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QUEIRÓS JOSÉ MARIA EÇA DE (1845-1900)

Queirós est l'un des écrivains portugais qui, entre 1865 et 1885, se sont dressés contre l'establishment, contre leurs aînés et contre le culte de la tradition. Ils étaient internationalistes, républicains, socialistes, violemment anticléricaux et quelquefois athées. On les regroupa sous le nom de génération de soixante-dix : c'est, en effet, entre 1865 et 1885 qu'ils écrivirent leurs œuvres les plus virulentes. Ensuite, pour la plupart, ils modérèrent leurs attaques. L'un d'entre eux, Teófilo Braga, fut président de la République après la révolution de 1910. Queirós devint le plus grand romancier portugais de son temps et peut-être de tous les temps. Son influence fut énorme non seulement au Portugal, mais encore dans l'ensemble du monde ibéro-américain. Ses principaux romans sont traduits dans toutes les langues. Et le temps paraît donner raison à Valery Larbaud, pour lequel cet auteur est « un des grands romanciers européens du xixe siècle ».

De la révolte à la carrière officielle

Né à Póvoa de Varzim de parents non mariés, Eça de Queirós fit ses études de droit à l'université de Coimbra. Il fut un étudiant médiocre. Licencié, il s'établit à Lisbonne, fréquentant les milieux de la bohème et de la littérature, et commença à publier dans les journaux de la capitale des chroniques et des esquisses remarquables par leur cabotinage. Comme le succès ne venait pas, il changea de ville : en 1867, il dirigeait à Evora un journal local ; en 1870, il exerçait la magistrature à Leiria. La vie de province, le pouvoir du clergé à Leiria l'impressionnèrent. La lecture des auteurs étrangers, notamment français, et les voyages lui semblaient être les seuls antidotes à la mesquinerie qui l'étouffait. Un protecteur l'avait emmené en Égypte en 1869 ; en 1872, Queirós fut nommé consul du Portugal à Cuba. La carrière consulaire le mena successivement à Newcastle, à Bristol et, enfin, à Paris (1888). Deux romans réalistes l'avaient hissé au tout premier plan de la littérature portugaise : La Faute de l'abbé Amaro (O Crime do padre Amaro, 1876) et Le Cousin Basile (O Primo Basílio, 1878). S'étant fait un nom et une carrière, il se lia à l'aristocratie terrienne de son pays en épousant, en 1886, la sœur de son vieil ami et protecteur, le comte de Resende.

Le roman Les Maia(Os Maias, 1888), peut-être son chef-d'œuvre, montre comment le doute et l'hésitation, la compréhension et la tolérance, le pessimisme succèdent chez Queirós à ce dépit salutaire qui se traduisait auparavant en attaque impétueuse. Cette évolution se manifeste par des symptômes encore plus flagrants : le roman La Faute de l'abbé Amaro, s'il gagne en équilibre à travers trois versions successives, perd chaque fois en agressivité. Un an après la parution des Maia, Queirós fonde la Revista de Portugal qui cherche à fixer l'image de marque de son pays.

Queirós vit alors entre Paris et Lisbonne, et sa santé est mauvaise. Un roman, La Correspondance de Fradique Mendes (A Correspondencia de Fradique Mendes), révèle des préoccupations nouvelles : culte du moi, définition d'un homme exceptionnel, capable de tout comprendre mais incapable de s'engager. Il aura encore le temps de prêcher l'abandon de la politique et des jeux électoraux, de prôner la fertilisation de l'Afrique, considérée comme une dépendance de l'Europe (A Ilustre Casa de Ramires, 1897). Il meurt à Paris sans avoir achevé de revoir les épreuves de son dernier roman, La Ville et les montagnes (A Cidade e as serras), dans lequel il fait, à gros traits, la satire de l'Université et surtout de la bourgeoisie française et conseille le retour au terroir de l'homme déraciné.

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Pour citer cet article

António COIMBRA MARTINS. QUEIRÓS JOSÉ MARIA EÇA DE (1845-1900) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LES MAIA, José-Maria Eça de Queirós - Fiche de lecture

    • Écrit par Bernard SESÉ
    • 1 028 mots

    Œuvre majeure de l'écrivain portugais José-Maria Eça de Queirós (1845-1900), le roman intitulé Les Maia (Os Maias, Episódios da vida romántica), fut publié en 1888, à Porto. Il semble avoir été le point de départ et le prétexte d'une critique sociale acerbe du Portugal de la...

  • PORTUGAL

    • Écrit par Roger BISMUT, Cristina CLIMACO, Michel DRAIN, Universalis, José-Augusto FRANÇA, Michel LABAN, Jorge MORAÏS-BARBOSA, Eduardo PRADO COELHO
    • 39 954 mots
    • 24 médias
    ...d'idées européens. Les personnalités de ce groupe, le poète Antero de Quental, le polygraphe et critique littéraire Teófilo Braga, le romancier Eça de Queirós, l'historien Oliveira Martins, ne suivront pas un même itinéraire spirituel. Antero do Quental (1842-1891), auteur des Primaverasromânticas...

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