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PLANTU (1951- )

Le nom de Plantu est définitivement associé au journal Le Monde, où il révèle, à la une, sa vision non conformiste du politique. Sa vocation ne s'est pourtant pas imposée d'emblée, contrairement à la plupart des autres grands noms de la profession. Le baccalauréat en poche, Jean Plantureux – né le 23 mars 1951 à Paris – passe du lycée Henry-IV à la faculté de médecine, qu'il quitte pour suivre des cours de bande dessinée à Bruxelles avant de se retrouver vendeur aux Galeries Lafayette, au rayon bois blanc. Néanmoins, dès le début des années 1970, il propose quelques dessins à différents magazines dont Bonne Soirée, Pariscope, 20 Ans. Lecteur passionné du Monde, il y publie son premier dessin le 30 octobre 1972. Il est alors également présent dans Le Monde diplomatique, Terre des hommes, Croissance des jeunes Nations, L'Étudiant. Ce n'est qu'en 1985, avec l'arrivée d'André Fontaine à la direction du Monde, que le dessin d'humour s'impose à la une du quotidien. Dans l'univers des faits, le dessin de presse apporte une lisibilité et une logique dont Plantu a su créer une syntaxe à la fois simple et très efficace : la lecture humoristique résulte de la collision de deux champs sémantiques appliqués à l'événement politique. Ainsi par exemple, le dessin du 29 mai 1985 évoque la tragédie de la Coupe d'Europe de football au stade du Heysel à Bruxelles, où 38 personnes trouvèrent la mort et 140 furent blessées ; retransmis par la télévision dans un Beyrouth en ruines, ce spectacle suscite de l'un des combattants en armes la remarque suivante : « Mais où vont-ils chercher toute cette violence ? ». Qu'il s'agisse d'images connues (la vague d'Hokusai sur laquelle surfe un skieur des jeux Olympiques de Nagano) ou de formules familières (« Passe ton bac d'abord ! » clament des parents désemparés en réponse aux attentes humanitaires de leur enfant), cette juxtaposition hétérogène engendre une signification incongrue et néanmoins pertinente. Si la recette semble facile, elle n'explique cependant pas le large succès de Plantu. Bien conscient du pouvoir qu'il détient en raison même de l'influence du lectorat du journal sur la vie politique, le dessinateur constate : « Je profite de l'image du Monde. La force de mon dessin, c'est qu'il est entouré de gris et de sérieux ».

Le dessin de Plantu n'a jamais la cruauté de la caricature ; des choix idéologiques tiers-mondistes, un vision bon enfant du quotidien dispensent une naïveté généreuse qui entraîne l'adhésion des hommes (et des femmes) de bonne volonté, comme des adolescents qui l'apprécièrent dans ses dessins pour Record (1979-1980) et surtout Phosphore (de 1980 à 1987). Cette célébrité de Plantu dans la presse s'est accompagnée d'une plus grande popularité quand il participa à l'émission de télévision « Droit de réponse » de Michel Polac. Une occasion de mesurer jusqu'où l'insolence peut aller trop loin et entraîner la suspension du programme par le propriétaire de la chaîne en septembre 1987. L'hebdomadaire des médias Communications & Business le désigne journaliste de l'année 1987. Il reçoit un an plus tard le prix Mumm et le grand prix de l'Humour noir pour son livreWolfgang, tu feras informatique. En 1991, le prix du Reportage est attribué au film qu'il réalise avec Yasser Arafat. Ce dernier avait accepté le défi de Plantu et dessiné devant la caméra les drapeaux palestinien et israélien de chaque côté d'une ligne de partage. Un dessin qui, paraphé ensuite par Shimon Peres, le ministre israélien des Affaires étrangères, prit une épaisseur historique inhabituelle à l'heure où s'engageaient des négociations de paix au Proche-Orient.

Depuis 1978, date[...]

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Nelly FEUERHAHN. PLANTU (1951- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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