KIIR MAYARDIT SALVA (1951- )

Ancien leader du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (M/APLS), Salva Kiir Mayardit devient, en 2011, le premier président du Soudan du Sud, après l'indépendance du nouvel État. Il fut, de 2005 à 2011, le président de la région semi-autonome du Soudan du Sud et le vice-président du gouvernement national.

Salva Kiir Mayardit est né en 1951 à Akon, au Soudan (auj. au Soudan du Sud), dans une famille chrétienne de l'ethnie dinka. Durant la première guerre civile soudanaise (1955-1972), il s'engage dans le mouvement séparatiste Anya-Nya, qui oppose le sud du pays, peuplé en grande partie de Noirs chrétiens ou animistes, au gouvernement soudanais implanté dans le nord du pays, islamisé et arabophone. Après la fin des combats, il intègre l'armée nationale et gravit les échelons jusqu'au grade de lieutenant-colonel. Quand les hostilités reprennent en 1983, Salva Kiir passe du côté des rebelles comme d'autres militaires, notamment le colonel John Garang. Avec ce dernier, il participe à la création d'un groupe armé et de sa branche politique, le M/APLS, qui deviendra le principal groupe rebelle sudiste à lutter contre le gouvernement de Khartoum. Bras droit de John Garang, Salva Kiir devient finalement le chef de l'APLS et le numéro deux du MPLS. Lorsque des dissensions apparaissent au sein du M/APLS dans les années 1990 et au début des années 2000, Salva Kiir joue le rôle de conciliateur entre les factions rivales. Il participe également aux négociations menées avec le gouvernement national, qui aboutissent en 2005 à un accord de paix global mettant un terme à la seconde guerre civile soudanaise.

Conformément à l'accord de paix, le Soudan du Sud devient une région semi-autonome. Le 9 juillet 2005, John Garang est nommé président de la région et premier vice-président du gouvernement national, mais il meurt dans un accident à la fin du mois. Salva Kiir lui succède. Lors des élections nationales et régionales de 2010, Salva Kiir se présente à la présidence de la région. Confirmé dans ses fonctions à la tête du Soudan du Sud semi-autonome, avec près de 93 % des voix, il conserve son mandat de vice-président du gouvernement d'union nationale.

Suivant l'accord de paix de 2005 qui prévoit la tenue d'un référendum d'autodétermination du Soudan du Sud, les électeurs de la région se rendent aux urnes en janvier 2011. Ils se prononcent à 98,8 % en faveur de la sécession. Lors des célébrations de l'indépendance, le 9 juillet 2011, Salva Kiir est investi premier président du nouvel État.

Salva Kiir doit relever de nombreux défis. Il lui faut notamment créer les infrastructures nécessaires au fonctionnement du nouvel État, régler l'insécurité alimentaire et gérer l'afflux de réfugiés revenant au pays après des décennies de guerre. Il doit également faire face aux conflits qui subsistent entre l'APLS et les autres groupes rebelles sudistes et maintenir les relations – précaires – avec le gouvernement soudanais, en particulier sur les questions litigieuses du tracé des frontières et du partage des revenus pétroliers.

À partir de 2013, Salva Kiir doit faire face à l’opposition de son vice-président Riek Machar (appartenant à l’ethnie nuer), dans un contexte de guerre civile. Il parvient à se maintenir au pouvoir, le Parlement adoptant en juillet 2018 une loi qui prolonge son mandat jusqu’en 2021. Deux mois plus tard, un accord de paix est signé à Addis-Abeba, qui prévoit une période de transition de trois ans et donne lieu à la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale en mars 2020.

(Voir également SOUDAN DU SUD, chronologie contemporaine)

— Amy MCKENNA

— Universalis