Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PRANG

Terme dérivé du sanskrit prāṅga (sorte de tambour), qui désigne dans l'architecture religieuse de Thaïlande un type particulier de tour sanctuaire. Enfermant des reliques comme le stūpa, le prang comporte en outre une cella à laquelle on peut accéder. En principe, sa structure est identique à celle du prasat kmer (prasat, sanskrit prāsāda, conserve en Thaïlande son sens primitif de palais, de temple) : tour sanctuaire de plan carré couverte d'une haute toiture constituée d'une succession d'étages fictifs en gradins. Le prang est en réalité un édifice plus élaboré, adapté à la religion bouddhique et au culte des reliques ; apparenté au sanctuaire khmer, il n'en dérive pas directement. Construit en brique ou en latérite, décoré de stuc, de plan fortement redenté, il se dresse sur un haut soubassement pyramidal et comporte une toiture très développée aux nombreux gradins s'inscrivant dans un volume cylindro-ogival. La cella, à laquelle on accède par un escalier long et raide, est généralement précédée d'un avant-corps plus ou moins développé. Dans la maçonnerie du soubassement sont ménagées les chambres reliquaires privées de tout accès (Ayuthya : Wat Rājapūraṇa, 1424). Le prang caractérise l'architecture des périodes d'Ayuthya et de Bangkok ; sa présence jalonne même, sauf dans la péninsule demeurée fidèle à la tradition locale, l'expansion du royaume d'Ayuthya (spécialement dans le royaume de Sukhothai, après son annexion en 1438) : prang de Chalieng et de Phitsanulok. Type d'édifice réservé aux monastères les plus importants des cités (le plus souvent nommé Wat Mahathat, monastère de la « Grande Éminente, Suprême Relique »), le prang poursuit son évolution jusqu'à nos jours, marquée par l'étirement de la silhouette générale et par l'hypertrophie de la toiture. Il peut être flanqué ou cantonné de tours secondaires qui ont pris une importance particulière dans l'art de Bangkok (Thonburi : Wat Arun, prang fondé en 1842, haut de 67 mètres ; Phetburi : Wat Pra Mahathat, prang reconstruit dans le deuxième quart du xxe s.).

— Jean BOISSELIER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite des universités (Paris-III), ancien membre de l'École française d'Extrême-Orient

Classification

Pour citer cet article

Jean BOISSELIER. PRANG [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LOPBURI

    • Écrit par Jean BOISSELIER
    • 447 mots
    • 1 média

    La ville de Lopburi (à 130 km au nord de Bangkok), qui a donné son nom à l'école khmérisante, et authentiquement khmère, de Thaïlande, est située à la bordure nord-est du Delta, presque à la limite de la zone inondée, situation privilégiée qui a permis son occupation continue depuis...

  • THAÏLANDE

    • Écrit par Jean BOISSELIER, Achille DAUPHIN-MEUNIER, Universalis, Christian LECHERVY, Christian TAILLARD, Solange THIERRY
    • 24 730 mots
    • 17 médias
    ...élaborée à Phimai et origine du style d'Angkor Vat va triompher. Alors que le style du Bayon ne connaît aucun succès, c'est elle qui donne naissance au prang (Phra Si Ratana Mahathat de Lopburi, fin xiiie s.) qui, avec son plan fortement redenté, son très haut soubassement pyramidal et sa toiture en ogive,...

Voir aussi