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LASSUS ROLAND DE (1532 env.-1594)

La consécration bavaroise

C'est d'Anvers, en 1556, que Lassus fut appelé à Munich, engagé comme chantre du duc Albert V de Bavière. Il prend la direction de la chapelle ducale en 1560 et la garde jusqu'à sa mort. Dès lors, son activité se partage entre les devoirs de sa charge (direction des concerts et de la chapelle) et la composition. Quelques voyages en Italie pour recruter des chanteurs (1562, 1567, 1574, 1578 et 1585), ainsi qu'un voyage à Paris (1571) viennent seuls interrompre ce long séjour bavarois.

Lassus bénéficie de l'amitié agissante des plus hauts personnages. En 1570 Lassus est anobli par l'empereur Maximilien II ; en 1571, le pape Grégoire XIII le fait chevalier de Saint-Pierre à l'éperon d'or. Cette même année, au cours du voyage qu'il fait à Paris, il dédie un recueil de chansons françaises à Charles IX. Sollicité par lui trois ans plus tard pour prendre la direction de la chapelle royale de France, il accepte, mais la mort du roi fait avorter le projet. Il reste donc à Munich, où les cinq volumes de son Patrocinium musices sont édités luxueusement aux frais du duc de Bavière (1573-1576). Il est au sommet de sa carrière. À partir de 1580, il se retire peu à peu de la vie de la cour et se consacre principalement à la composition d'œuvres religieuses. Ses dernières années furent assombries par un état dépressif (melancholia hypochondriaca), conséquence, dit-on, d'une trop grande activité cérébrale. À sa mort, il laisse trois fils, Ferdinand, Rodolphe et Ernest, tous musiciens.

De son vivant, ses œuvres furent plusieurs fois publiées dans toutes les villes d'Europe, si bien que le dépistage des éditions originales est malaisé. Ses fils eurent ensuite à cœur de publier les inédits et de les joindre aux principales œuvres antérieurement parues : ainsi fut édité à Munich en 1604 le Magnum Opus musicum, réunissant cinq cent seize motets.

On doit à Lassus environ cinq cent vingt motets auxquels il convient d'ajouter les cycles de Sacrae Lectiones ex propheta Job, les Lamentationes Hieremiae prophetae, les Psalmi poenitentiales et les Prophetiae sibyllarum. Il écrivit en outre cinquante-deux messes, cent un Magnificat, huit Nunc dimittis, trente-deux hymnes, treize litanies, quatre passions et de nombreux répons pour la semaine sainte, des faux-bourdons et des « bicinia ».

Son œuvre profane comporte cent quatre-vingt-cinq madrigaux et vingt-neuf villanelles auxquels il faut ajouter le cycle posthume des Lagrime di San Pietro (vingt madrigaux spirituels à sept voix), cent quarante et une chansons françaises et quatre-vingt-dix lieder allemands, dont cinquante lieder spirituels.

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Classification

Pour citer cet article

Roger BLANCHARD. LASSUS ROLAND DE (1532 env.-1594) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Psaume Miserere mei, R. de Lassus - crédits : AKG-images

Psaume Miserere mei, R. de Lassus

Autres références

  • FIGURALISME

    • Écrit par Antoine GARRIGUES
    • 1 324 mots
    Ces procédés, qui étaient jusque-là peu connus des compositeurs, se répandent autant dans la musique religieuse que profane. Roland de Lassus (1530 ou 1532-1594) a beaucoup utilisé ces moyens, auparavant complètement ignorés des compositeurs du Nord. Il n'hésite pas à s'en servir très largement même...
  • VENT INSTRUMENTS À

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 6 447 mots
    • 22 médias
    ...on entendait des Canzonas à six voix où concertaient deux flûtes, deux violes, deux trombones et deux luths. En 1568, à Munich, un Motet à sept de Lassus réunit au chœur vocal, dont chaque partie est exécutée par douze choristes, cinq cornets, deux trombones et un orgue. Ailleurs, Lassus propose huit...

Voir aussi