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ŚĀKTI

Hymnes et sacrifices

Celle-ci est le plus souvent constituée par une dévotion ardente dans la majorité des textes śākta, qui sont surtout des hymnes à la Déesse (Devīmāhātmya, Devībhāgavata, Lalitāsahasranāma, etc.) en tant que destructrice des démons mythologiques et Mère secourable des dévots. Elle est Mère terrible aussi, sous les formes très populaires de Durgā, la « Mal-Accessible », ou de Kālī, la « Noire ». Sous ces formes terribles, la Śākti exige parfois des sacrifices de chevreaux, de buffles, de coqs, etc., voire des sacrifices humains volontaires, ou même des sacrifices de victimes humaines capturées pour elle, ce qui a aussi contribué à donner au śaktisme une réputation d'horreur, bien que les élans suscités par la conception de l'énergie mère aient été la plupart du temps mystiques. Dans la dévotion populaire, ces élans se manifestent par les pèlerinages en des lieux saints, la Śaktipīṭha, « sièges de la Śākti », et par toute une littérature en sanskrit, en bengali, avec les chants à Kālī de Rāmprasād (xviiie s.), etc.

Une grande confusion règne encore dans les ouvrages européens quant aux discriminations entre shaktisme, shivaïsme et même vichnouisme. L'ancienneté et les origines du shaktisme sont également controversées. En tout cas, c'est dans une Upaniṣad ancienne (Kenopaniṣad, iii, 4), antérieure à l'ère chrétienne, qu'apparaît déjà une Umā Haimavatī, Umā de l'Himālaya, associée à Brahman en une légende dont les formes ultérieures substituent Śva à Brahman, Umā fille de l'Himālaya devant devenir la parèdre définitive, Umā-Pārvatī, « Umā fille de la montagne », de Śiva et former l'aspect bienveillant de sa Śākti, dont Durgā ou Kālī représente l'aspect terrible.

— Jean FILLIOZAT

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France

Classification

Pour citer cet article

Jean FILLIOZAT. ŚĀKTI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOUDDHISME (Les grandes traditions) - Bouddhisme indien

    • Écrit par Jean FILLIOZAT, Pierre-Sylvain FILLIOZAT
    • 10 641 mots
    • 1 média
    ...Les tantra font une répartition plus systématique du rôle cosmique des Buddha et des Bodhisattva du Mahāyāna et leur adjoignent des énergies féminines ( śakti) qui représentent leur activité dans le monde. Au-dessus des Buddha prenant des apparences humaines est constitué un groupe de cinq Buddha appelés...
  • HINDOUISME

    • Écrit par Anne-Marie ESNOUL
    • 9 148 mots
    • 4 médias
    ...cosmique, on voit à travers les siècles s'affirmer une tendance commune à toute l'Inde, mais de nature essentiellement shivaïte, le shaktisme. Il s'agit de groupes qui révèrent le pouvoir créateur du dieu sous l'aspect féminin qui lui est coexistant, sa śakti, personnification de son énergie potentielle.
  • INDE (Arts et culture) - Les doctrines philosophiques et religieuses

    • Écrit par Jean FILLIOZAT
    • 16 660 mots
    • 3 médias
    ...essence esprit, éternel, infini, « sans parties » (niṣkala), c'est-à-dire qu'il échappe à toute limitation et détermination. Son énergie ( śakti) lui est inhérente. Il a trois états (avasthā) ; dans le premier, état de « dissolution » (laya), il n'y a que lui, en qui toutes choses...
  • INDE (Arts et culture) - L'art

    • Écrit par Raïssa BRÉGEAT, Marie-Thérèse de MALLMANN, Rita RÉGNIER
    • 49 040 mots
    • 67 médias
    L'épouse de Śiva ou son énergie cosmique personnifiée (Śakti) a aussi des aspects multiples, sereins (Pārvatī, Fille de la montagne ; Gaurī, Claire ; Umā, Favorable) ou farouches ( Durgā, Inaccessible ; Kālī, Noire, ou Temps féminisé). Les formes sereines tiennent un rosaire, une fleur de nelumbium...
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Voir aussi