DFY/ Aurimages

Séjour dans les monts Fuchun, Gu Xiaogang

Né dans la région de Hangzhou en 1988, Gu Xiaogang a grandi dans un foyer historique et culturel particulièrement riche. Hangzhou, son lac et ses digues fascinaient Marco Polo. Le grand poète Su Dongpo, gouverneur de la ville dans les années 1860, y rédigea des vers restés célèbres. Cependant, au début du xxie siècle, Hangzhou s’est transformée en une riviera où les fortunes de la ville voisine de Shanghai édifient leurs résidences secondaires. Séjour dans les monts Fuchun témoigne des mutations de cette région, et renoue par son esthétique avec sa tradition lettrée.

Portrait d’une ville

Parmi les bâtiments victimes des bulldozers se trouvait le restaurant des parents de Gu Xiaogang. Pour écrire Séjour dans les monts Fuchun, le cinéaste s’est inspiré de ce vestige de l’enfance, de ses proches et des clients qu’il a longtemps observés. Le temps de quelques mois, le scénario suit la vie d’une famille chinoise ordinaire. Youfu et Fengjuan tiennent un restaurant. Youjin, qui élève seul un enfant handicapé, s’est endetté auprès des mafieux locaux. Youhong, simple pêcheur, vit modestement sur son bateau. Au fil de quatre saisons, l’équilibre de cette famille se verra bouleversé. La fille de Youfu et Fengjuan tombe amoureuse d’un instituteur alors que ses parents lui auraient préféré un parti plus fortuné. Tout ce petit monde tourne autour de la grand-mère, qui fête ses soixante-dix ans au début du film. Tandis que le temps passe, elle voit sa santé décliner.

Gu Xiaogang, diplômé de design et de marketing, a découvert le cinéma sur le tard avec Avatar de James Cameron, puis les films de Sergueï Paradjanov ou les documentaires de Wang Bing. Hormis une brève formation à l’Institut du cinéma de Pékin, il n’a pas étudié la mise en scène et a débuté en tournant des documentaires avec sa caméra DV. Ces films amateurs abordaient des sujets aussi divers que la spiritualité indienne ou les méthodes agricoles d’un paysan. De cette formation buissonnière vient certainement le solide ancrage du film dans le quotidien. Les acteurs sont issus de l’entourage du cinéaste ; les dialogues mêlent mandarin et dialecte local. Gu Xiaogang porte une grande attention aux rituels et fêtes qui scandent l’année, aux habitats, des maisons décaties aux appartements modernes en passant par de simples huttes de pêcheurs. Il décrit surtout les rapports complexes entre générations, la difficile émancipation de la jeunesse, les traditions vécues tour à tour comme des repères et comme un carcan. Chacun paraît attendre l’arrivée du métro, ce basculement qui marquera le moment où la grande ville avalera ce petit morceau de province. Ainsi peut-on voir Séjour dans les monts Fuchun comme la chronique d’un instant du xxie siècle chinois, et les derniers feux d’un mode de vie.

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Pour citer cet article

Adrien GOMBEAUD. SÉJOUR DANS LES MONTS FUCHUN (Gu Xiaogang) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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<em>Séjour dans les monts Fuchun</em>, Gu Xiaogang - crédits : Beijing Qu Jing Pictures/ BBQ_DFY/ Aurimages

Séjour dans les monts Fuchun, Gu Xiaogang

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