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LE LORRAIN ROBERT (1666-1743)

Le plus brillant et le plus doué des disciples de Girardon. Robert Le Lorrain a vu le sort s'acharner sur ses œuvres, qui ont presque toutes disparu. Né à Paris, il obtient le premier prix de sculpture en 1688 et fait un séjour à Rome. En 1700, il est reçu à l'Académie royale, où il est professeur en 1717 et dont il devient recteur en 1737. On cite son nom parmi les praticiens qui sculptent le tombeau que Girardon a modelé pour son épouse et pour lui-même (aujourd'hui à l'église Sainte-Marguerite à Paris). Il affirme sa présence dans les derniers travaux du règne de Louis XIV, notamment à la chapelle de Versailles où plusieurs Vertus placées au-dessus des baies sont dues à son ciseau ainsi que des bas-reliefs représentant des trophées d'église. Il travaille ensuite beaucoup pour des financiers et de grands seigneurs : Crozat, Machault d'Arnouville et surtout les Rohan. À l'hôtel de Soubise, à Paris, les quatre statues des Saisons placées au-dessus du premier ordre sont de lui (remplacées de nos jours par des copies). Armand Gaston de Rohan, évêque de Strasbourg, lui commande la décoration de sa résidence de Saverne (incendiée en 1779) et de son palais à Strasbourg (gravement endommagé par la guerre). Ces vastes chantiers l'occupent longtemps. Une de ses dernières œuvres, heureusement, subsiste et mérite la renommée qui l'entoure : Les Chevaux du Soleil, grand relief qui surmonte le portail des écuries à l'hôtel de Rohan de Paris, morceau de sculpture d'une fougue admirable traité avec un relief diversifié et modelé avec brio. Il faut citer de lui la belle statue de Galatée (son morceau de réception à l'Académie) à la National Gallery de Washington et une Hébé qui doit être la statue qui lui fut commandée pour Marly. Il semble bien que Le Lorrain ait manifesté une grande indépendance de caractère, une haute idée de son art, mais son œuvre reste peut-être à découvrir. Il illustre par ses tendances la transition entre le grand classicisme de Louis XIV et le style plus souple, touché par un renouveau du baroque, qui s'épanouira sous le règne de Louis XV, avec un goût prononcé pour une sculpture de plus petite taille. Ses contemporains sont partagés à son sujet et on lui reproche volontiers l'incorrection de son dessin, tout en lui reconnaissant du « feu ». Il est significatif que Le Lorrain ait été le maître de deux des plus grands sculpteurs du xviiie siècle, Jean-Baptiste Lemoyne et Pigalle, qui lui gardaient une reconnaissante affection.

— François SOUCHAL

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Pour citer cet article

François SOUCHAL. LE LORRAIN ROBERT (1666-1743) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ROCOCO

    • Écrit par Georges BRUNEL, François H. DOWLEY, Pierre-Paul LACAS
    • 21 059 mots
    • 14 médias
    ...précision, car beaucoup d'œuvres ont disparu et la documentation fait défaut. De vives controverses s'élèvent, par exemple, à propos de l'œuvre célèbre de Robert Le Lorrain, les Chevaux du Soleil, qui décore les écuries de l'hôtel de Rohan appartenant à l'évêque de Strasbourg, et qui fut exécutée probablement...

Voir aussi