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LEACOCK RICHARD (1921-2011)

Richard Leacock - crédits : John Byrne Cooke Estate/ Getty Images

Richard Leacock

Né à Londres en 1921, établi aux États-Unis à partir de 1938, Richard Leacock entreprend des études de physique, puis devient pendant la Seconde Guerre mondiale opérateur du documentariste Willard Van Dyke sur To Hear Your Banjo Play (1941). Il continua de travailler avec Van Dyke après avoir été l'opérateur de Robert Flaherty pour Louisiana Story (1948). Il passe ensuite à la réalisation avec Toby and the Tall Corn (1954), consacré à un théâtre ambulant. Cette expérience lui permet de mesurer les difficultés du tournage mobile avec un matériel lourd. En 1958, Robert Drew lui propose de se joindre à l'équipe qu'il a réunie en 1954 sous le patronage du groupe de presse Time-Life, avec Albert et David Maysles et Don Alan Pennebaker, sous le nom de Drew Associates. Le groupe, qui se propose de promouvoir une nouvelle forme de journalisme filmé, éclate dès 1961 à la suite de désaccords, et Richard Leacock le quitte en 1963. Pendant cette courte période de cinq ans, au cours de laquelle le matériel s'allège, et qui est exactement contemporaine de la flambée du cinéma-vérité en France et au Canada, l'équipe a réalisé une série de films qui révolutionnent l'esthétique et la pratique du reportage. Alors que les Français pensaient plutôt « cinéma », les Américains, du fait du but qu'ils s'étaient assigné, pensaient plutôt « télévision », mais les deux expériences, en dépit de vigoureuses empoignades (M.I.P.-TV de Lyon, mars 1963) résultant d'un désaccord sur les fins, ont contribué pareillement à la naissance d'un nouveau courant documentaire, comparable en importance au mouvement documentariste britannique. Nombre de films de la Drew Associates réalisés avant la rupture de 1963 sont devenus des classiques. Citons en particulier : Primary (la campagne de Kennedy pour les primaires, en collaboration avec A. Maysles, R. Drew et D. A. Pennebaker, 1960) ; Yankee No ! (en collaboration avec R. Drew, A. Maysles et D. A. Pennebaker, 1960) ; Eddie Sachs at Indianapolis (en collaboration avec A. Maysles et R. Drew, 1960-1961) ; Kenya 1961 (en collaboration avec A. Maysles et R. Drew, 1961) ; The Children Were Watching (1961) ; The Chair (plaidoyer contre la peine de mort en forme de reportage distancié, en collaboration avec D. A. Pennebaker, R. Drew et Gregory Shuker, 1962) ; Jane (portrait de Jane Fonda, en collaboration avec D. A. Pennebaker, Rydan, G. Shuker, Abbott Mills, 1963). Avec Richard Leacock à la caméra, la technique de ces films s'apparente à celle du reportage, mais les œuvres dépassent ce premier niveau par l'intelligence du sujet et la qualité du montage, qui rétablit la vigueur du récit. Fidèle à sa conception d'une « caméra vivante », instrument irremplaçable pour sa capacité de pénétrer au cœur de l'action sans projet préconçu et même sans connaissance préalable de la matière à filmer, Richard Leacock n'a cessé de travailler à la recherche d'un matériel de plus en plus léger, et s'est éloigné progressivement des orientations à ses yeux trop théoriques des cinéastes européens. Il tourne ensuite en indépendant A Happy Mother's Day/Quint City USA (en collaboration avec Joyce Chopra, 1963), étonnant reportage en temps réel sur les quintuplés du couple Fisher ; Igor Stravinsky, a Portrait (son : Sarah Hudson, 1966) ; Hickory Hill (1967) ; Monterey Pop (en collaboration avec D. A. Pennebaker, 1967), qui porte un regard moderne sur les concerts de rock ; Chiefs (1968), sur un congrès de policiers. Après 1969, il dirige le département cinéma du M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology) tout en se consacrant à des recherches sur l'allégement du matériel, en particulier le super-huit.

Après 1969, il réalise notamment Maidstone (avec Norman Mailer, 1970) ; Queen of Apollo (1970) ; [...]

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Écrit par

  • : écrivain et critique de cinéma, ancien chargé de cours à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot, docteur de troisième cycle, université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Pour citer cet article

Guy GAUTHIER. LEACOCK RICHARD (1921-2011) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Richard Leacock - crédits : John Byrne Cooke Estate/ Getty Images

Richard Leacock

Autres références

  • CINÉMA-VÉRITÉ

    • Écrit par Jean-Pierre JEANCOLAS
    • 1 416 mots
    ...premiers outils fiables de saisie du son synchrone. Des créateurs brillants se détachent de l'équipe : D. A. Pennebaker, les frères Maysles, et surtout Richard Leacock, qui réalisent ensemble Primary (1960), sur une élection primaire qui met en évidence le jeune sénateur J. F. Kennedy. Comme au Canada,...

Voir aussi