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DUBILLARD ROLAND (1923-2011)

Dramaturge , poète et comédien, Roland Dubillard est né à Paris en 1923. « Voyageur exilé sur notre planète » (Laurent Terzieff), il est l'auteur d'une œuvre à la fois cocasse et inquiétante, à mi-chemin entre Ionesco et Jean Tardieu. C'est d'ailleurs ce dernier, alors qu'il est à la tête du « Club d'essai » de la Radiodiffusion française, qui lui commande en 1947 ses premiers textes, Grégoire et Amédée, que Dubillard interprète en duo avec Philippe de Chérisey. Déjà, le langage est piégé, source inépuisable de drôlerie, de terreur et d'émerveillement.

Roland Dubillard publie ensuite une parodie d'opérette : Si Camille me voyait (1953), l'année même de la création d'En attendant Godot, de Samuel Beckett. Il faut cependant attendre huit ans pour qu'il donne sa première grande pièce métaphysique : Naïves Hirondelles (1961). À travers des jeux de langage et des situations caricaturales, l'auteur met en scène le drame de vieillir sans pouvoir vraiment aimer. La pièce est saluée comme un chef-d'œuvre par deux écrivains très différents : Ionesco et André Roussin.

Avec La Maison d'os (1962), Dubillard porte à son extrême une conception purement métaphysique du théâtre. Il met en scène un vieillard qui va mourir entouré de ses domestiques. La maison dans laquelle il vit ses derniers instants préfigure ce qu'il va devenir : un squelette. Aucune action dramatique. L'auteur admet même qu'on puisse interchanger les scènes.

Les pièces suivantes, Le Jardin aux betteraves (1969), ...Où boivent les vaches (1973) et Les Diablogues (1975), marquent un retour à sa première manière. En 1977, Le Bain de vapeur connaît l'échec. Comme si, après avoir atteint un point extrême avec La Maison d'os, l'auteur se contentait des jeux de langage du Grégoire de ses débuts. Il publie également en 1966 un recueil de poèmes, Je dirai que je suis tombé, qui sont assez proches de Jean Tardieu et de Raymond Queneau, et un journal intime, Carnets en marge (1998).

Poète du réel à l'état pur, Roland Dubillard a également connu une carrière de comédien, au théâtre et souvent dans ses propres pièces lors de leur création (Si Camille me voyait, mise en scène de J.-M. Serreau ; Naïves hirondelles, mise en scène d'Arlette Reinerg ; La Maison d'os, idem.), mais aussi au cinéma, notamment dans des films de J.-P. Mocky (Les Compagnons de la marguerite, 1966), Yannick Bellon (Quelque part, quelqu'un, 1972) ou Maurice Dugowson (Lily aime-moi, 1974). En 1987, un accident vasculaire cérébral le laisse paralysé.

Au printemps de 2004, Jean-Michel Ribes a organisé dans le cadre du Théâtre du Rond-Point un hommage à Roland Dubillard, qui permit de voir l'ensemble de ses pièces (avec un inédit, Madame fait ce qu'elle dit), ainsi que deux spectacles réalisés à partir de ses poèmes.

— Jean-Pierre ÉNARD

— Universalis

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Écrit par

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Classification

Pour citer cet article

Jean-Pierre ÉNARD et Universalis. DUBILLARD ROLAND (1923-2011) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LE PRINTEMPS DUBILLARD À PARIS (mises en scène)

    • Écrit par Didier MÉREUZE
    • 989 mots

    Surgi dans la France théâtrale en même temps qu'Adamov ou Beckett, Roland Dubillard aurait dû connaître le même succès, lorsqu'il donna Naïves Hirondelles, en 1961, immédiatement suivi de La Maison d'os (1962). Ce ne fut pas le cas. Trop souvent relégué au rang d'auteur mineur,...

  • THÉÂTRES DE LA RIVE GAUCHE

    • Écrit par Colette GODARD
    • 1 968 mots

    Alors que, sur la rive droite, le Boulevard visait et obtenait les grosses recettes, alors que prenait forme, avec éclat au T.N.P., plus difficilement en province, un théâtre à vocation populaire, quelques pauvres petites salles, presque toutes situées sur la rive gauche de la Seine...

Voir aussi