PRÉVENTION DU PALUDISME
- 1. Le paludisme : une maladie liée à un écosystème complexe
- 2. Une logique binaire du contrôle du paludisme peu efficace
- 3. Se débarrasser des Plasmodiumpour lutter contre le paludisme
- 4. Tuer les anophèlespour se débarrasser du paludisme
- 5. Nécessité d’une approche multipolaire d’un écosystème pathogène
- 6. Bibliographie
- 7. Sites internet
Tuer les anophèlespour se débarrasser du paludisme

Une ferme dans les marais pontins (Italie, au sud de Rome)
E. Brumpt
Une ferme dans les marais pontins (Italie, au sud de Rome)
Sur ce cliché pris en octobre 1925 se trouvent regroupés tous les paramètres d'une zone fortement…
E. Brumpt
La destruction d’un nombre suffisant d’anophèles constitue l’autre volet logique simple de la lutte contre le paludisme. De nombreuses méthodes ont été proposées, fondées pour la plupart d’entre elles sur la gestion des eaux stagnantes nécessaires à la ponte et l’éclosion des larves d’anophèles. Les plus connues sont le drainage des zones humides, l’assèchement partiel ou total des zones palustres. Mises au point surtout pour gagner des terres agricoles, ces stratégies sont une valeur préventive difficile à apprécier. Par exemple, la politique de grands travaux hydrauliques en Italie entreprise de 1920 à 1940 (dans le cadre de la « bonification intégrale ») n’a eu qu’une efficacité limitée, en tous cas sans commune mesure avec les investissements financiers consentis.
Une autre manière de tuer l’anophèle est d’utiliser des insecticides. Avec l’emploi du DDT (dichloro-diphényl-trichloroéthane) pendant la Seconde Guerre mondiale et jusque vers 1965, on a pu croire à une victoire proche contre le paludisme. Le DDT puis d’autres pesticides ont été utilisés à grande échelle pour se débarrasser des anophèles adultes et de leurs larves. Les insecticides sont certainement à l’origine de l’éradication du paludisme en Méditerranée. Mais la résistance aux insecticides qui se développe rapidement, leur effet non spécifique et leur toxicité au long terme sur la faune, en ont vite limité l’utilisation ou plutôt ont contraint à multiplier l’usage d’insecticides différents. Les services de santé rencontrent, pour contrôler les populations d’anophèles, les mêmes difficultés que les agriculteurs avec les insectes ravageurs des cultures : il n’y a pas de méthode simple pour en venir à bout.

topimages/ shutterstock
Les poissons, qui font leur ordinaire de larves de moustiques, sont utilisés depuis les années 1920…
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Peut-on agir efficacement sur l’écosystème pour perturber la biologie des anophèles ? La lutte biologique contre les moustiques connaît un regain de faveur depuis les années 1990 avec l’utilisation de petits poissons, les Gambusia en particulier, qui sont friands des larves et des pupes d’anophèle. Cette stratégie n’est pas nouvelle puisque cette espèce de poissons, originaire d’Amérique du Nord, avait été inscrite dès 1919 sur la liste des agents antipaludéens par le département américain de l’agriculture puis immédiatement introduite en Europe (d’abord en Espagne puis en Italie et en Corse) par la fondation Rockefeller. Les résultats obtenus avec ces poissons, tels qu’ils ont été publiés avant 1928, auraient été remarquables et rapides. En l’absence de prédateurs, les Gambusia prolifèrent et dévorent les larves et les pupes de diptères à la surface de l’eau. Selon les scientifiques de la fondation Rockefeller de l’époque, une décroissance des cas nouveaux de paludisme a été observée dans les zones ensemencées, les cas anciens étant traités par la quinine. Le commerce des Gambusia a été très actif jusque vers 1940, ce qui suggère l’efficacité de ces poissons, sans pour autant que l’on dispose d’études scientifiques quantifiées à ce propos. Sur cette base un peu incertaine et passé le triomphe du DDT ainsi que les médiocres résultats de la prophylaxie chimique, l’usage de Gambusia a semblé logiquement efficace, permanent, peu coûteux et « respectueux de l’environnement ». Il a donc repris de la vigueur depuis le début des années 1990. Ces poissons ont été introduits dans différents pays parmi les plus pauvres, et des résultats rapportant la décroissance du nombre d’anophèles et la réduction des cas nouveaux de paludisme ont été publiés. Ces résultats prometteurs sont-ils fiables ? Un autre article de la Collaboration Cochranede Liverpool, également publié en décembre 2013, souligne l’intérêt potentiel de la méthode mais conclut que les résultats publiés présentent un très faible indice de confiance. Cette étude[...]
- 1. Le paludisme : une maladie liée à un écosystème complexe
- 2. Une logique binaire du contrôle du paludisme peu efficace
- 3. Se débarrasser des Plasmodiumpour lutter contre le paludisme
- 4. Tuer les anophèlespour se débarrasser du paludisme
- 5. Nécessité d’une approche multipolaire d’un écosystème pathogène
- 6. Bibliographie
- 7. Sites internet
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris-VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
Classification
. In Encyclopædia Universalis []. Disponible sur : (consulté le )
Médias

Méthodes de prévention du paludisme
Encyclopædia Universalis France
Méthodes de prévention du paludisme
Pour se prémunir du paludisme, on dispose de deux groupes de méthodes. La chimioprophylaxie repose…
Encyclopædia Universalis France
Voir aussi
- ANOPHÈLE
- PLASMODIUM
- INSECTICIDES
- QUINQUINA
- DDT (dichloro-diphényl trichloréthane)
- RÉSISTANCE, biologie
- VECTEUR, infectiologie et parasitologie
- SANTÉ DANS LE MONDE
- MÉDECINE HISTOIRE DE LA
- MALADIES TROPICALES
- ANTIPALUDÉENS MÉDICAMENTS
- DRAINAGE
- MÉDECINE PRÉVENTIVE ET PRÉVENTION MÉDICALE
- PIQÛRES D'INSECTES
- MOUSTIQUAIRE
- ARTÉMISININE
- GAMBUSIA
- GRASSI GIOVANNI BATTISTA (1854-1925)
- CELLI ANGELO (1857-1914)
- SWELLENGREBEL NICOLAAS H. (1885-1970)