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PHYSIQUE Physique et informatique

La révolution informatique est de nature technologique. Les physiciens sont associés à toutes les étapes de son développement. Les technologies incorporées dans les premiers ordinateurs avaient été inventées pour les besoins de la recherche en physique nucléaire. Le convertisseur analogue-digital, les systèmes de stockage de l'information ou les premiers modules digitaux furent développés pour des systèmes de mesures dédiés. Sans rappeler la liste des contributions clés des physiciens dans les domaines de l'électronique, des transistors et des circuits intégrés, il est évident que les progrès de la physique du solide sous-tendent la miniaturisation constante des microprocesseurs. La physique atomique joue un rôle croissant au fur et à mesure que les limites quantiques sont approchées.

Corollairement, la modélisation numérique des problèmes de physique induit de nombreux développements dans l'architecture des ordinateurs. Le calculateur vectoriel a été conçu par Cray spécifiquement pour la simulation numérique. La physique nucléaire et la physique des particules ont contribué au développement initial des systèmes graphiques. Les besoins de la physique des hautes énergies concernant le traitement du signal observé dans les accélérateurs de particules sont un aiguillon constant dans le développement du parallélisme.

Les physiciens ont aussi été associés à l'essor des réseaux de communication entre ordinateurs. Les grands projets de recherche ont suscité des collaborations internationales qui ont dû élaborer des protocoles d'échanges de données et de messageries à travers le réseau Internet. Ce dernier s'est d'abord développé comme une interconnexion de nombreux réseaux académiques à travers le monde. Cependant, l'expansion du réseau Internet ne s'est produite qu'après l'invention d'un protocole hypertexte, qui permet d'échanger les informations de manière interactive. Remarquons que la vitesse de la lumière, la taille de la Terre et le temps de réaction du cerveau humain s'accordent précisément pour permettre cette interactivité à l'échelle planétaire. Cette innovation fut produite au Cern, le Laboratoire européen pour la physique des particules de Genève, pour répondre aux exigences de partage d'information en temps réel des centaines de collaborateurs impliqués dans chaque expérience de physique des hautes énergies. D'autres physiciens proposèrent alors la création de banques d'archivage sous forme électronique des prépublications scientifiques pour les rendre instantanément, et gratuitement, consultables en ligne. Ce moyen de dissémination de l'information scientifique fut très vite adopté par l'ensemble des chercheurs. Ce bouleversement ne fait que préfigurer ceux que provoque la mondialisation du réseau Internet.

Réciproquement, les avancées technologiques changent la nature des problèmes abordés avec les ordinateurs par les physiciens. Les ordinateurs aidèrent d'abord à la conception des armes atomiques. Ils furent ensuite utilisés pour la prévision météorologique et dans la conception aérodynamique. Progressivement, ils ont envahi une myriade de domaines scientifiques et il est maintenant difficile d'en trouver un qui ne soit pas touché par la modélisation numérique. Mentionnons aussi la généralisation de l'utilisation des programmes de calcul symbolique dont le développement est devenu une branche des mathématiques. Les changements peuvent être radicaux quand certains seuils de puissance de calcul sont franchis. La puissance des ordinateurs est devenue telle qu'il est possible de simuler des systèmes physiques de manière très semblable à une approche expérimentale. Si bien que, dans beaucoup d'applications, la simulation numérique va de pair avec la théorie et l'expérience. Nous allons d'abord exposer la raison d'être de[...]

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Pour citer cet article

Claude ROIESNEL. PHYSIQUE - Physique et informatique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PARTICULES ÉLÉMENTAIRES

    • Écrit par Maurice JACOB, Bernard PIRE
    • 8 172 mots
    • 12 médias

    Les physiciens poursuivent l'étude de la structure de la matière dans le but de trouver plus d'unité et de simplicité dans un monde qui nous frappe par sa diversité et son apparente complexité. N'est-il pas remarquable de pouvoir ramener la variété quasi infinie des objets qui nous entourent...

  • ACTION & RÉACTION, physique

    • Écrit par Jean-Marc LÉVY-LEBLOND
    • 1 498 mots

    C'est avec la troisième loi de Newton (1642-1727) que le mot « action » entre dans le vocabulaire scientifique, avec un sens à vrai dire assez ambigu. Il s'applique à la dénomination de la force exercée par un corps sur un autre, la loi en question affirmant alors qu'elle est toujours égale à la force...

  • ANTIMATIÈRE

    • Écrit par Bernard PIRE, Jean-Marc RICHARD
    • 6 931 mots
    • 4 médias

    L'antimatière exerce une certaine fascination : le grand public, les lecteurs de revues scientifiques et même les spécialistes ont un peu le vertige à l'énoncé de ses propriétés. En effet, si 1 gramme d'antimatière était mis en contact avec 1 gramme de matière ordinaire, il se produirait une annihilation...

  • ARISTOTÉLISME

    • Écrit par Hervé BARREAU
    • 2 242 mots
    • 1 média
    ...d'Elée sur l'impossibilité du mouvement. Cette réfutation était importante dans la perspective d'Aristote qui voulait accorder un statut scientifique à la physique, dont il faisait une science plus haute que les mathématiques puisqu'elle portait sur la substance mobile, et non, comme ces dernières, sur la...
  • Afficher les 115 références

Voir aussi