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BRESDIN RODOLPHE (1822-1885)

Fils d'un ouvrier tanneur, Rodolphe Bresdin naît au Fresne (Loire-Atlantique) le 12 août 1822. Après 1830, les Bresdin partent pour Nogent-le-Rotrou, puis pour Paris. Rodolphe aurait quitté très jeune la maison paternelle pour se livrer à l'exercice du dessin et de l'eau-forte. Sa première estampe datée que l'on connaisse, de 1838, figurant un buste de personnage barbu, est une petite pièce mal mordue et difficile à déchiffrer, caractéristique de la plupart des œuvres des débuts de Bresdin. Il semble qu'il n'ait jamais eu d'autre maître que les estampes qu'il pouvait voir aux étalages des marchands parisiens. Il puise son inspiration dans sa propre imagination ou dans les romans d'aventures qui enrichissent son quotidien, et dont il copie ou décalque les illustrations qu'il réutilise dans ses compositions, telles que Le Robinson suisse, de Wyss. Il est un lecteur assidu de Fenimore Cooper, dont un des héros, Chingachgook, est à l'origine du surnom donné à Bresdin par ses compagnons de bohème : Chien-Caillou. Le personnage du jeune Bresdin est le prétexte d'une nouvelle réalistico-misérabiliste à succès que Champfleury publie en 1845, cruellement intitulée Chien-Caillou, et qui fut rééditée à plusieurs reprises. Elle apporta à Bresdin une célébrité douteuse qui lui nuisit beaucoup, car la figure bizarre et pitoyable qu'elle décrivait divertit la critique et occulta les qualités de son œuvre.

En 1849, Bresdin quitte Paris pour vivre en ermite dans une cabane en Corrèze. Il y reste deux ans, dessinant et gravant de petits paysages, dont Le Vallon, qui illustre un poème de Lamartine, et des Tentations de saint Antoine. Puis il gagne Toulouse, où il se lie avec un riche propriétaire, Justin Capin, qui l'aide financièrement, et avec J.-J. Garipuy, peintre, conservateur du musée des Augustins et professeur aux Beaux-Arts. Cette période, de 1852 à 1861, est peut-être la moins malheureuse de la vie de Bresdin, et une des plus productives. Il s'initie à la lithographie, qu'il travaille à la plume. La première (un Hameau de pêcheurs inspiré de deux estampes d'Adolphe Hervier) date de 1854. C'est aussi la date de la Comédie de la mort, pièce d'un sentiment macabre et mélancolique, première œuvre de Bresdin à avoir connu un certain succès. L'année suivante, il produit de la même façon une Fuite en Égypte très achevée. Mais l'œuvre qui a le plus fait pour sa réputation est la grande lithographie intitulée Le Bon Samaritain (bien que Bresdin l'ait présentée au Salon comme Abd-el-Kader secourant un chrétien), terminée en 1861, dont la fortune critique est considérable. Pour des raisons à la fois pratiques et économiques, Bresdin a recours, à plusieurs reprises, au transfert sur pierre lithographique d'estampes exécutées à l'eau-forte, comme pour la série d'Intérieurs (paysans, flamands ou moldaves, mais toujours imaginaires) qu'il réalise à cette époque.

En 1861, Bresdin est de retour à Paris pour participer au Salon. Baudelaire le recommande à Théophile Gautier, et Alcide Dusolier à Catulle Mendès qui lui propose de graver plusieurs eaux-fortes pour son éphémère Revue fantaisiste. Entre 1862 et 1864, Bresdin vit à Fronsac, puis il s'installe à Bordeaux. Il y rencontre le jeune Odilon Redon, qui lui voue une grande admiration et apprend de lui les rudiments de l'eau-forte. Il se marie en 1865, avec une jeune femme qui l'accompagne depuis son séjour à Toulouse et qui lui a déjà donné quatre enfants, qu'il a bien du mal à nourrir. Il expose régulièrement à la Société des amis des arts de Bordeaux, mais sans connaître le succès. En 1868, il réalise en lithographie deux frontispices (le premier ayant été refusé) et quatre illustrations pour les Fables et contes d'Hippolyte de Thierry-Faletans,[...]

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur en chef à la Bibliothèque nationale

Classification

Pour citer cet article

Maxime PRÉAUD. BRESDIN RODOLPHE (1822-1885) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GRAVURE

    • Écrit par Barthélémy JOBERT, Michel MELOT
    • 8 567 mots
    • 3 médias
    ...moyen, peut-être moins intimidant que la peinture, de décrire leurs rêves. Les précurseurs du surréalisme, William Blake d'abord puis Charles Meryon, Rodolphe Bresdin et Odilon Redon, furent des graveurs. De même c'est par la gravure que l'on saisit le mieux la naissance de l'expressionnisme, avec les...

Voir aussi