Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

R-MOLÉCULES ou PROTÉINES RECOMBINANTES

La recombinaison génétique consiste à introduire un gène étranger et à le faire exprimer chez un micro-organisme (bactéries, levure, champignons) dans des cellules d'insecte, de mammifère... ou dans un organisme (plantes, animaux transgéniques). L'expression du gène permet d'obtenir des molécules dites recombinantes, ou r−molécules, qui sont utilisées, dans le domaine de la santé, comme vaccins ou comme médicaments. Pour la préparation de vaccins, le gène recombiné provient de l'agent pathogène et code l'antigène responsable de l'immunisation protectrice. Pour les médicaments, on utilise des gènes d'origine humaine codant des protéines normalement synthétisées par l'organisme, de façon physiologique ou en réponse à des situations particulières. Les médicaments recombinants s'adressent à deux types de pathologies :

– les déficits hormonaux ou bien enzymatiques innés ou acquis, dans le cas desquels les doses utilisées se rapprochent le plus possible des doses physiologiques, car leur emploi est parfaitement spécifique ;

– les pathologies telles que le cancer, les maladies cardio−vasculaires ou les maladies infectieuses sont traitées par des r−molécules à doses relativement élevées. Beaucoup de ces médicaments, comme les immunomodulateurs (interféron, interleukine−2), ont une activité multiple et leurs indications sont de ce fait nombreuses mais d'usage souvent difficile.

Le bénéfice thérapeutique de ces médicaments est évident lorsqu'ils s'adressent à des pathologies pour lesquelles il n'existe pas d'autre traitement. C'est le cas de l'interféron-α, dans le traitement de l'hépatite chronique, et de l'érythropoïétine, pour les anémies liées aux insuffisances rénales, palliées jusqu'alors par des transfusions.

Lorsque les médicaments recombinants viennent se substituer à des médicaments identiques, mais obtenus auparavant par extraction à partir de tissus animaux (insuline obtenue à partir de pancréas de porc ou de bovin) ou de tissus humains (vaccin contre l'hépatite à partir du plasma de donneurs, hormone de croissance à partir d'hypophyses prélevées sur des cadavres), les r−molécules offrent une plus grande sécurité. En effet, les produits obtenus à partir de tissus humains peuvent être contaminés par des virus (par exemple, la maladie de Creutzfeldt-Jakob provoquée par des somatotropines d'extraction). On peut contester cet avantage étant donné les progrès importants réalisés ces dernières années dans les techniques de purification. Toutefois, grâce à leur production en fermenteur, les r−molécules garantissent un approvisionnement quasi illimité.

Les possibilités thérapeutiques des médicaments d'addition (tPA, interférons, interleukine, facteurs de croissance hématopoïétique), qui s'adressent à des pathologies pour lesquelles il existe déjà des traitements, doivent faire l'objet de procédures d'évaluation qui sont très laborieuses et largement dépendantes des enjeux commerciaux liés aux rivalités des grandes firmes de l'industrie pharmaceutique.

Issus d'une recherche de pointe, protégés par des brevets, les médicaments recombinants sont très coûteux. Comment, avec leurs ressources limitées, les systèmes de santé vont−ils pouvoir faire face à de tels coûts ? Il va de toute façon falloir tester les thérapeutiques dans le cadre d'essais rigoureux et accepter une discipline dans la prescription de ces médicaments. Il va falloir aussi leur trouver un prix qui soit suffisamment incitatif pour l'industrie pour qu'elle continue sur la voie du progrès et qu'il soit suffisamment modéré pour que la société l'accepte. Ce problème n'est pas uniquement celui des médicaments issus des biotechnologies, mais il se pose, pour eux,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur scientifique à la fondation Mérieux

Classification

Pour citer cet article

Betty DODET. R-MOLÉCULES ou PROTÉINES RECOMBINANTES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTICORPS MONOCLONAUX

    • Écrit par Michel MAUGRAS, Jean-Luc TEILLAUD
    • 2 137 mots
    ... en un grand nombre de copies, puis sont libérés sous forme de particules virales comportant un assemblage de protéines virales entourant cet ADN. On peut introduire dans le génome des phages des séquences d'ADN codant les anticorps, de telle façon que ceux-ci se retrouvent joints au domaine N-terminal...
  • BACTÉRIOLOGIE

    • Écrit par Jean-Michel ALONSO, Jacques BEJOT, Michel DESMAZEAUD, Didier LAVERGNE, Daniel MAZIGH
    • 18 329 mots
    • 11 médias
    Un pas décisif a été franchi lorsqu'on a obtenu la production de protéines humaines par des bactéries dont le génome « naturel » ne possédait pas l'information génétique adéquate. Le premier polypeptide humain synthétisé par une bactérie fut la somatostatine, une hormone hypothalamique....
  • GÉNOMIQUE - Théorie et applications

    • Écrit par Louis-Marie HOUDEBINE
    • 4 042 mots
    Les organismes vivants peuvent être reprogrammés pour synthétiser des protéines qui leur sont étrangères et que l'on qualifie alors de recombinantes. Celles-ci peuvent servir à des études de laboratoire ou être utilisées dans les domaines médical et pharmaceutique. Les premières protéines recombinantes...
  • GÉNOMIQUE - La transgenèse

    • Écrit par Pascale BRIAND
    • 7 302 mots
    • 2 médias
    ...des modifications importantes (glycosylation, clivage protéolytique, phosphorylation...) pour adopter leur conformation terminale et devenir actives. Or on sait utiliser la machinerie bactérienne pour produire des protéines en grande quantité. Mais les bactéries ne peuvent correctement effectuer...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi