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LONG RICHARD (1945- )

Artiste britannique, né en 1945 à Bristol, formé à la Saint Martins' School de Londres (1966-1968), Richard Long se tourne dès ses années d'études vers un espace et un sujet délaissés à l'époque, le paysage. Il est en effet un artiste marcheur, arpenteur, randonneur et un sculpteur de territoires. La concomitance chronologique a amené l'histoire de l'art à catégoriser Richard Long parmi les praticiens du land art. Il est vrai que les interventions de l'artiste dans le paysage ne sont pas sans présenter quelques similitudes avec ce mouvement majoritairement américain, bien que lui-même s'en défende : « Mon travail, c'est l'antithèse de ce que l'on appelle le land art américain [...] Marcher dans l'Himalaya [...] c'est une façon de toucher la terre avec plus de légèreté [...] et cela suppose un engagement personnel plus physique qu'un artiste qui planifie un grand earthwork réalisé ensuite par des bulldozers. J'admire l'esprit des Indiens d'Amérique plus que celui des land-artistes ». Car Long ne fait pas que parcourir les paysages : il photographie, enregistre son passage et laisse sa trace à partir des matériaux du lieu. Un cercle de pierres, une ligne tracée à l'aide de cailloux, un emplacement vierge de toute feuille au milieu de la forêt, – autant de sculptures éphémères et graciles que l'artiste élabore au milieu des territoires qu'il traverse. Ces moments, il est le seul à en profiter sur le terrain. « Ce qui me distingue de mes confrères du land art, les Américains notamment, c'est qu'eux font des monuments. Mon travail est le fait d'un individualiste. Je peux le faire seul. »

Richard Long aime aussi rapporter de ses pérégrinations des matériaux – roches, bois flottés, argile – avec lesquels il élabore des sculptures aux formes minimales au sein des espaces artistiques. Ainsi dans le caractère éphémère et fusionnel avec le matériau du paysage, on retrouve l'esprit des premières interventions de Michael Heizer ou Dennis Oppenheim. Avec l'articulation des marches qu'il entreprend et des sculptures qu'il réalise, l'artiste rejoint la dialectique de site et non-site théorisée par Robert Smithson. Enfin le recours au témoignage photographique accompagné de légendes est lui aussi très proche du travail d'Oppenheim. Il existe ainsi deux land art : l'américain, monumental et d'une temporalité dilatée, et le britannique, d'échelle humaine, fondé sur la traversée du paysage, que l'on trouve chez Hamish Fulton ou Andy Goldsworthy, des earth artists contemporains de Richard Long. Adepte d'images en noir et blanc portant la mention géographique du lieu ainsi que l'information quant à la durée et le type de marche effectuée, Richard Long se plaît aussi à formuler des pièces plus conceptuelles. En 1968, il réalise sa première Map Piece, A Ten Miles Walk, soit une carte d'état-major de la région d'Exmoor sur laquelle est tracée une ligne droite qu'il s'est ensuite efforcé de suivre dans la réalité topographique du paysage. Mais Long refuse encore une fois d'admettre cette dimension conceptuelle : « Mon travail est réel, ni illusoire, ni conceptuel. Il porte sur de vraies pierres, un vrai temps, de vraies actions. [...] Il utilise le monde tel qu'il le trouve. » Il lui arrive même de ne noter que les directions du vent au cours de sa promenade. Marqué par la dématérialisation de l'art caractéristique des années 1960 et 1970, Richard Long n'en oublie pas moins la subjectivité de son action dans le paysage, une dimension éminemment romantique. « Les montagnes et les galeries sont, au même titre, chacune à leur manière, extrêmes, neutres, sans confusion ; ce sont de bons endroits pour travailler. »

L’œuvre de Richard[...]

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Écrit par

  • : critique d'art, historienne de l'art spécialisée en art écologique américain

Classification

Pour citer cet article

Bénédicte RAMADE. LONG RICHARD (1945- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RICHARD LONG OU LA SCULPTURE EN MARCHANT (exposition)

    • Écrit par Bénédicte RAMADE
    • 1 019 mots

    Né en 1945 à Bristol (Grande-Bretagne), Richard Long goûte peu les exercices rétrospectifs exhaustifs et désincarnés ; il leur préfère en général la possibilité de réaliser de nouvelles œuvres in situ. Ce fut le cas au musée d'Art moderne et d'Art contemporain de Nice, du 31 mai au 16 novembre 2008....

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Sculpture

    • Écrit par Paul-Louis RINUY
    • 2 362 mots
    • 4 médias
    ...figures qui étaient des métaphores de paysages. Si Caro fait œuvre moderne avec Prairie (1967, New York, MoMA), véritable sculpture intégrée au paysage, Richard Long (né en 1945) et Hamisch Fulton (né en 1946) abandonnent pour leur part la matérialité même de leur art ; ils indexent la sculpture sur la...
  • ILLUSTRATION

    • Écrit par Ségolène LE MEN, Constance MORÉTEAU
    • 9 135 mots
    • 11 médias
    ...livre d'artiste n'est pas séparé du reste de la production de chaque artiste. Il apparaît par exemple comme la prolongation de l'art de la marche chez Richard Long, riche de cette tension entre le désir d'immortalité par le livre, même si celui-ci est de nature fragile, et l'identité éphémère de son travail....
  • LAND ART

    • Écrit par Gilles A. TIBERGHIEN
    • 3 673 mots
    Le fait que l'on compte parmi les premiers artistes du land art un Anglais – Richard Long (qui reniera plus tard cette appartenance) – et un Hollandais comme Jan Dibbets (qui, sans en faire vraiment partie, a contribué à ce que l'on peut appeler sa définition) s'explique par l'influence de l'art...
  • SCULPTURE CONTEMPORAINE

    • Écrit par Paul-Louis RINUY
    • 8 011 mots
    • 4 médias
    D’une manière moins spectaculaire et dans un esprit plus intime, l’Anglais Richard Long a fait du propre mouvement de son corps dans l’espace, et des multiples traces (photographiques, cartographiques, textuelles) de cette activité le véritable ressort de son activité d’artiste et de sculpteur. Sa...

Voir aussi