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PERNOUD RÉGINE (1909-1998)

Mediéviste française. Née le 17 juin 1909 à Château-Chinon (Nièvre), Régine Pernoud est la quatrième d'une famille qui compte quatre garçons et deux filles. Elle passe les dix-neuf premières années de sa vie à Marseille et a toujours gardé le souvenir d'une enfance très difficile matériellement mais joyeuse. Régine Pernoud a, très tôt, une grande soif de connaissances. Après avoir obtenu sa licence de lettres à Aix en 1929 afin de pouvoir intégrer l'École nationale des chartes, elle devient préceptrice dans une famille. Dans le même temps, elle passe un doctorat de lettres en Sorbonne ; sa thèse, Les Statuts municipaux de Marseille, édition critique du texte du XIIIe s., sera publiée en 1949. Après sa sortie des Chartes en 1933, elle dut attendre quatorze ans avant d'avoir un poste ! Elle effectue alors toutes sortes de travaux, travaille comme répétitrice, classe des fonds d'archives pour des particuliers. Après la guerre, elle suit l'enseignement de Georges-Henri Rivière lors de ses études de muséologie au Louvre. Enfin, en 1947, Régine Pernoud est nommée conservateur du musée de Reims. On lui propose ensuite le poste de conservateur du musée de l'histoire de France qu'elle accepte en 1949, et elle restera aux Archives nationales jusqu'à sa retraite. En 1974, à la demande d'André Malraux, elle fonde le Centre Jeanne d'Arc à Orléans dont elle sera la directrice jusqu'en 1987. Elle y a rassemblé, sur microfiches, le plus grand nombre possible de textes du xve siècle ainsi que toute une documentation sur Jeanne depuis le Moyen Âge jusqu'à notre époque, le tout classé suivant un procédé numérique facilement utilisable par les lecteurs.

Un des traits frappants de sa personnalité était sa grande curiosité. Ainsi, dans sa jeunesse, elle a voyagé à travers l'Europe dans des trains de nuit, ne pouvant s'offrir le luxe d'une chambre d'hôtel. Ne connaissant rien à la peinture moderne, elle avait accepté de faire une série de conférences sur la peinture contemporaine et allait découvrir un monde nouveau. Elle interviewe Léon Gischia, Alfred Manessier, Pierre Bonnard, Albert Gleizes, Georges Rouault et enfin Henri Matisse qui reconnaît avec elle les correspondances qu'il y a entre l'art médiéval et la peinture moderne. Plus tard, elle rencontre Georges Mathieu avec qui elle partage le même goût pour le Moyen Âge et l'art celtique et la même aversion pour l'esprit bourgeois ! Conservateur du musée de l'histoire de France, elle s'est rendue aux États-Unis pour étudier le système éducatif des musées et l'adapter à son propre musée. Elle a été ainsi un des premiers conservateurs à se faire aider d'un muséographe pour rendre ses expositions plus attractives. Elle fera aussi appel au mécénat d'entreprise pour monter des expositions dont le thème rapproche ses collections et les activités des mécènes.

Après avoir eu aux Chartes la « révélation » du Moyen Âge, Régine Pernoud, pensant qu'elle devait mettre ses connaissances au profit de tous, commence à écrire pour le grand public. Son premier livre Lumière du Moyen Âge (1946) est un succès. Dès lors elle ne cessera d'écrire sur cette période. Pour elle qui avait été baignée d'histoire romaine dans son enfance, l'avènement du christianisme apportait une véritable révolution pour la condition féminine ; la femme qui n'était pas « objet de droit », devient l'égale de l'homme. C'est cette place privilégiée de la femme dans la société médiévale qu'elle a voulu montrer dans ses ouvrages.

Sa découverte de l'épopée de Jeanne d'Arc, aussi déterminante que tardive, se fit en 1953, quand elle se pencha sur le texte du procès en nullité de la condamnation. Jusqu'alors, elle ne voyait dans la libératrice[...]

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Marie-Véronique CLIN. PERNOUD RÉGINE (1909-1998) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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